Petit rappel des règles élémentaires d'investissement dans un univers perturbé par les politiques économiques non conventionnelles<!-- --> | Atlantico.fr
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Aux Etats-Unis la poursuite de la hausse du dollar pourrait faire ralentir l’activité de l’économie US.
Aux Etats-Unis la poursuite de la hausse du dollar pourrait faire ralentir l’activité de l’économie US.
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Revue d'analyses financières

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Cela fait des mois que nous sommes en terrain inconnu. Il y a d’un côté les "sachant", ceux qui ne font que regarder l’action des banques centrales et qui en concluent que l’injection massive de liquidités ne peut que profiter aux actions, puisqu’avec des taux d’intérêts à zéro, il n’y a pas d’autre alternative que de prendre des risques. Au fur et à mesure que les marchés montent, ils prennent en effet de plus en plus de risques.

En face, il y a ceux qui souhaitent utiliser les règles de base de l’investissement, et qui refusent l’idée que "cette fois la situation est différente". 

L’examen des grands indicateurs macro économique se présente de la façon suivante :

L’inflation a totalement disparu des radars alors que des quantités impressionnantes de liquidités sont envoyées dans les économies par les banques centrales.

L’explication se trouve dans la baisse de la vélocité de la monnaie qui ne cesse de baisser. Même si la baisse des prix ne signifie pas automatiquement de la déflation, la situation est préoccupante…

La liquidité internationale a toujours été alimentée par le déficit courant américain, puisque le dollar est la plus grande monnaie de réserve pour le commerce international. Là encore, elle est en train de se réduire.  Les banques centrales qui ont déposé des dollars à la Federal Reserve sont obligées d’en vendre. Le dollar se raréfie. Rappelons que la quasi totalité des fortes baisses de marché s’est produite avec une balance des comptes courants américains qui s’améliorait…

Dans cet environnement le dollar peut à tout moment exploser à la hausse. Rappelons les périodes 1982-1985 où le monde entier ayant emprunté en dollars devait les racheter (l’Euro est passé de 0,75 à 1,58 $) ; 1995-2002 (de 0,80 à 1,20$). La politique qui a été suivie depuis 2002 pourrait absolument conduire au même résultat.

En terme de valorisation, les obligations américaines sont surachetées. Elles attirent encore tous les investisseurs qui croient à une poursuite de la hausse du dollar. Le marché des actions  américaines  n’est plus bon marché au niveau actuel. Le marché japonais  apparaît toujours comme bon marché d’autant plus que le Yen devrait cesser de baisser.

Il faut concentrer les portefeuilles sur les secteurs qui vont connaître plus de croissance que le reste de l’économie

Au niveau des entreprises la situation est beaucoup moins sombre. Nous vivons dans un monde de rupture permanent  (schumpétérien) qui détruit les entreprises qui ne savent pas s’adapter . Polaroid et Kodak sont morts pour n’avoir pas compris "le film" qui se jouait devant leurs yeux. Leica en Allemagne est par contre toujours là. Des sociétés comme Accor sont menacées par Airbnb etc…

C’est pourquoi la construction d’un portefeuille nécessite un travail de veille permanent. Elle doit aujourd’hui prendre en compte les quatre économies où la croissance sera beaucoup plus forte qu’ailleurs.

1/ L’économie dela démographie qui comprend les thèmes du vieillissement de la population, l’agriculture sous tous ses aspects, la robotique…

2/ L’économie verte avec tous les nouveaux matériaux isolants et les modes de consommation bio, les énergies alternatives (solaire, éolien, hydro, biofuel, hydrogène), l’efficacité énergétique avec le passage du mégawatt au négawatt où le fournisseur paye son client pour consommer moins aux heures de pointe….

3/L’économie de la connaissance avec les thèmes de l’éducation, de l’invasion d’internet dans tous les domaines (« l’ubérisation » de la société), de la finance…

4/ L’économie de la sécurité avec les sociétés de défense, la cyber sécurité, la sécurité automobile, la protection des biens et la lutte contre le terrorisme, l’identification…

Cette démarche permet d’éviter de garder trop longtemps dans les portefeuilles des grandes sociétés qui sont menacées. Cela a été le cas pour les fournisseurs d’électricité en Allemagne (E.ON et RWE) qui ont été mis à genoux par les mesures anti nucléaires prises sous la pression des écologistes et des subventions massives accordées aux fournisseurs d’énergies alternatives. Le coût de la transition énergétique  est de 20Md€ par an à la charge des entreprises. Elles ont déjà fermé 8 réacteurs nucléaires et vont en arrêter 17 autres d’ici 2022.

Ce travail permet d’échapper aux consensus ambiants et surtout d’identifier régulièrement les gagnants de demain.

Aujourd’hui, les compagnies d’assurance allemandes doivent être surveillées comme le lait sur le feu, car elles ont commercialisé des générations de contrat avec des rendements garantis autour de 3% alors que  le bund allemand ne rapporte que du 0,20% On comprend qu’elles puissent être dans une situation difficile.

Surveillez les cours des banques

En Europe, il existe un véritable consensus sur la poursuite de la baisse de l’euro. Pratiquement tout le monde anticipe un euro à parité contre le dollar, alors qu’il était était à 1,40$ il y a un an.

Tous les comités d’investissement ont des discussions sans fin sur le fait de savoir si le QE (politique d’assouplissement quantitatif menée par la BCE) est destiné à recapitaliser les banques européennes et les compagnies d’assurance ou a pour objectif d’organiser une dévaluation compétitive. Si l’on regarde le comportement boursier des banques européennes on peut voir qu’elles ne contribuent pas, en ce moment, à la performance des portefeuilles européens.

Tout le problème est pour eux de savoir s’il faut continuer à privilégier les valeurs cycliques et financières par rapport aux valeurs exportatrices.

L’Amérique se prépare au grand virage monétaire

Aux Etats-Unis la poursuite de la hausse du dollar pourrait faire ralentir l’activité de l’économie US surtout si la Fed remonte ses taux plus rapidement que prévu.

Paradoxalement le vrai danger se trouve dans une très forte progression du dollar s’expliquant par des problèmes de liquidité.

Toutes les sociétés qui sont endettées en dollars et ont des recettes en monnaies locales doivent donc être évitées absolument. Ces sociétés se trouvent notamment au Brésil, en Russie en Afrique du Sud.

En Chine, l’économie a ralenti en janvier pour la quatrième année consécutive. Cela se produit cette année dans un environnement d’inquiétude sur la solidité du système financier et sur la pente de croissance de l’économie. Au total la Chine contribuera moins que d’habitude à la croissance mondiale.

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