Mini sommet européen : l'Allemagne ne lâche rien<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Mini sommet européen :
l'Allemagne ne lâche rien
©

Bras de fer

Pas question pour la Chancelière allemande de faire appel à la BCE pour renflouer les États. Au grand dam de la France.

Les pressions de la France n'y ont rien fait. L'Allemagne n'a rien cédé, lors d'un sommet avec Paris et Rome jeudi 24 novembre à Strasbourg : pas question pour la Chancelière allemande d'envisager une intervention de la BCE pour acheter de la dette des pays en difficulté, à l'instar de ce que fait la Réserve fédérale américaine.

Nicolas Sarkozy a toutefois assuré que le trio envisageait "les mêmes remèdes" pour enrayer la propagation de la crise.Les trois premières économies de l'Union monétaire sont déterminées à "tout faire pour soutenir et garantir la pérennité de l'euro", a-t-il déclaré. "Nous avons tous trois indiqué que dans le respect de l'indépendance de cette institution, il fallait s'abstenir de demandes positives ou négatives" à la BCE, a résumé le président, faisant marche arrière sur ce point qui lui tenait pourtant à coeur.

Le président français a reconnu "un compromis". Dans son entourage, on se réjouissait néanmoins de ce que la position exprimée à Strasbourg permette à la BCE d'intervenir de son plein gré sans que cela suscite des critiques de Berlin.

Coup double en revanche pour Angela Merkel. La chancelière allemande a en effet obtenu l'aval de la France à une révision des traités européens, une solution qui suscitait les réserves de Nicolas Sarkozy il y encore peu de temps. Paris et Berlin ont annoncé qu'ils feraient, avant le sommet européen du 9 décembre, des "propositions de modification des traités pour améliorer la gouvernance de la zone euro pour plus d'intégration et de convergence". Ils ont souhaité que Rome s'y associe. Angela Merkel est allée plus loin, affirmant que cette révision des textes devait permettre d'aboutir à une "union fiscale", une expression reprise par Mario Monti, mais jamais par Nicolas Sarkozy.

Côté français, on minimise cette concession, considérée comme une "monnaie d'échange" pour obtenir en contrepartie un changement de la position allemande sur la BCE. "Il faut que Merkel bouge, et vite, sur la BCE sinon on court à la catastrophe", affirme-t-on, précisant que Paris veut "mettre la pression maximale" sur Berlin. Mais la chancelière a mis les points sur les "i" : "le président français vient de souligner que la BCE est indépendante et donc les modifications éventuelles de traité ne concernent pas la BCE".

De la même manière, elle a fermé la porte à une proposition d'euro-obligations pour mutualiser les dettes européennes, remise sur la table par Bruxelles. "Les eurobonds feraient que les différences de taux (entre les pays européens) seraient nivelées et ce ne serait donc pas un bon signal" car cela masquerait les disparités entre économies, a tranché Angela Merkel.

Après les tensions de l'ère Berlusconi, le sommet de Strasbourg était aussi l'occasion pour le couple franco-allemand d'apporter son "soutien" à l'Italie de Mario Monti, confrontée à la défiance des marchés. Le nouveau président du Conseil italien a tenu à rassurer ses deux partenaires sur sa détermination à redresser les finances de son pays surendetté. "L'objectif de l'équilibre budgétaire en 2013 n'est pas remis en cause", a dû concéder Mario Monti, alors qu'il avait laissé planer un doute ces derniers jours.

La bonne santé économique de l'Italie conditionne celle du reste de la zone euro, avec la France en première ligne. Deux des trois grandes agences de notation viennent de lancer un avertissement à Paris : si la crise s'aggrave, son fameux "triple A" qui lui permet d'emprunter à bas coût serait menacé. 

"Un échec pour la France et pour l'Europe". C'est en ces termes que le député PS Jérôme Cahuzac, responsable des questions de finances dans l'équipe de campagne de François Hollande a qualifié le sommet de Strasbourg. Le candidat du Front de gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a de son côté estimé que Nicolas Sarkozy s'était "couché" face au diktat d'Angela Merkel. La présidente du Front national et candidate à la présidentielle Marine Le Pen a estimé que le président avait "encore une fois été tenu en échec au énième sommet de sauvetage de l'euro" à Strasbourg.

Les trois dirigeants européens n'ont pas non plus convaincu les places financières européennes, qui ont presque toutes clôturé dans le rouge alors qu'elles avaient ouvert sur un rebond. Ce matin, l'euro repart à la baisse : la monnaie européenne se traite à 1,3309 face au dollar, son taux le plus bas depuis le 6 octobre.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !