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Le et-droite-et-gauche est au pouvoir. Et pendant ce temps là, la proportion de Français qui se disent de droite augmente. Mais qui sont-ils ?
©REUTERS/Jacky Naegelen

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Une étude IFOP menée pour le journal l'humanité en septembre 2017 qui s'intitule "Etre de gauche aujourd'hui" met en lumière le fait que de plus en plus de gens se revendiquent comme étant "de droite" (56%). Une hausse qui s'accompagne mécaniquement d'une baisse des gens se déclarant "de gauche" (44%).

Esteban  Pratviel

Esteban Pratviel

Esteban Pratviel est chef de groupe pour la société de sondages Ifop.

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Atlantico : Dans un sondage IFOP pour le journal l'Humanité de septembre 2017 intitulée "Etre de gauche aujourd'hui" on observe une remontée des gens qui s'auto positionnent comme étant de "droite". Comment expliquer cette remontée qui s'accompagne d'une baisse de gens se déclarant "de gauche"?

Esteban Pratviel : Un des enseignements de cette enquête qui est centrée sur les personnes de gauche, c'est l'observation d'un rétrécissement du nombre de personnes qui se revendiquent de gauche et donc mécaniquement une hausse des personnes qui se revendiquent de droite

Plusieurs éléments de réponse permettent d'expliquer ce transfert.

D'abord un affaiblissement de la gauche en grande partie à cause du quinquennat, que l'on dit parfois raté, de François Hollande. Beaucoup de personnes de gauche ont développé des doutes quant à la possibilité d'appliquer une politique de gauche en France lorsque cette dernière est au pouvoir. On remarque un désamour de la gauche qui s'affirme.

Dans le même temps il y a eu l'émergence d'une personnalité politique nouvelle en la personne d'Emmanuel Macron qui, bien qu'il fut plutôt à gauche de filiation, a éprouvé l'envie de casser les codes et de passer au-dessus du clivage gauche/droite et qui a mis à mal ce clivage traditionnel. On a à gauche un certain nombre de personnes, 52% des personnes qui se positionnent à gauche, qui disent maintenant que l'on peut être de gauche et de droite en même temps. Ce qui paraît surréaliste pour une personne qui se dit "vraiment de gauche".

Troisième élément, la réaffirmation de l'extrême droite en France. Sur l'auto positionnement, l'extrême droite progresse de trois points et cela s'explique par les résultats sans précédents enregistrés par l'extrême droite et le Front National aux élections. Parce qu'en dehors  des commentaires sur la prestation de Marine Le Pen pendant le débat de l'entre deux tours, il y a les chiffres. Des chiffres qui disent que l'électorat du Front National n'a jamais été aussi grand en France. Un peu moins de 11 millions d'électeurs au second tour, cela n'a jamais été observé auparavant.

 On observe donc un glissement progressif qui se fait selon le principe des vases communicants. Souvent ce transfert se fait soit avec le courant qui est le plus proche (de droite vers l'extrême droite par exemple), soit concerne les personnes dont le positionnement politique est le moins marqué.

A droite à l'heure actuelle on a des segments qui sont toujours dominateurs (les retraités) le profil de la droite tel qu'on l'observe aujourd'hui ne bouge pas énormément par rapport à ce qu'on observait par le passé. Le transfert est global.

Quelle conclusion peut-on tirer de l'évolution de la perception qu'on les Français de l'échiquier politique et des partis ?

Pour le contexte, il faut rappeler qu'aujourd'hui le personnel politique dans son ensemble et les partis politique sont complètement discrédités. Les électeurs sont déçus de l'action politique conduite par les uns et les autres depuis un certain nombre d'année. Les institutions subissent le phénomène de la même manière. Nous avions fait un sondage pour Paris Match en 2016 dans lequel on voyait que les institutions étaient discréditées de la même manière. C'est un problème auquel ils essayent de répondre, en prenant cette présidentielle on voit que l'on a jamais eu autant de candidats qui se sont présentés comme des "antisystèmes".

Dans le cadre de cette étude et de ce transfert, on peut déduire qu'il s'agit sans doute plutôt une désaffection vis-à-vis de la gauche plutôt qu'une affirmation d'un amour pour la droite. Toutefois, on ne peut pas occulter le fait que l'extrême droite progresse de manière assez sensible dans les opinions dans le sens où l'on accepte plus facilement qu'avant une appartenance à ce courant politique.

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