Tremblement de terre au Maroc : des relations franco-marocaines envenimées par la presse<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
La ministre des Affaires étrangères a ainsi indiqué que la France pouvait déployer 5 millions d’euros d’aide immédiatement pour les ONG françaises et internationales sur les lieux.
La ministre des Affaires étrangères a ainsi indiqué que la France pouvait déployer 5 millions d’euros d’aide immédiatement pour les ONG françaises et internationales sur les lieux.
©Ludovic MARIN / AFP

Tensions

Le Maroc fait actuellement face à l’une des pires catastrophes humanitaires de son histoire. Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, un séisme de magnitude 7 a provoqué de considérables dégâts humains et matériels.

Gabriel Robin

Gabriel Robin

Gabriel Robin est journaliste et essayiste ("Le Non Du Peuple", éditions du Cerf 2019).

Voir la bio »
Le Maroc fait actuellement face à l’une des pires catastrophes humanitaires de son histoire. Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, un séisme de magnitude 7 a provoqué de considérables dégâts humains et matériels. Localisé au sud-ouest de Marrakech, à proximité du Haut-Atlas, l’épicentre est situé dans une zone connue pour son activité sismique près de l’endroit où s’opère la jonction entre les plaques continentales africaines et eurasiennes. Zone tectonique intermédiaire, le Maroc avait déjà subi en 1960 le terrible tremblement de terre d’Agadir qui avait causé 12.000 décès. Pour l’heure, le bilan humain s’élève à un peu plus de 2.100 disparitions déjà identifiées, dont au moins quatre Français.

Au regard des relations historiques unissant nos deux pays, les Français se sont montrés choqués et désireux de participer à l’élan de solidarité qui s’organise autour du secours et de l’aide aux victimes du séisme. Pourtant, s’est fait jour une forme de défiance entretenue par les médias, singulièrement de gauche et du service public. Ainsi, Libé ou France Info ont publié des articles et des dessins de presse qui ont fortement courroucé une opinion publique locale déjà agacée et pu un peu plus envenimer les rapports entre les appareils diplomatiques français et marocains ces derniers jours. Il a notamment été avancé que le Maroc aurait rejeté l’aide française pour des raisons géostratégiques, le tout assorti de caricatures d’un registre paternaliste ou post-colonial qui ne manquent pas d’étonner venant de gauche. La Une de Libé présentait ainsi une femme éplorée avec le titre « Aidez-nous, nous mourons en silence ».

Cette interprétation a été réfutée ce matin par les voix de Catherine Colonna et Gérald Darmanin. La ministre des Affaires étrangères a ainsi indiqué que la France déploierait 5 millions d’euros d’aide immédiatement pour les ONG françaises et internationales sur les lieux, expliquant que la France se tenait à disposition du Maroc dès que notre aide serait utile au micro de BFM TV : « C’est une mauvaise querelle. Le Maroc est souverain. Il est seul en mesure de déterminer quels sont ses besoins et le rythme auquel il souhaite que des réponses y soient apportées. » Gérald Darmanin a d’ailleurs complété ces propos diplomatiques, ajoutant que le Maroc était « capable de répondre à ces difficultés tout seul » et affirmant qu’il ne croyait pas que le « refus de l’aide de la France soit lié à des causes politiques ». Au moment où ces lignes sont écrites, le Maroc a sollicité l’aide de l’Espagne, du Qatar, de la Grande-Bretagne et des Emirats arabes unis.

Du reste, comme l’a indiqué Sylvie Brunel au Figaro, l’argument technique de Rabat a du sens. Il correspond au propos tenu par Abdelmalek Alaoui, président de l’Institut Marocain de l’intelligence stratégique : « Le Maroc veut s'assurer que s'il y avait une aide internationale, qu'elle soit bien reçue et bien organisée pour ne pas assister à des moments de cafouillage, pour pouvoir recevoir de l'aide internationale, il faut que les routes soient déblayées. » Il est effectivement plus simple pour une journaliste d’accéder à une zone de tremblement de terre à pied que pour des équipes de secours d’acheminer du matériel et des hommes.

Reste néanmoins que les relations franco-marocaines n’ont jamais été aussi difficiles qu’aujourd’hui, la liste des griefs et des moments de brouille s’élargissant année après année. Il semble toutefois, à en juger par les déclarations officielles des deux Etats, qu’il n’y ait en l’espèce pas de relation de cause à effet directe pour ce qui concerne l’aide apportée dans la gestion de ce drame. Ce moment n’est d’ailleurs très sûrement pas idoine pour relancer des polémiques… Le rappel diplomatique français est là pour le rappeler et la France aura très certainement sa part à jouer dans la suite des évènements, tant par sa société civile que par son expertise en matière de catastrophes humanitaires. 
Ancien président de Médecins sans Frontières, Rony Brauman a ainsi expliqué que son ONG était arrivée sur place et n’avait pas été le sujet « d’entraves quelconques ». L’aide des Etats relève d’un registre plus politique qui pourrait se dénouer par la reprise du dialogue, ce que montrent les positions mesurées du ministère des Affaires étrangères.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !