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Humble et pressante supplique pour une révolution rhétorique des médias !
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Rhétorico-laser

A 6 mois des primaires, à un an des présidentielles, il serait temps de passer aux questions de fond sur les enjeux majeurs du pays et les visions proposées par les uns et les autres. Un exercice qui redonnerait couleur et noblesse à un débat politique qui s’annonce bien plus ouvert et mobilisateur que ne le proclament les esprits blasés.

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd

Christophe de Voogd est historien, spécialiste des Pays-Bas, président du Conseil scientifique et d'évaluation de la Fondation pour l'innovation politique. 

Il est l'auteur de Histoire des Pays-Bas des origines à nos jours, chez Fayard. Il est aussi l'un des auteurs de l'ouvrage collectif, 50 matinales pour réveiller la France.
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La pente est si naturelle, si tentante et si confortable : comme on l’aime la guéguerre des égos politiques, de petites phrases en grosses allusions, de demi-confidences en pierres dans le jardin du voisin et de billards à triple bande en calculs à X inconnues ! Malgré la qualité réconfortante d’émissions et de réflexions vraiment citoyennes, une bonne part de la classe médiatique se régale encore des enjeux de personnes :  après tout la logique des primaires et la personnalisation extrême du pouvoir en France ne légitiment-ils pas l’exercice ? Les plus belles histoires ne sont-elles pas toujours des combats d’hommes depuis César et Pompée, Octave et Antoine ? Quoi de plus beau, quoi de plus humain qu’une haine recuite, une rancœur ressassée, une vexation inexpiable ? Un zeste de Mazarin et de cardinal de Retz, et voici le tout promu au rang de genre littéraire, de si belle tradition française et aux si grandes opportunités éditoriales. 

Au point que les candidats sont instamment priés de ne pas rechigner et de fournir sans discontinuer de la chair à « petites phrases ». Qu’ils ne s’avisent donc pas de vouloir parler de diagnostic, de vision, de programme, de méthode : non, ce qu’on veut savoir, c’est si, pour eux « Sarko est condamné », « si François Hollande peut encore être candidat », « si Juppé, c’est déjà gagné », « s’ils croient en Macron » ou « si Bruno Le Maire est nouveau en politique ? ».

Autant de questions qui, tout l’indique, n’ont que deux petits défauts : elles découragent les meilleures volontés et insupportent les Français, contribuant à leur désaffection à l’égard d’un débat stérile, désaffection que les mêmes commentateurs sont les premiers à déplorer ; et ils somment la classe politique de « se renouveler » tout en lui imposant le questionnaire usé jusqu’à la corde : « au- fait-vous- pensez-quoi-de-la-dernière-déclaration-d’un-tel-sur-un-tel ? « Si vous faites ceci, c’est contre qui ? ». Dernière spéculation à la mode : Emmanuel Macron, désormais « en marche », est-ce pour/contre/à côté/aux côtés/en soutien/en embuscade/en deçà/ au-delà d’une candidature Hollande en 2017 ? La population française tout entière retient son souffle…

Or la campagne qui s’annonce pourrait bien déjouer tous les pronostics, à commencer par les têtes d’affiche et les recettes convenues qu’un grand vent de rajeunissement est en train de sérieusement secouer, à moins qu’un raz-le bol général ne vienne emporter le décor et les acteurs.

Pour le prévenir, et quoi que l’on entende partout, des idées sont avancées à droite, à gauche et ailleurs : sur lesquelles on aimerait en savoir plus, grâce à des questions de fond, laissant, si possible, aux intéressés le temps de répondre. Eh oui, le big bang économique libéral préconisé par F. Fillon, la révolution de la gouvernance proposée par Bruno Le Maire, le nouveau clivage progressisme/conservatisme avancé par Emmanuel Macron, ou le combat idéologique contre l’Islam salafiste revendiqué par Manuel Valls, tout cela c’est du fond. Et du neuf. Et tout cela, oui, peut bel et bien intéresser les Français.

On dira que tout cela ne va pas assez loin. Que certains se contredisent. Que beaucoup restent dans le flou. Enfin et surtout que des enjeux fondamentaux demeurent à peine abordés comme le devenir de l’Europe.

Certes, mais alors que les médias les posent ; qu’ils creusent, poussent, interrogent ! Et pas pour savoir ce que Fillon pense de Juppé et Juppé de Sarkozy, si BLM est d’accord avec NKM, si Hollande veut piéger Valls via Macron ou Valls, Macron via El Khomri.

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