Voilà comment nos cellules, éléments et atomes ont trouvé leur chemin jusqu'à notre corps<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
Notre cerveau comme le reste du corps est composé à 65% d’oxygène et à 20% de carbone, des atomes fabriqués dans le cœur brûlant des étoiles et rejetés à leur mort dans l’espace.
Notre cerveau comme le reste du corps est composé à 65% d’oxygène et à 20% de carbone, des atomes fabriqués dans le cœur brûlant des étoiles et rejetés à leur mort dans l’espace.
©DR

"Poussières d'étoiles"

Dans son livre "What's Gotten Into You", le documentariste scientifique et historique Dan Levitt parle du Big Bang en retraçant comment nos cellules, éléments, atomes et particules subatomiques ont trouvé leur chemin jusqu'à notre cerveau, nos os et notre corps.

Anna Alter

Anna Alter

Anna Alter est journaliste et écrivain. Docteur en astrophysique, elle a été journaliste à Science et Vie, à l'Evènement du jeudi, grand reporter à Marianne et rédactrice en chef adjointe de La Recherche. 

Voir la bio »

Atlantico : Dans son livre "What's Gotten Into You", le documentariste scientifique et historique Dan Levitt parle du Big Bang en retraçant comment nos cellules, éléments, atomes et particules subatomiques ont trouvé leur chemin jusqu'à notre cerveau, nos os et notre corps. Pour lui, ces explosions, collisions et températures presque incompréhensibles étaient pourtant essentielles à la vie. Cette hypothèse est-elle crédible ?

Anna Alter : Non seulement, cette hypothèse est crédible, mais elle n’est pas nouvelle et a été adoptée par la majorité des scientifiques. Notre cerveau comme le reste du corps est composé à 65% d’oxygène et à 20% de carbone, des atomes fabriqués dans le cœur brûlant des étoiles et rejetés à leur mort dans l’espace. Toutes les étoiles brillent et trouvent de l’énergie durant leur vie grâce à la fusion nucléaire et lorsqu’elles ont épuisé leur combustible, les petites s’éteignent doucement, tandis que les grosses explosent en supernova en crachant ce qu’elles ont dans le ventre. Comme l’a écrit dans un très beau livre et ne cesse de répéter l’astrophysicien Hubert Reeves, nous sommes des poussières d’étoiles…Les plus massives qui ont des températures très élevées au centre, produisent des quantités « astronomiques » d’oxygène et de carbone et ce sont ces deux éléments qui sont prépondérants dans nos cerveaux, nos os et nos corps. L’hydrogène qui y est présent également à faible dose, moins de 10% alors qu’il est omniprésent dans l’Univers ainsi que d’autres atomes légers à l’instar du lithium qui est un régulateur du système nerveux et agit sur l’humeur, eux remontent au Big Bang et se sont formés dans les minutes qui ont suivi l’explosion originelle 

En rédigeant son livre, l’historien a été surpris de constater que, presque à chaque fois, "la réaction initiale aux théories révolutionnaires était le scepticisme et le rejet." Comment expliquer cette réaction ?

On a du mal à accepter la nouveauté quel que soit le domaine et en science, il faut en plus apporter des preuves de ce qu’on avance. En astrophysique, des observations doivent étayer une théorie et il suffit qu’il y en ait une et une seule qui la contredise pour que tout l’échafaudage qui repose sur des équations tombe par terre… Ce n’est que lorsque les américains Arno Penzias et Robert Wilson ont découvert tout à fait par hasard en nettoyant une antenne un bruit de fond qu’il ont d’abord pris pour de la fiente de pigeon,  un rayonnement à 3°K qui emplit tout l’Univers, un fond cosmologique diffus, comme on l’appelle, qui est un résidu de l’explosion originelle  et ne s’explique pas autrement, que la théorie du Big-bang qui était déjà dans l’air a été acceptée par la majorité de la communauté scientifique 

"Bien que nous puissions mourir, nos atomes ne meurent pas", écrit Levitt. "Ils tournent à travers la vie, le sol, les océans et le ciel dans un manège chimique". Comment est-ce possible ?

Les protons et les électrons sont immortels, jusqu’à nouvel ordre. De toutes les particules connus, ils sont les seuls avec les neutrinos semble-t-il et c’est une chance, parce qu’ils constituent les atomes dont nous sommes faits ainsi que toute la matière ordinaire qui par conséquent se conserve parfaitement.…

L’auteur déclare : "J'alterne donc entre la pensée qu'il est tellement improbable que des créatures comme nous existent, et la pensée que la vie doit exister dans de nombreux endroits de l'univers." Cette interrogation restera-t-elle toujours sans réponse ?

Sommes nous seuls dans l’Univers ? C’est la grande question qui travaille l’humanité depuis très longtemps. Pour y répondre, Frank Drake avait posé en 1961 une équation qui porte son nom, mais dont tous les paramètres sont incertains, si bien que suivant que l’on se place dans la fourchette haute ou basse, le résultat oscille entre des milliers de vies intelligentes ailleurs, sous d’autre soleils, et une seule, la nôtre, qui a profité de la lumière et de la chaleur l’astre du jour pour bâtir des civilisations techniquement avancées. Giusepe Cocconi et Philipp Morrison avaient démontré en 1959 dans un article historique qu’avec les nouveaux instruments d’observation qui captent les ondes radios, nous pouvions rentrer en contact avec nos voisins de Galaxie. Mais le programme de recherche de civilisations extra-terrestres SETI en utilisant le grand radiotélescope d’Arecibo, lancé sous l’impulsion de ces pionniers et de quelques  autres, n’a rien donné ce qui ne veut rien dire. Nous n’étions peut-être pas sur la même longueur d’onde que nos lointains correspondants, ou ne regardions pas au bon moment dans la bonne direction et avons abandonné la recherche de ces vies d’ailleurs assez vite faute de moyens financiers. Et patatras, le 4 décembre 2020 l’oreille géante de Porto Rico tendue vers les espaces infinis s’est effondrée pour une raison inconnue (une réponse musclée du ciel ? plus probablement un tremblement de terre ou le manque d’entretien) et Frank Drake s’est éteint le 2 septembre dernier sans avoir obtenu de réponse. On n’a toujours aucune preuve de l’existence ou de la non existence des intelligences qui se seraient épanouies en dehors du système solaire, et, comme chacun sait, l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. La question reste ouverte.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !