De la médecine chinoise à l'hospitalité allemande : la semaine des prix Nobel enflamme les réseaux sociaux <!-- --> | Atlantico.fr
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Youyou Tu, Prix nobel de médecine.
Youyou Tu, Prix nobel de médecine.
©Reuters

Revue de blogs

Les prix Nobel sont toujours des occasions de se réjouir ou de hurler : la semaine s'ouvre avec un Prix nobel de médecine très asiatique, qui va plaire aux femmes, aux partisans de la médecine chinoise, et aux sans-grades, en attendant le prix toujours tumultueux qui fait mentir son nom : celui de la paix.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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C'est la semaine qui fait entrer quelques bienfaiteurs de l'humanité anonymes dans les encyclopédies : William Campbell, Satoshi Ōmura et Youyou Tu ont ouvert ces Prix nobel 2015 avec celui de médecine. La parasitologie, spécialité souvent méprisée car elle travaille surtout sur les maladies qui sévissent dans le sud du monde, est enfin récompensée. Et l'histoire d'une des trois lauréates, Youyou Tu, a tous les ingrédiens d'un formidable roman. Victoire d'une femme, victoire d'une petite main méprisée des mandarins communistes, victoire de la médecine chinoise traditionnelle et d'une plante sur les molécules artificielles. Le fabuleux destin de Mme Tu (écouter ici l'annonce de son prix Nobel, par téléphone) et de l'artémisinine est résumée sur le blog Shanghaiist :

"La dame de 86 ans est célèbre pour avoir découvert l'artémisinine, un traitement très efficace contre la malaria, et par des chemins surprenants. Les recherches de Youyou Tu sur l'artemisinine remontent à un projet militaire chinois secret, connu sous le seul code  523 et directement ordonné par Mao lui-même durant la Révolution culturelle. Son but était de trouver un médicament contre la malaria car elle ravageait les troupes nord vietnamiennes qui combattaient dans les jungles de l'Asie du Sud-Est. Le projet était réparti entre des centaines de scientifiques et chercheurs, dont beaucoup ont été victimes des purges après moins d'un an de vendettas politiques. Youyou Tu (...) a trouvé les réponses que Mao voulait dans des textes anciens chinois. Elle découvrit une mention sur une plante, l'armoise, pour traiter la maladia. Après plusieurs raffinages, l'équipe a mis au point un composé qui attaquait les parasites causant la malaria. Peu satisfaite des tests conduits sur les animaux, Youyou Tu a testé le nouveau médicament sur elle-même. Aujourd'hui, l'artémisinine est un élément clé du traitement de la malaria en Afrique et en Asie. Les experts disent qu'elle a sauvé des millions de vies."

Voici comment l'OMS a salué son prix Nobel : "C'est un grand tribu à la contribution de la communauté chinoise scientifique à la lutte contre la ‪#‎malaria‬... Depuis 2000, plus d'un milliard de traitements à base d'artémisinine ont été administrés aux patients. La chercheuse poursuit actuellement son travail sur l'artémisinine dans un laboratoire de l'Académie de médecine chinoise traditionnelle à Pékin. Elle a été surnommée affectueusement la scientifique-qui-n'a-pas-les trois-diplômes. Mme Tu n'a pas fait de thèse, elle n'a pas étudié à l'étranger et elle n'a pas été invitée à être membre de l'Académie chinoise des sciences. Mais elle a quand même un prix Nobel. C'est déjà quelque chose."  

C'est là que les choses se corsent, comme d'habitude. Cette année, le nom de Angela Merkel est évoqué pour le prix Nobel de la paix, pour avoir ouvert l'Allemagne et l'Europe aux réfugiés. Les Grecs apprécieront. Twitter en a fait une mini-crise d'hystérie, surtout anti-Merkel.

"Qui aurait cru qu'Angela Merkel deviendra une rock star?"commente ironiquement Arnaud Aubron.

L'Institut réputé pour être le meilleur devin, le Peace Research Institute, livre ses pronostics. En cinquième place figure un autre obscur méritant, le docteur Denis Mukwege, surnommé "l'homme qui répare les femmes", titre également d'un documentaire souvent interdit en Afrique qui lui est consacré. Le docteur Denis Mukwege consacre sa vie depuis des années à soigner les femmes victimes de viols de guerre sauvages, en République démocratique du Congo et ailleurs. Eve Bazalba s'écrie sur Twitter, comme des centaines de femmes "réparées" par ce chirurgien. "Prière tenir compte du travail abattu par le docteur Denis Mukwege en RDC! Prix nobel".

Le docteur Mukwege, Photo Association One.

Eve Bazaiba a Retweeté Agence France-Presse

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