Quand le panda se manufacture en France et quand le scaphandrier descend de l’Oural : c’est l’actualité des montres <!-- --> | Atlantico.fr
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Une baroudeuse métallurgique venue de l’Oural post-soviétique (Zlatoust).
Une baroudeuse métallurgique venue de l’Oural post-soviétique (Zlatoust).
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Atlantic-tac

Mais aussi une montre connectée qui vient de se réveiller, une plongeuse urbano-océanique, une classique japonaise pleine de charme, un exercice de mémoire, des enchères assez « marteau » et un bouquet de pierres précieuses…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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BELL & ROSS : Quarantièmes rugissants…

Comme nos lecteurs ont pu le remarquer depuis quelques mois, la maison Bell & Ross élargit son territoire de l’aéronautique militaire [pas très « inspirante » actuellement du fait des événements en Palestine] vers les océans et la terre ferme (auto, moto). Après le deux-roues (Backtrack), voici la BR 03-92 Diver Tara, une édition limitée de 999 pièces qui nous rappelle les liens qui unissent la maison française Bell & Ross et la Fondation Tara Océan (vouée à l’exploration scientifique et à la protection des océans). Cette « plongeuse » professionnelle a été pensée pour les besoins de l’équipage de la goélette d’exploration océanique Tara, confrontés à des conditions extrêmes qui réclament des montres tout aussi extrêmes : boîtier de 42 mm en céramique bleue mat, lunette tournante bleu-orange graduée, mouvement automatique infatigable, lisibilité optimisée des aiguilles et des index, étanchéité à 300 m : sur l’eau ou sous les vagues, un vrai instrument professionnel ! Cette BR 03-92 Diver Tara sera tout aussi portable sur les pontons ou le long des trottoirs de la ville : son originale et très discrète élégance s’accommode des climats urbains aussi bien que des quarantièmes rugissants…

AURICOSTE : Retour en vol…

Née d’une commande de l’Armée de l’air française au début des années 1950 [il s’agissait de remplacer en les copiant les chronographes d’aviation de l’ex-Luftwaffe du Reich, saisis par la France en 1945 au titre des dommages de guerre], les montres Type 20 ont été portées par nos pilotes pendant près de deux décennies. La plus connue de ces Type 20 étant la série des Breguet, ces montres d’aviateur continuent à être collectionnées avec passion et rééditées avec non moins de passion par les marques qui se relancent sur la trace de leurs ainées. Voici donc une Auricoste – marque distinguée comme « horloger de la Marine depuis 1854 », spécialisée dans les horloges et récemment reconvertie dans la montre-bracelet – dédiée à la Type 20, avec un mouvement « retour en vol » (remise à zéro instantanée très utile aux pilotes de la légende aérienne) et un style « panda » deux compteurs qui fleure bon les belles mécaniques de l’âge d’or : cette Flymaster Flyback (boîtier de 39,5 mm, mouvement automatique suisse) ne sera disponible qu’en 50 exemplaires, moyennant 3 450 euros chez Émile Léon, le fameux détaillant parisien – la lunette graduée sur douze autorise l’affichage d’un second fuseau horaire. Appréciez au passage le « Manufacture en France » apposé sur le bas du cadran…

ZLATOUST : Fantastique alliage…

Autant vous prévenir tout de suite, vous aurez du mal à trouver cette marque chez les détaillants français : les ateliers se situent très loin, dans l’Oural russe, à 1 650 km à l’est de Moscou : Zlatoust est le nom d’une ville industrielle de tradition métallurgique dont la marque horlogère éponyme a repris les traditions, l’ancienne fabrique de montres n° 1 de Moscou y ayant été décentralisée pendant la Grande guerre patriotique, en 1941. Naufragée à la chute de l’Union soviétique, la manufacture horlogère a été récemment relancée et elle excelle désormais dans le traitement des métaux, comme le démontre cette montre inspirée par une ancienne montre de scaphandrier de la Marine russe [la couronne-capuchon est vissée, mais déportée à gauche pour ne pas blesser le dos de la main], mais travaillée dans un fantastique alliage damassé d’acier, de titane et de zirconium : chaque montre est absolument unique du fait de ses motifs aléatoires selon les pliures imposées à ces métaux. Attention, ce boîtier monocoque n'est disponible qu’en 46 mm, mais il est étanche à 700 m (prix annoncé : un peu moins de 4 700 euros, mais on peut passer commande en ligne sur le site de la Zlatoust Watch Factory, ZWF)…

TISSOT : Connexion post-connectée…

Tout le monde aura compris que la nouvelle Tissot T-Touch Connect Sport est une réponse du Swatch Group, propriétaire de Tissot, à l’assaut lancé par l’Apple Watch Ultra d’Apple sur les positions occupées par Tissot. La réponse est sympathique et séduisante (nombreuses couleurs), elle est même intelligente avec l’astuce du rechargement solaire du mouvement à quartz [trois mois de réserve de marche annoncée en mode connecté, autonomie infinie en mode montre], mais elle reste à la fois trop tardive, puisque Tissot se réveille quasiment dix ans trop tard pour contrer l’offensive de l’Apple Watch sur l’entrée de gamme et la moyenne gamme [alors que Tissot avait tout pour opposer une concurrence efficace à Apple, le Swatch Group s’est croisé les bras en commettant une erreur stratégique fondamentale], et mal positionnée, puisque la nouvelle T-Touch Connect Sport en donnera beaucoup moins qu’une Apple Watch en matière de santé et d’activité, mais pour un prix nettement supérieur. N’empêche, en 43 mm très portables, c’est une montre sportive de haut niveau, « entraînante » (plein de nouvelles activités vous attendent), endurante (bracelet titane) et innovante, amusante même (bracelet orange) et gentiment polyvalente (compatible iOS, Android et Harmony). Dommage qu’elle ait joué les tortues pour se mettre sur une ligne de départ où le lièvre californien avait depuis longtemps quitté les starting-blocks…

GRAND SEIKO : Charmes imprévus…

Pour les connaisseurs, Grand Seiko (la marque de prestige du groupe japonais Seiko), c’est l’équivalent asiatique de ce que peut représenter Rolex en Europe : la montre statutaire, irréprochable sur le plan de la qualité et intemporelle dans le classicisme de son style. Si elles ne s’appelaient pas Seiko (nom banalisé comme synonyme de montre d’entrée de gamme produite en quantités hyper-industrielles) et si leur distribution n’avait pas été aussi longtemps contingentées sur le seul marché japonais, les montres Grand Seiko auraient depuis longtemps pris des parts de marché à Rolex. C’est ce qu’elles commencent seulement à faire. On peut vérifier la consistance de cette proposition avec la nouvelle série des montres Grand seiko de la collection Elegance : allure discrète (boîtier en acier de 37,3 mm, bracelet en acier à cinq maillons et boucle déployante, verre saphir façon « glass box », cadran argenté métallisé légèrement soleillé, aiguilles impeccable et mouvement à remontage manuel 9S64 (trois jours de réserve de marche) aux performances supérieures à celles des « chronomètres » suisses (moins trois à plus cinq secondes par jour de dérive). Pour 5 800 euros (20 % de moins qu’une Rolex), cette élégante Elegance est pleine de charmes imprévus : ne soyez pas conformiste, oubliez le Seiko et voyez grand. Osez Grand Seiko, vous ne le regretterez pas !

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté

•••• ENCHÈRES HORLOGÈRES : on n’est pas obligé de croire à beaucoup de « records » battus au cours de la récente session d’enchères horlogères à Genève, certaines montres [pas toutes, heureusement] semblant avoir été rachetées dans des conditions assez douteuses qui faussent le bon fonctionnement de ce marché de la collection et qui sapent la confiance que les amateurs peuvent avoir dans les maisons d’enchères… •••• IN MEMORIAM : deux grands témoins de la mémoire horlogère nous ont quittés ces jours-ci. Disparu à l’âge de 95 ans, Charles Piaget avait été le « héros » du combat des employés de Lip contre la liquidation de leur entreprise, en 1973 : cette « affaire Lip », empoisonnée à l’époque par la récupération politique qu’avait pu en faire la gauche et l’extrême-gauche, avait définitivement torpillé ce qui était alors la plus belle manufacture horlogère française [il lui faudra quarante ans pour renaître de ses cendres]. Jörg Bucherer nous a quittés à l’âge de 87 ans : ce visionnaire horloger avait fait de sa petite entreprise familiale le premier distributeur de montres du monde (le réseau Bucherer est aujourd’hui la propriété du groupe Rolex)… •••• GRAND PRIX DE GENÈVE : même si toutes les montres primées cette année le méritaient, le palmarès 2023 récompense, une fois de plus, beaucoup trop de marques déjà récompensées lors des années précédentes [85 % des lauréats l’avaient déjà été dans le passé, certains quinze fois !] et trop peu de marques de nouvelle génération. Ceci à un prix moyen [260 000 euros en moyenne par montre primée !] qui fait douter de la représentativité réelle et de la légitimité de ce prix. On attend avec impatience le palmarès des « montres de l’année » tricolores, organisé en France par MyWatch… •••• BEAUREGARD : Alexandre Beauregard est un des meilleurs horlogers-joailliers du moment, même s’il n’est pas le plus connu des grands noms de ce métier. Ce Canadien francophone de Montréal s’est lancé en 2018 avec un regard très affûté sur les montres de femme et un sens très original de l’esthétique, mais aussi de l’inspiration florale. Il se partage entre son atelier joaillier au cœur de Montréal, son atelier de Genève et les établis de ses partenaires horlogers au cœur du Jura suisse. Entre autres petites merveilles, sa montre « Lili Bouton » est un chef-d’œuvre d’ingénierie joaillière [les pierres sont ajustées à quelques centièmes de millimètre près] et de précieuse fraîcheur stylistique : ce cadran est un jardin fleuri de pierres précieuses en pétale et cerclé de 116 diamants (boîtier de 33 mm et mouvement à quartz suisse). Pas une seule faute de goût dans cette « Lili Bouton » dont la séduction toute en douceur est immédiate pour tous les poignets féminins…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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