Quand les horlogers suisses n’y comprennent rien, quand l’éternité dialogue avec la fatalité et quand le bonheur mesure 19 mm : c’est l’actualité des montres (en temps de crise)… <!-- --> | Atlantico.fr
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Monza : un circuit automobile de légende depuis les années 1920 et un hommage horloger qui souffle quarante bougies rétro-nostalgiques…
Monza : un circuit automobile de légende depuis les années 1920 et un hommage horloger qui souffle quarante bougies rétro-nostalgiques…
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Atlantic-tac

Mais aussi l’équipement de l’été pour ceux qui sentiront bon le sable chaud, le coussin qui nous rejoue les grands airs des années 1970 et le phénomène qui nous change de la rengaine néo-classique…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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TAG HEUER : Les légendes ne meurent jamais…

Tout en s’affirmant « Swiss Avant-Garde since 1860 », la manufacture TAG Heuer surfe allègrement sur la vague de rétro-nostalgie qui restructure les catalogues horlogers de l’année. C’est à qui rééditera plus vite que son ombre. Le tout, c’est d’être toujours à l’avant-garde, même quarante ans après : c’est l’âge de la « nouvelle » Heuer Monza, lancée en 1976 et relancée quasiment à l’identique. C’est vrai qu’elle elle ne fait pas ses quarante printemps, avec son boîtier « coussin » noir, comme à l’origine[les premiers boîtiers coussins remontent chez Heuer à 1925], tout juste légèrement agrandi et passé de 39 mm à 42 mm. Les aiguilles noires et blanches sont conformes à celles de la montre originale. Le mouvement chronographe reprend les deux compteurs de 1976, ainsi que l’échelle « pulsométrique » originelle (pour la mesure du pouls), mais la couronne, qui était placée à gauche, est revenue à droite. On notera que le cadran a repris le nom « Heuer », comme autrefois, avant le TAG (« Techniques d’avant-garde ») ajouté dans les années 1980. Le nom de la montre rend hommage au fameux circuit automobile italien de Monza (ci-dessus), où se déroulaient les Grand Prix d’Italie : ce modèle avait été baptisé ainsi en l’honneur du champion Niki Lauda, pour son premier titre de champion du monde (1976) sous les couleurs de Ferrari dont Heuer était le « chronométreur officiel ». Un vrai concentré de style vintage, au meilleur niveau…

BRISTON : En mission avec ceux qui veulent sentir bon le sable chaud…

Comme tous les ans, à l’approche de l’été, on se cherche la petite montre des vacances, celle qui sera à la fois chic et antichocs, portable en maillot comme en polo et, surtout, pas trop chère pour pouvoir s’offrir quelques suppléments de chantilly avec sa glace. Forcément, on retombe sur… Briston, la jeune marque française qui nous propose cette année une Clubmaster Desert, style baroudeur de charme, pour 180 euros qui ne fâcheront personne – et surtout pas les banquiers. La taille est classique (40 mm), le boîtier en « écaille de tortue » (acétate de cellulose, le matériau de nos lunettes), le mouvement électronique (histoire de s’éviter tout remontage et toute mise à l’heure avant l’année prochaine) et l’étanchéité garantie à 100 m (de profondeur, pas 100 m de la plage !). Les teintes de l’écaille de tortue sont vaguement paramilitaires, le cadran sable chaud fleure bon l’instrumentation militaire et le bracelet kaki interchangeable est lui aussi d’inspiration guerrière, façon Afrika Korps. Ne cherchez plus la montre de l’été : vous venez de la trouver !

SOLOSCOPE : Le demi-million de dollars qui fait la différence…

C’est désormais sur le site de financement collaboratif Kickstarter que se déroulent les meilleurs lancements de montres. Dernier succès (toujours en cours de souscription) : la montre Soloscope, dont les créateurs attendaient un engagement de fonds à hauteur de 50 000 dollars, mais ils ont déjà dépassé le demi-million de dollars de contributions, alors qu’il reste deux semaines pour boucler l’opération. Plus de dix fois la mise ! Il faut dire que, pour 250 dollars (version quartz) ou 350 dollars (version automatique), la tentation est forte : cette Soloscope a tout pour plaire dans ce genre « créatif et accessible » dont Atlantic-tac fait la clé de tout contre-offensive stratégique des montres européennes face aux montres connectées. On aime son affichage insolite de l’heure, déporté à droite du cadran, avec un disque intérieur pour les heures et une aiguille « loupe » pour les minutes, ainsi que le mini-disque des secondes, au centre. On apprécie aussi son double balancier (visible à gauche du cadran) et son boîtier façon Apple Watch, avec une couronne de remontage à 6 h. Une très intéressante montre mécanique, qui n’a rien de suisse, mais qui pourrait en remontrer à beaucoup de marques suisses : quand on s’apprête à flirter avec le million de dollars de souscription, c’est qu’on répond parfaitement à une demande dont les horlogers suisses – qui prennent encore tous leurs clients pour des nouveaux riches asiatiques – n’ont même pas conscience…

DIOR : Le bonheur en 19 mm…

Après des années de « grands » formats, qui prouvaient que les femmes avaient assez de caractère pour se permettre des montres d’hommes, les « petites montres » sont de retour, mais en mode précieux, serti et ornementé. La nouvelle D de Dior Satine nous surprend par l’élégance de ses proportions (en 19 mm, on fait vite chichiteux) et par l’intelligence créative de son bracelet en maille milanaise satinée – c’est une innovation Dior pour créer, au poignet, l’illusion d’un ruban de satin qui serait « tricoté » dans un métal précieux. Cette maille martelée et façonnée à la main conserve une souplesse de tissu tout en captant la lumière comme un bracelet métallique traditionnel. Il existe différentes versions de cette D de Dior Satine (19 mm et 25 mm), en plusieurs nuances de cadrans, dans différents ors et avec de multiples sertissages de diamants, mais la plus mignonne et la plus féminine reste la série des 19 mm. Le D de cette Dior, c’est aussi le De de délicatesse…

ULYSSE NARDIN : L’éternel retour des phénomènes mécaniques…

Un peu décalé dans les collections de la vénérable manufacture Ulysse Nardin, la série des Freak (« phénomène » en anglais) n’a pas fini de nous épater. Aucun rapport entre cette montre FreakWing et les bateaux de l’équipe suédoise Artemis Racing dont elle porte théoriquement les couleurs dans l’America’s Cup : encore un de ces mystérieux parrainages sportifs dont les horlogers suisses ont le secret ! Ce qui compte ici, c’est la capacité disruptive d’une montre qui indique l’heure selon les codes classiques (précision : 02:55 ou 14:55 sur cette image), mais dont l’approche mécanique n’a rien de classique. Pas d’aiguilles, mais un disque pour les heures (ainsi que pour la date, à 4 h). Une flèche qui abrite tout le train de rouages pour les minutes (avec un « tourbillon » qui fait donc le tour du cadran toutes les heures). Des roues et des composants en silicium pour réduire les frottements (sept jours de réserve de marche !), mais aussi du titane pour le boîtier (45 mm) et de la fibre de carbone en prime. Pas de couronne pour le remontage du mouvement, mais un système très astucieux d’ajustement (date, minutes, heures) et de remontage manuel grâce aux doubles « lunettes » débrayables autour du cadran et sur le fond de la montre. Effectivement, on tient là une montre-phénomène, comme on les a tant aimées dans les années 2000 : on l’appréciera d’autant plus que les horlogers commencent à nous bassiner avec leurs montres néo-classiques qui se ressemblent toutes. La FreakWing, c’est du lourd !

SPEAKE-MARIN : Crânement et mécaniquement précieux…

Ancré dans la grande tradition des Memento Mori (« vanités » philosophiques), l’horloger britannique – réfugié en Suisse – Peter Speake-Marin adore jouer avec les crânes. C’est tout juste s’il ne fredonne pas, sur son établi, la chanson médiévale du poète catalan Vermell de Montserrat : « La vie est courte et bientôt prendra fin ;/La mort vient rapidement et ne respecte personne./La mort détruit tout et n’a pitié de personne ». Ses cadrans sont souvent pleins de crânes, mais il associe à ce questionnement sur la brièveté de la vie une riposte grâce la pérennité de l’art et l’éternité du diamant. L’art, c’est ici les crânes gravés sur le cadran, mais aussi l’art mécanique d’un « tourbillon » mécanique de toute beauté (sa rotation toutes les minutes est, en soi, un fascinant mantra pour méditer sur le temps qui fuit, surtout avec la spirale labyrinthique qui lui sert d’arrière-plan). L’éternité, ce sont les 36 diamants remontés à la surface par les feux obscurs de la terre et taillés en baguettes pour chanter la lumière. Cette montre Skull Face to Face Tourbillon est un chef-d’œuvre de finesse horlo-philosophique…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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