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Les océans au menu d'une grande conférence de l'Onu : après l'identification des symptômes, reste à trouver comment appliquer des remèdes
©Flickr/Jeffpro57

Cause commune

Toute cette semaine, les Nations Unies ont organisé la première grande Conférence Océan. Pendant cinq jours, des scientifiques et des personnalités politiques se sont réunies pour définir des objectifs en matière de protection des océans.

Romain Troublé

Romain Troublé

Depuis 2004, Romain Troublé est en charge de la direction opérationnelle des expéditions et est aujourd’hui Directeur Général de la Fondation Tara Expéditions. Il a été régatier professionnel au plus haut niveau avec, notamment, deux participations à la Coupe de l’America pour les défis français en 2000 et 2003 à Auckland. De 2003 à 2006, il travaille pour la société Cerpolex, spécialisé en logistique polaire en Arctique, Antarctique et en Sibérie pour des expéditions sportives, touristiques ou scientifiques ainsi que des découvertes de mammouths congelés.

http://oceans.taraexpeditions.org ​

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Atlantico : Les Nations Unies ont organisé cette semaine une grande conférence Océan. L'objectif annoncé était notamment de discuter des solutions à mettre en oeuvre pour essayer de sauver les océans de la planète. Quelle est la teneur des discussions tenues à l'occasion de cette conférence ? Que peut-elle régler ? A défaut de réussite, cette conférence représente-t-elle un pas dans la bonne direction ?

Romain Troublé :C’est la première fois que tous les pays de la planète se rassemblent pour parler des océans dans leur ensemble, c’est à dire en ne se focalisant pas uniquement sur des points précis comme la pêche, les transports maritimes ou les droits de la mer mais de tout l’océan et sa santé dans son ensemble. Cette conférence avait pour objectif de nous faire comprendre que c’est nous tous qui sommes concernés dans le cadre des Objectifs du Développement Durable. L’objectif est d’améliorer la situation de l’humanité dans tous les secteurs de la société. A New York, l’accent a été mis sur tous les problèmes marins identifiés comme étant les plus urgents dont la surpêche entre autres choses.

On ne pourra pas faire l’économie de partenariats publics-privés, de partenariats scientifiques, politiques y compris avec la société civile pour parvenir à des solutions. Ce n’est pas du côté de la finance ou de la politique seule que les solutions viendront. Ce sera plutôt grâce à un travail en commun, en partenariat, que l’on aura le plus de chance de trouver des solutions. 

De nombreux chantiers sont à traiter comme les pollutions plastiques qui sont un problème  actuel et majeur. On peut faire beaucoup de choses concrètes et rapidement grâce au secteur économique et à la société civile. Des lois peuvent être votées comme on l’observe dans plusieurs pays déjà. La pollution est un premier problème identifié mais il y en a d’autres qui sont liés. Un constat alarmant a été dressé sur l’acidification des océans par exemple, qui va plus vite que ce qui a été prédit scientifiquement. Pour régler ce problème, de grandes coalitions internationales sur l’acidification  des océans ont été créées il y a peu de temps pour étudier l’impact de ce phénomène et le combattre enfin dans un second temps. Beaucoup des problèmes que l’on rencontre dans l’océan sont liés au climat. L’accord de Paris reste très important et doit être encore renforcé. 

Cette conférence océan représente un pas dans la bonne direction dans la mesure où toute la communauté  « Océan » était présente ici à New York. Le fait qu’ils se soient réunis est un premier pas très important. Il s’agissait donc d’un débat global qui se devait d’être « inclusive ». Comprenez par-là que toutes les thématiques discutées sont liées, que ce soit l’océan, le climat, l’activité économique, l’économie circulaire. On ne résoudra pas l’un des problèmes sans les autres. Cette conférence va dans cette direction. 

La COP 21 est un bon exemple d’engagement des parties, mais ce n’est pas encore un accord contraignant qui exige des Etats de faire des choses précises, d’atteindre des objectifs fermes et rigoureux. C’est une forme de partenariat encourageant les partenaires à travailler ensemble. Ceux qui ne veulent pas avancer sont identifiés et mis en minorité. La question de la pêche non durable qui détruit l’écosystème a été mise sur la table.

Les deux périls mis en avant par l'organisation des Nations Unies sont la surpêche et la pollution. Selon un communiqué, 30% des stocks de poisson sont sur exploité et 50% sont complètement sur exploités. A deux problèmes concrets, quelles solutions pragmatiques peuvent être adoptées dans un avenir à plus ou moins court terme ? 

On sait pourquoi les réserves de poissons sont surexploitées. On sait également où cela se passe. Il s’agit dans la plupart des cas de pêches illégales et non rapportées. Il faut les combattre en prenant des mesures sur l’Etat du port en contrôlant les navires, en effectuant des contrôles en mer et également dans l’espace maritime mondial. Aujourd’hui, il y a aussi des problèmes de corruption qui minent cette lutte. Les questions de protections de l’océan sont plus larges que l’océan en lui-même. Il y a beaucoup de problèmes annexes qui concernent les océans. Cela touche les systèmes étatiques, les systèmes économiques. Des engagements ont été pris par les armateurs de la pêche thonière notamment pour réduire la pêche illicite. Les thoniers Japonais sont bien connus, mais les Chinois et les Coréens sont tout aussi actifs dans cette pêche. On observe des moratoires en Chine et ailleurs mais ils ne vont pas empêcher ces pêcheurs d’aller ailleurs, hors de leurs mers. 

J’ai la conviction que les outils de surveillance vont s’étendre et permettre de contrôler et demander des comptes aux pêcheurs ne respectant pas le bon sens des règles du jeu.

Quelles sont les chances que cette conférence aboutissent sachant que chaque pays exploite individuellement les ressources marines, pêche et hydrocarbure selon des besoins propres ? 

La première étape qui a été accomplie ici est de comprendre les symptômes. La recherche est là pour comprendre comment fonctionne l’océan afin de savoir où appliquer des remèdes. Aujourd’hui, nous en sommes là. Si vous vous intéressez à la régularisation des plateformes d’hydrocarbures offshore, ce sont les accords de Paris qu’il faudra convoquer. Si vous vous intéressez aux travailleurs de la mer, c’est l’Organisation Mondiale du Travail qui intervient, si vous vous intéressez aux subventions publiques de la pêche non durable, c’est à l’Organisation Mondiale du Commerce qu’il vous faudra convaincre . 

Ce qui ressort de cette Conférence, c’est que les problèmes de l’océan doivent être réglés dans tous les compartiments de la société. Ce ne sont pas que les gens issus du monde de la mer ou de la pêche qui doivent être mobilisés mais tous la Société. La Communauté Internationale a pris ces enjeux en considération durant toute cette semaine à New York. 

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