Dérèglement climatique : la Chine fait monter au front la plus puissante de ses agences de planification<!-- --> | Atlantico.fr
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He Lifeng, directeur de la NDRC, en compagnie du ministre de l'Economie français Bruno Le Maire, en 2019.
He Lifeng, directeur de la NDRC, en compagnie du ministre de l'Economie français Bruno Le Maire, en 2019.
©Yoan VALAT / POOL / AFP

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Faut-il en attendre la même efficacité que sur les nombreuses réussites obtenues par la planification des politiques économiques de Pékin ?

Mary-Françoise Renard

Mary-Françoise Renard

Mary-Françoise Renard est professeur d'économie à l'Université Clermont Auvergne. Elle est l'auteure de "La Chine dans l'économie mondiale" aux presses universitaires Blaise Pascal. 

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Atlantico : Le gouvernement chinois a retransferé la gestion des enjeux climatiques du ministère de l’écologie et de l’environnement à la NDRC. Qu’est-ce que cette NDRC ?

Mary-Françoise Renard : En français, c'est la Commission nationale pour le développement et la réforme. C'est une sorte de ministère en charge des réformes économiques, qui s'occupe d'un grand nombre de dossiers et a notamment la responsabilité des financements de projets industriels. C'est une organisation dont le périmètre a un peu varié dans le temps en fonction des décisions du gouvernement. Il faut savoir qu'il y a une multitude de d'institutions administratives en Chine, qui donnent parfois l'impression d'un mille-feuille. La NDRC est une institution très importante, qui en chapeaute un grand nombre. Elle est centrale pour la politique économique chinoise. Elle avait été déchargée de la politique climatique au profit du ministère de l'Écologie et de l'Environnement mais là, elle récupère cette attribution.

Quelle tâche a concrètement été confiée à la NDRC ?

Cette institution devient le leader pour atteindre la neutralité carbone en 2060. Le ministère de l'Écologie et de l'Environnement garde la supervision du marché carbone (le suivi des émissions, etc). La NDRC, elle, va définir les politiques énergétiques, mais aussi la politique industrielle. Cela veut dire que l'institution est en charge de l'articulation entre la politique industrielle, la politique climatique et la politique énergétique. D'autant qu'elle chapeaute le ministère de l'Énergie. Or, on sait très bien que dans les politiques climatiques, il y a souvent un arbitrage avec les politiques industrielles. On l'a vu dans le cas de la Chine, qui continue à avoir des centrales à charbon parce que c'est une énergie très utilisée dans le pays. La NDRC va donc coordonner les deux aspects, l'articulation entre politique climatique et la politique industrielle.

La NDRC ne risque-t-elle pas d'être trop soumise aux enjeux industriels ?

C'est très difficile à savoir. D'un côté, comme elle définit beaucoup de pans de la politique économique, elle est bien placée pour mettre en place un changement structurel. De ce point de vue là, c'est un bon signal parce qu'elle a du pouvoir pour mettre en place des politiques structurantes sur le changement climatique. Mais d'un autre côté, comme jusqu'à maintenant elle n'avait pas les mêmes responsabilités, elle a eu tendance à privilégier le soutien à l'industrie - ce qui était son domaine.

Cette décision de Pékin peut être positive parce que la NDRC peut mettre en place des projets structurants, une nouvelle politique industrielle qui soutiendrait les investissements dans les énergies vertes. Elle devient leader sur l'objectif de neutralité carbone et elle a les moyens de mettre en place cette politique puisqu'elle va définir les choix de projets. Mais comme il s'agit quand même, au fond, d'une articulation entre industrie et environnement, il faudra voir quels choix elle va faire concrètement.

La planification chinoise est-elle en mesure d’obtenir des résultats probants sur l’écologie comme elle a pu le faire sur l’économie ?

La planification formule les objectifs du gouvernement de façon très générale. La planification est très importante en Chine. Il y a le plan général - actuellement nous sommes dans le 14e plan - mais il y en a beaucoup d'autres, comme le plan Made in China 2025. Et les projets ont du financement dès lors qu'ils rentrent dans un des plans du gouvernement. Dès lors, cette planification est efficace parce que ce sont les projets choisis qui ont du financement. De ce point de vue là, la NDRC pourra effectivement accorder son aval aux projets qui rentrent dans le plan.

Jusqu'à présent, l'écologie était-elle bien intégrée dans ces plans ?

Oui, il y a des préoccupations environnementales. Des mesures ont été mises en place et on voit bien qu'il y a un certain nombre de résultats en matière de lutte contre la pollution, notamment parce qu'il y a une très forte pression sociale sur ce sujet. Il y a eu beaucoup de mouvements contre l'implantation de telle ou telle entreprise polluante, du fait que des informations ont circulé sur l'augmentation de la mortalité en raison de la pollution. Reste que la politique est appliquée souvent au niveau local, où il y a une forte corruption. Il y a aussi un arbitrage à faire par rapport à d'autres projets industriels, notamment sur la question du maintien de l'emploi. Comme dans les autres pays !

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