Tribune de musulmans sur les attentats : le CRIF s'indigne de l'oubli des victimes juives

Dans un texte intitulé "Nous, Français et musulmans, sommes prêts à assumer nos responsabilités", une quarantaine de personnalités ont appellé dimanche à un islam de France. Le texte fait référence aux attentats de Charlie Hebdo, du 13 novembre, de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray. 

Il débute par une énumération de plusieurs récentes attaques djihadistes en France : "Après l’assassinat de caricaturistes, après l’assassinat de jeunes écoutant de la musique, après l’assassinat d’un couple de policiers, après l’assassinat d’enfants, de femmes et d’hommes assistant à la célébration de la fête nationale, aujourd’hui l’assassinat d’un prêtre célébrant la messe...".

Problème : Il n’évoque pas les victimes de Mohamed Merah à Toulouse et à Montauban en 2012, ni celles d’Amedy Coulibaly à l’Hyper Cacher en janvier 2015 à Paris. Dans un communiqué, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) "note avec inquiétude" cet "oubli lourd de sens". Selon l'organisation, cet absence est "un affront à la mémoire des huit victimes de ces deux attentats, qui ont été ciblées par le terrorisme parce que juifs".

S'il salue une "initiative salutaire", le CRIF condamne la "mémoire sélective" des signataires de la tribune. Pour l'organisation, "cela empêche surtout de comprendre toutes les dimensions du terrorisme islamiste auxquelles la France est aujourd’hui confrontée". Il demande à ses auteurs d’"apporter la clarification nécessaire sous peine d’entacher l’utilité de leur démarche".

L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) "s’alarme de l’effacement du problème de l’antisémitisme" dans l’appel.  Quant au grand rabbin de France, Haïm Korsia, il a déclaré :"que l’oubli ait été conscient ou non, l’absence de mention des drames de Toulouse et de l’Hyper Cacher (...) est grave et douloureux [sic.]".

Que l'"oubli" ait été conscient ou non, l'absence des drames de Toulouse & de l'Hypercasher ds la tribune #JDD d'hier est grave & douloureux

— Haïm Korsia (@HaimKorsia) 1 août 2016

Interrogé lundi matin sur Europe 1, l’un des signataires de l'appel, Amine Benyamina a évoqué un "faux procès". "Ça a été l’effet Charlie mais ça n’a pas été précisé (...), les auteurs de la tribune ne sont absolument pas attaquables, ils sont au-dessus de tout soupçon de choix des victimes."