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Visite surprise d'Emmanuel Macron dans une caserne de policiers parisienne cette nuit
Visite surprise d'Emmanuel Macron dans une caserne de policiers parisienne cette nuit
©LUDOVIC MARIN / PISCINE / AFP

Intervention imprévue

Désireux de renouer le dialogue et la confiance avec les forces de l'ordre, le président de la République s’est rendu dans la nuit de lundi à mardi dans une caserne parisienne de la BAC, dans le XVIIe arrondissement parisien, pour leur apporter son soutien.

Il est presque 1h30, cette nuit de lundi à mardi, quand la voiture du président de la République retourne au palais de l’Élysée après une soirée qui, globalement, s’est passée sans heurts majeurs dans les quartiers. « Chez aucun d’entre eux je n’ai senti de la résignation alors qu’ils ont traversé parfois le pire ces derniers jours. Leur courage nous oblige », confie Emmanuel Macron après quatre heures d’escapade nocturne parisienne auprès des forces de l’ordre. La soirée a été calme, comme si le mouvement de colère s’essoufflait, que l’ordre revenait progressivement dans le pays après six jours de chaos provoqué par la mort du jeune Nahel à Nanterre.

On est avec vous », plante Emmanuel Macron peu avant 23 heures, lorsqu’il débarque à la caserne Bessières (XVIIe), où l’attendent autour d’un café une cinquantaine de policiers de la Bac, de la BRI, des CRS, ainsi que des gendarmes et des pompiers de Paris. Une sortie sans tambour ni trompette (pas la moindre caméra conviée et un cortège présidentiel réduit à son minimum pour assurer la plus grande discrétion dans la capitale), mais avec la ferme intention de faire passer un message : « Un message de confiance, de détermination de l’État pour vous soutenir. Je saisis le professionnalisme et l’exigence qui est la vôtre. Pour sa première sortie de terrain depuis ce drame, ce n’est donc pas au cœur des cités - encore sous tension -, que le chef de l’État a voulu réserver ses mots d’encouragement et de soutien, mais auprès des agents de la force publique, soumis à rude épreuve depuis une semaine.

Un récent sondage n’a pas échappé à l’Élysée : 57 % des Français réitèrent leur confiance envers la police selon l’Ifop pour le Figaro, malgré les récents événements. Tout comme le montant de la cagnotte récoltée en seulement quelques jours pour la famille du policier auteur du tir mortel interpelle au sommet de l’État : plus d’un million d’euros. « Il fallait faire un geste, montrer que sans eux l’autorité républicaine n’est rien », décrypte un confident du président. Pourtant, entre le président et les forces de l'ordre, on revient de loin : la condamnation de la mort de Nahel il y a une semaine est très mal passée chez certains d’entre eux qui se sentent lâchés par le pouvoir en place, alors que l’enquête vient à peine de débuter et que la justice n’est pas encore passée. Cette minute de silence à l’Assemblée nationale aussi, perçue chez les policiers comme un lâchage en règle de la classe politique.

De quoi provoquer un dialogue assez tendu, où les vérités ressenties sont dites sans fard : « En onze ans d’exercice, je n’ai jamais vu autant de tirs de mortiers. Les deux premiers soirs, ils ont été utilisés pour nous tuer, c’est sûr », lui renvoie un policier. « Les gamins, on les attrape, puis le lendemain on les retrouve dans la rue, c’est qu’il y a un problème », lance un autre. « On a multiplié les textes de loi. Maintenant, il faut qu’ils soient appliqués », répond fermement le président. Une rencontre parfois entrecoupée de quelques secondes de blancs qui ont eu du mal à masquer le malaise ressenti par les hommes assis face à lui, et en tenue suréquipée.

De l'écoute, mais de l'incompréhension, aussi, comme lorsqu'un agent se plaint de ne plus « faire peur » aux casseurs et que Macron s'interroge sur l'impact de « l’appel à la responsabilité des parents », ce à quoi le policier lui répond « Malheureusement non ». S'ensuit alors un dialogue révélateur : « Mais les gamins, ils écoutent qui alors ? », « Les dealers monsieur le président. »

Et l'agent d'ajouter « C’est d’ailleurs eux qui commencent à leur demander de se calmer depuis deux jours, parce que tout ce bazar, c’est en train de donner du tort à leur business. Ça fait une semaine que le trafic de stups ne tourne pas ».

Le récit du maintien de l'ordre vire parfois à la critique sociale, comme lorsqu'un agent évoque les parents qui se contentent de « rester dans leur fauteuil et devant leur grand écran payé grâce à l’argent de la drogue », pendant l'interpellation à domicile de leur enfant mineur. L'occasion aussi d'évoquer la violence montante dans cette génération, mais aussi une « haine de la France » perçue au quotidien. Avec la prison comme solution : même cela ne convainc plus : « Là-bas, en prison, ils ont toutes les chaînes de la télé, font de la musculation, puis de la prise de masse et ressortent métamorphosés », constate en se désolant un policier. Emmanuel Macron, écoute, mais admet son désarroi devant la situation politique : « Pendant les émeutes de 2005, il y avait un message. Là, je n’ai pas entendu de message », soulignant « qu’on n’a jamais fait autant pour les quartiers qu’au cours des quinze dernières années ».

Le Parisien

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