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Se rebeller contre Trump, c'est une chose mais que peuvent vraiment développer les géants de la tech contre le dérèglement climatique ?
©JIM LO SCALZO / POOL / AFP

Faites ce que je dis...

Les patrons des grandes entreprises de la tech montent au créneau contre Donald Trump. Mais peu de chances qu'ils aient été subitement frappés par une conscience écologique.

David Fayon

David Fayon

David Fayon est responsable de projets innovation au sein d'un grand Groupe, consultant et mentor pour des possibles licornes en fécondation, membre de plusieurs think tank comme La Fabrique du Futur, Renaissance Numérique, PlayFrance.Digital. Il est l'auteur de Géopolitique d'Internet : Qui gouverne le monde ? (Economica, 2013), Made in Silicon Valley – Du numérique en Amérique (Pearson, 2017) et co-auteur de Web 2.0 15 ans déjà et après ? (Kawa, 2020). Il a publié avec Michaël Tartar La Transformation digitale pour tous ! (Pearson, 2022) et Pro en réseaux sociaux avec Christine Balagué (Vuibert, 2022). 

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Tim Cook, Elon Musk ou encore Mark Zuckerberg sont montés au créneau après la décision de Donald Trump de sortir des accords de Paris. Mais que peuvent faire les leaders des entreprises de la tech pour impacter sur le réchauffement climatique ? 

David Fayon : D'abord un chiffre. Depuis 2103 en matière d'émissions de CO2 la pollution qu'engendrait le trafic aérien mondial, 4% des émissions totales a été dépassée par la pollution informatique qui est aujourd'hui de l'ordre de 6%. C'est pour cela que c'est un sujet stratégique et que les GAFA (Google Apple Facebook Amazon) notamment optimisent l'emplacement des datacenters (centre de stockage des données). Au même titre que pour les lancements de fusées il est intéressant d'être plus proche de l'équateur car l'attraction terrestre est inférieure par rapport à d'autres parties du globe.

Plus précisément sur les datacenters (possédés généralement par les grandes firmes de la tech), comme il est nécessaire de refroidir ces installations, il est judicieux de les placer près des pôles pour optimiser les différentiels énergétiques. C'est pour cela que beaucoup de serveurs de stockages sont localisés en Alaska où sont implantés Google, Facebook, Amazon (et particulièrement sa filiale AWS) qui loue du stockage à d'autres entreprises.

Tout cela participe à la réduction du bilan carbone, sachant que la pollution, ce n'est pas seulement le réchauffement climatique, cela comprend aussi le recyclage de devices, téléphones, ordinateurs… qui contiennent des métaux précieux : or, argent, etc. Si ces produits atterrissent dans des décharges, ils vont polluer les nappes phréatiques de manière catastrophique.

N'oublions pas que ces leaders qui montent au créneau contre Trump sont aussi ceux qui appliquent des politiques d'obsolescence programmée, en particulier Apple pour ses produits.

Il y a tout un tas de filière de recyclage, soit dans le secteur formel ou informel en Afrique, en Chine etc pour récupérer les métaux précieux (or cuivre…) mais si on fait cela de manière artisanale, on risque de récupérer que ce qui a de la valeur en faisant passer à la trappe tout ce qui n'est pas financièrement intéressant. Si au contraire,  on se fie à une extraction industrielle, il y a d'ailleurs des entreprises en Belgique, en Suisse qui sont leader en la matière (devant les GAFA) comme l'entreprise Sofies qui travaille en ce sens et fixe des partenariats avec d'autres pays.

Ne sommes-nous pas là en train de faire face à coup de communication plus qu'autre chose ? Surtout en sachant que ces leaders sont  à la tête d'entreprises très coûteuses énergétiquement parlant, voir même écologiquement problématiques au vu de certains composants de  produits qu'elles délivrent par exemple ? 

C'est un coup de communication de la part de ces entreprises. Elles ont un impact écologique qui est significatif avec une pollution engendrée qui est plus ou moins évidente. Tesla, la firme d'Elon Musk avec les batteries au Lithium-Ion ou ses panneaux solaires par exemple, dans ces deux cas, la pollution se fera avant et après la "vie" du produit.

Il y a des entreprises qui arrivent à se réinventer comme HP et leur politique de recyclage des cartouches d'encre mais c'est plus l'Europe qui a cette conscience écologique.

Un citoyen américain pollue bien plus qu'un citoyen européen car les Etats-Unis sont un immense territoire sans pénurie énergétique (beaucoup de ressources fossiles et naturelles) contrairement à la France par exemple qui "n'a pas de pétrole mais a des idées" - et cette prise de conscience hexagonale remonte au premier choc pétrolier en 1973. L'Allemagne pour sa part, frappée par les pluies acides et avec des partis écologistes qui réalisaient de forts scores dans les années 1970 a pris de l'avance en la matière du fait des pressions sur les gouvernements. Et tout une industrie du recyclage a éclos ainsi que par exemple certains équipementiers allemands - je songe à Bosch qui ont eu une aubaine de développement avec le pot catalytique dans les années 1980-1990.

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