Voilà comment la Chine a réussi à réduire la pollution de l’air de ses grandes villes en 7 ans (là où il en avait fallu 30 en Occident) <!-- --> | Atlantico.fr
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Des personnes traversent une route lors d'une journée polluée à Pékin, le 10 octobre 2020.
Des personnes traversent une route lors d'une journée polluée à Pékin, le 10 octobre 2020.
©GREG BAKER / AFP

Exemple à suivre ?

Alors que les métropoles chinoises ont longtemps été considérées comme faisant partie des plus polluées de la planète, Pékin a fait d'énormes progrès en matière d'assainissement de l'air au cours des dernières années

Olivier Blond

Olivier Blond

Olivier Blond est conseiller régional, délégué spécial à la santé environnementale et à la lutte contre la pollution de l'air et Président de Bruitparif.

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Atlantico : Aussi surprenant que cela puisse paraître, d’après un rapport de l’Energy Policy Institute de l’université de Chicago, la Chine se place en tête, devant les États-Unis, en matière d’assainissement de l’air, avec une baisse de 40% des particules nocives en tout juste 7 ans. L’ex-usine du monde a-t-elle des exemples à nous donner en matière de d'assainissement de matière de dépollution ? 

Olivier Blond : La qualité de l’air s’est beaucoup améliorée en Chine ces 7 dernières années. C’est le premier producteur mondial d’énergie éolienne et solaire, elle est leader en matière d’énergie renouvelable et on peut souligner sa capacité industrielle à préparer son économie à la transition écologique. En à peine 10 ans, ils ont construit 40 000 km de voies ferrées, ils ont débarrassé des villes des motos et scooters thermiques contre des scooters et vélos électriques à une vitesse phénoménale. Ce bond en avant tient à la forte capacité d’investissement du pays et son dynamisme économique. Pouvoir produire ce dont le gouvernement a besoin pour sa politique dans des délais très courts donne une capacité de réaction très forte au pays. Et cela explique une grande partie des progrès phénoménaux chinois en matière de lutte contre la pollution de l’air. 

Il ne faut pas oublier que la Chine est une dictature et nous une démocratie. Pourtant malgré ces différences politiques, le PCC est très soucieux de l’émergence de mouvements sociaux sur les questions environnementales. Ce sujet est important pour la population et elle exprime son mécontentement comme nous avons pu le voir avec l’affaire du lait contaminé, des pollutions de l’air ou des rizières. Le gouvernement, dirigeant sans élections démocratiques, est ici très soucieux de répondre à une demande sociale qui existe dans les zones urbaines denses du pays. 

Soulignons tout de même que son bilan est contrasté et il est difficile de présenter le pays comme un exemple notamment sur la question politique. 

Où en sommes-nous par rapport à cette question la Chine ?

La France connaît une évolution similaire en termes de volume à celle de la Chine, mais cela s’est fait sur un temps plus long. On en parle d’ailleurs de plus en plus dans les médias. L’essentiel des paramètres diminue de manière considérable concernant la pollution de l’air. Si l’on prend l’exemple de l’Île-de-France, en 10 ans les PM2.5 ont diminué de 40 %, les PM10 de 35% et les dioxydes d’azote de 30%, soit les 3 principaux polluants de la qualité de l’air. En 10 ans, les chiffres ont donc chuté en Île-de-France alors que c’est la Région la plus polluée du pays. Si l’on regarde d’autres polluants liés à à l’activité industrielle, nous voyons -97% de plomb dans l’air en 30 ans, le nickel est aussi tombé de -91%.

Il faut voir les grandes différences entre la Chine, l’Europe et les USA sur cette question. Nous n’en sommes pas du tout au même stade. Aujourd’hui en Europe, il y a tout un ensemble de polluants industriels qui a chuté dans l’air à cause de la désindustrialisation. La Chine est dans une phase d’hyper industrialisation et n’a pas les mêmes problématiques. Le pays est dans une logique de diminution de la pollution industrielle. Nous avons une logique de diminution de la pollution urbaine, notamment autour des transports.

Que pouvons-nous faire pour lutter contre cette pollution ? Devons-nous nous inspirer de l’exemple chinois ? 

Nous devons instaurer des mesures fortes en matière écologique mais faire en sorte qu’elles soient acceptables. Tout l’enjeu de notre avenir vient de l’acceptabilité des mesures. On voit combien cela a été compliqué dans l’univers des transports. La crise des Giles Jaunes vient d’une augmentation de quelques centimes du prix du carburant. Toutes les mesures ne sont pas applicables et la recette d’une politique efficace est de proposer des alternatives positives à la population. C’est ce que les Chinois ont réussi à faire en quelques années. Le passage de la moto thermique à une moto électrique a été fait grâce à une production rapide et à des produits peu chers. Ils ont aussi subventionné comme il fallait. C’est l’alliance d’une production peu onéreuse et des produits de qualité couplée à un investissement du gouvernement qui a donné une liberté d’action plus forte. En France, nous n’arrivons pas à produire des deux-roues électriques pas cher. 

La situation économique française induit une baisse de l’investissement de l’État et de son soutien à de nombreux secteurs. Il ne peut pas subventionner tout et n’importe quoi. Les deux jambes d’une bonne action politique manquent ici en France. 

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