Une nouvelle étude soulève des inquiétudes concernant le Covid long chez les enfants<!-- --> | Atlantico.fr
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Un enfant donne un échantillon pour un test salivaire au centre éducatif de Lavoncourt, dans l'est de la France, dans le cadre du déploiement d'une campagne nationale de tests salivaires Covid-19, le 1er mars 2021.
Un enfant donne un échantillon pour un test salivaire au centre éducatif de Lavoncourt, dans l'est de la France, dans le cadre du déploiement d'une campagne nationale de tests salivaires Covid-19, le 1er mars 2021.
©AFP / SEBASTIEN BOZON

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Une vaste étude publiée dans la revue Pediatrics détaille les conséquences néfastes du Covid long sur les enfants.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Une vaste étude publiée dans la revue Pediatrics détaille les conséquences néfastes du Covid long sur les enfants. Quels sont les principaux symptômes liés au Covid long chez les enfants ? A quoi ressemble le Covid long chez les enfants ?

Antoine Flahault : Cet article du journal médical américain Pediatrics est probablement à ce jour l’une des plus importantes revue narrative de la littérature médicale et scientifique sur le sujet du Covid long de l’enfant. C’est un sujet éminemment complexe et difficile car il recouvre une myriade de symptômes qui persistent après le Covid, selon les définitions, de quatre à douze semaines après l’infection initiale. Les principaux symptômes sont la fatigue, les céphalées et le brouillard mental, mais de nombreux autres symptômes peuvent atteindre presque tous les organes. Dans de rares cas, des formes plus sévères associent par exemple des signes respiratoires, ou cardiaques, notamment une myocardite. Dans la majorité des cas cependant, tout rentre dans l’ordre en quelques mois, mais dans trente pourcents des cas ces symptômes persistent plus d’un an. Le Covid long chez l’enfant surviendrait après 10 à 20% des infections par le SARS-CoV-2 selon les études rapportées par ces chercheurs. Cependant les Centers for Disease Control and Prevention des USA (l’équivalent français de Santé Publique France) font état d’une prévalence de 1% de Covid long après un Covid chez l’enfant, contre 7% chez l’adulte.

Les enfants sont-ils tous égaux face au Covid long ? Quels sont les enfants les plus à risque ?

Les causes et les déterminants du Covid long restent largement méconnues. On sait que ces formes persistantes sont plus fréquentes après un Covid grave mais on rapporte aussi des cas après des formes mineures. Les premiers variants du SARS-CoV-2 semblent aussi avoir provoqué davantage de Covid longs qu’après une infection par Omicron et ses sous-variants subséquents. De plus, on sait qu’il y a un gradient social tant dans la survenue que la gravité du Covid chez l’adulte comme chez l’enfant. Ainsi aux Etats-Unis, les Afro-Américains et les Américains d’origine hispanique sont plus souvent atteints de Covid longs que les Blancs.

Les parents doivent-ils être inquiets face au risque de Covid long pour leurs enfants ? L’établissement du diagnostic n’est-il pas plus difficile chez les enfants ? Des symptômes persistants et graves peuvent-ils apparaître même chez les enfants présentant des infections bénignes ?

Si les chiffres de l’agence officielle des États-Unis sont exacts, 1% des enfants infectés font un Covid long, et les deux tiers d’entre eux se résolvent spontanément en quelques mois. Cela signifie que l’immense majorité des parents n’ont pas trop à craindre le Covid long pour leur enfant. Cela-dit, comme toute la population est exposée désormais de manière récurrente aux attaques du coronavirus et de ses différents variants, il semble raisonnable de chercher à réduire au maximum les risques de réinfections chez l’enfant comme l’adulte afin d’éviter ces formes persistantes de la maladie, même rares car elles peuvent être lourdement invalidantes. Le vaccin et ses rappels réduisent les risques de Covid longs et pourraient être davantage administrés aux enfants qu’actuellement. Les parents pourraient aussi militer pour obtenir une meilleure ventilation des salles de classes où leurs enfants restent de longues heures afin d’améliorer la qualité de l’air intérieur et réduire ainsi les risques d’infection par les différents virus et bactéries respiratoires. On connaît mieux aujourd’hui les risques de l’infection par le SARS-CoV-2 parce que tous les projecteurs se sont braqués sur ce virus mais il est possible que les autres virus respiratoires, comme ceux de la grippe ou de la bronchiolite aient des conséquences similaires à plus long terme. 

Le Covid long peut-il avoir des conséquences néfastes sur la capacité de concentration des enfants et sur les résultats scolaires ou la scolarité des enfants concernés ?

Lorsqu’un enfant en pleine santé auparavant se met après le Covid à souffrir de maux de tête fréquents, se plaint d’une grande fatigue et a du mal à rassembler ses idées, cela peut peser lourdement sur ses apprentissages et son développement psychomoteur. Certains enfants risquent alors le décrochage scolaire voire la dépression. Il est donc important de tout faire pour dépister ces symptômes persistants post Covid, de les identifier comme tels, et de les prendre en charge afin d’en minimiser les conséquences, en sachant qu’on ne dispose pas de traitements spécifiques à ce jour. L’essentiel repose aujourd’hui sur la prévention par la vaccination, le masque en lieux clos en période de forte circulation virale et une meilleure ventilation des écoles, des transports publics et des logements afin de mieux prévenir les infections respiratoires.

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