Apple vs. Samsung : les enjeux cachés de la guerre des brevets<!-- --> | Atlantico.fr
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Le feuilleton « Apple contre Samsung et vice versa » ne donne qu’une très faible idée de la complexité de cette guerre planétaire.
Le feuilleton « Apple contre Samsung et vice versa » ne donne qu’une très faible idée de la complexité de cette guerre planétaire.
©Reuters

La minute "Tech"

Derrière le contentieux juridique qui oppose Apple et Samsung sur les brevets technologiques des tablettes et smartphones, se déroule une confrontation planétaire dont les enjeux sont les revenus de l’innovation et les parts de marché. Un colloque vient d’y être consacré en Californie.

Nathalie Joannes

Nathalie Joannes

Nathalie Joannès, 45 ans, formatrice en Informatique Pédagogique à l’Education Nationale : création de sites et blogs sous différentes plates formes ;  recherche de ressources libres autour de l’éducation ;  formation auprès de public d’adultes sur des logiciels, sites ;  élaboration de projets pédagogiques. Passionnée par la veille, les réseaux sociaux, les usages du web.

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Organisé à la mi-octobre par l’Institut Juridique Santa Clara de l’Industrie High Tech,  dans la Silicon Valley, le colloque « Défense 2.0 : nouvelles stratégies pour réduire les risques sur les brevets » a réuni quelques-uns des meilleurs spécialistes mondiaux de la protection intellectuelle en matière d’innovation. Leurs contributions ont révélé que les menaces sur les inventions et les applications qui en découlent ont commencé à proliférer avec l’avènement de l’informatique nomade.

Avant la généralisation des téléphones mobiles et des tablettes électroniques, à l’époque des ordinateurs de bureau et des portables non communicants, les principaux acteurs de l’industrie électronique – IBM, Intel, Microsoft, Oracle, Sun – s’arrangeaient entre eux pour ne pas avoir à révéler leurs secrets de fabrication devant les tribunaux. Ces arrangements prenaient la forme juridique de « brevets croisés » sur telle ou telle killer application. Cela s’appelait la « coopétition » = coopération dans certains domaines technologiques mais compétition dans d’autres comme le marketing.

La mondialisation et la mobilité on fait voler en éclats cette ère de stabilité.

« Mafias » et accapareurs

Au colloque de Santa Clara, plusieurs juristes ont souligné le rôle perturbateur de deux types d’acteurs: les mafias des brevets et les accapareurs.

Qualifiées de « mafias » par certains orateurs, les « entités non productrices » sont nombreuses en Chine mais elles ne se livrent pas à l’espionnage industriel. Elles vivent et prospèrent de la culture de l’innovation particulièrement intense dans ce pays. Elles achètent directement des brevets à des nerds ou aspirent littéralement les brevets des entreprises sur lesquelles elles jettent leur dévolu. Une fois vidées de leur substance créative, les start ups desséchées sont dissoutes. Détentrices de gros portefeuilles de brevets, les « entités non productrices » rentabilisent ce capital immatériel en vendant certaines innovations aux plus offrants ou en collectant les royalties.

Les accapareurs sont les acteurs dominants d’un secteur dans lequel ils créent ou produisent. Ils achètent des entreprises plus modestes afin de renforcer leur position dominante et se constituer une sorte d’épargne en valorisation de brevets.

Dans les années quatre-vingt-dix, les firmes en achetaient d’autres pour améliorer leur offre de produits et de services et bloquer la concurrence.  Le PDG d’une firme française aujourd’hui exsangue musardait en Californie avec un caddie virtuel qu’il remplissait de start ups; il achetait des jeunes entreprises, leur potentiel d’innovation, et il payait très cher les PDG ainsi que certains informaticiens pour qu’ils n’aillent pas travailleur ailleurs pendant plusieurs années.

Apple attaque Samsung en visant Google

Aujourd’hui, les analystes high tech se grattent le crâne pour essayer de comprendre pourquoi Google a acheté plus d’une centaine d’entreprises depuis sa création, dont récemment Motorola Mobility pour 12,5 millions de dollars. « It’s for patents, stupid ! »

La stratégie d’Apple est encore plus impérialiste. Le “trésor de guerre” de brevets accumulé depuis 1988 est sans doute le plus bel héritage légué par Steve Jobs à la firme de Cuppertino.

C’est dans ce contexte que se situe la mêlée confuse  – largement invisible – autour des brevets et des royalties. Le feuilleton « Apple contre Samsung et vice versa » ne donne qu’une très faible idée de la complexité de cette guerre planétaire.

Au départ, un brevet Apple sur la technologie du scrolling qui permet de dérouler les icones sur les écrans des iPhones et iPads. Le constructeur coréen est accusé d’avoir copié ce procédé sur ses smartphones et ses tablettes Galaxy et d’avoir plagié le design de ses tablettes. Les Californiens ont fait interdire la vente des produits Samsung dans plusieurs pays dont l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Australie. Samsung a répliqué en portant plainte contre Apple pour une utilisation, selon elle abusive, d’un système de connexion sans fil. L’âpreté de ce duel ne s’explique que par un seul enjeu qui se chiffre en milliards de dollars : Apple essaie de ralentir l’inexorable progression du système d’exploitation Android, dont Samsung est le propagateur le plus important dans l’univers de la mobilité.

En fait, Apple attaque Samsung mais vise Google qui développe le système Android.

On retrouve souvent un antagonisme entre l’Occident et l’Asie dans la mêlée planétaire sur les brevets. Mais une constante domine l’inextricable enchevêtrement des actions judiciaires: Apple attaque le plus et c’est aussi la firme la plus attaquée.

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