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Politique fiction (ou pas) : par quel scénario Marine Le Pen pourrait-elle finir par arriver au pouvoir ?
©Reuters

Le nettoyeur

L'Histoire montre que les pays démocratiques qui sont en dépression économique pendant trop longtemps tendent à porter les extrêmes au pouvoir. Il est tout à fait possible que la France ne fasse pas exception à la règle.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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L'Histoire nous enseigne que les pays démocratiques qui sont en dépression économique pendant trop longtemps tendent à s'adonner aux extrêmes. En Grèce, entre l'Aube dorée et les néo-communistes, les extrêmes étaient à un moment quasi-majoritaires. Est-ce possible en France? Même après les-heures-les-plus-sombres ? Imaginons un scénario...

Le marasme économique et l'insécurité continuent (comment pourraient-ils ne pas ?). Aux prochaines élections présidentielles, le second tour se joue entre un François Hollande exténué et Marine Le Pen. Dans un cas comme celui-là, il n'est pas exclu que Marine Le Pen récolte 40% des suffrages. Si le FN est typiquement à 25%, les sondages permettent de dire qu'avec les "sympathisants", il peut aller jusqu'à 35%. Il existe des millions de personnes qui n'ont jamais voté FN de leur vie mais qui, entre un candidat socialiste et Marine Le Pen, voteraient pour Marine Le Pen.

La crise économique, le chômage, l'absence de charisme de François Hollande, l'abstention à gauche... Oui, les 40% pour Marine Le Pen sont jouables.

Il semble évident que dans un tel cas de figure, la politique française serait complètement transformée. Marine Le Pen deviendrait impossible à diaboliser : on pouvait prétendre qu'un candidat avec 20% des suffrages est illégitime, mais pas un candidat pour qui 40% des français ont voté. Si Marine Le Pen est au second tour et le candidat de l'UMP ne l'est pas, il semble probable que l'UMP, qui ne tient désormais plus qu'à un fil et est en état de guerre civile permanente, exploserait. Dans ce contexte, Marine Le Pen serait le leader naturel de la droite et de l'opposition à un président socialiste absolument à bout de souffle politiquement. Elle aurait 5 ans pour modérer son image. Pour tenir des propos qui "font" droite molle. Pour dire "J'ai changé." Pour réunir des experts et établir un programme de gouvernement d'apparence crédible. Pour aggréger à elle la frange dure de l'ex-UMP et les autres opportunistes. Pour créer un maillage de terrain plus fort pour le FN pour préparer les législatives. Une fois qu'on a voté FN, c'est beaucoup plus facile de le faire une deuxième fois.

Elle n'aurait même plus à dire que le "systéme UMPS" a échoué : ce dernier s'évertue à le montrer jour après jour.

Imaginons que tout cela se passe. Imaginons ces cinq ans d'un pouvoir visiblement épuisé et impotent, avec une Marine Le Pen en leader de l'opposition. Les centristes, pour "faire barrage au FN", enverront trois candidats qui feront 7% chacun. Après tout cela, il est non seulement imaginable que Marine Le Pen soit au second tour. Il est imaginable que, après 10 ans de socialisme, après 12 ans de crise, après 30 ans d'échec des partis de gouvernement, les Français décident, enfin, de voter pour "l'alternance".

Pourquoi raconter ce scénario ? D'abord parce que c'est clairement celui que Marine Le Pen a en tête. Il semble clair que Marine Le Pen veut gouverner, contrairement à son père. Ensuite parce que personne ne parle de ce scénario, alors qu'il me semble parfaitement imaginable. Et, enfin, surtout, pour tirer un coup de feu d'alerte. Les partis de gouvernement jouent avec le feu. Ils jouent avec notre démocratie. Ils jouent avec notre avenir. Il serait peut être temps, un peu, de se mettre au service des Français.

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