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Rouge Vert Rouge : la potentielle coalition gouvernementale allemande qui devrait sérieusement nous inquiéter
©ANDREAS GEBERT / POOL / AFP

De l'autre côté du Rhin

Obsédée par la lutte contre les inégalités au point d’en venir à oublier la nécessité de l’innovation et de la prise de risque entrepreneuriale, une telle coalition serait un terrible poids pour la zone euro dont l’Allemagne demeure la principale locomotive économique. Répartition de richesse oui, mais il faut aussi de la création de richesse.

Alexandre Robinet Borgomano

Alexandre Robinet Borgomano

Alexandre Robinet Borgomano est responsable du programme Allemagne de l’Institut Montaigne. Il a rejoint l’Institut Montaigne en 2019. Il a travaillé auparavant au Bundestag, comme attaché parlementaire d’un député allemand. Il a conduit pour la Fondation du patrimoine culturel prussien un projet d’exposition visant à présenter à Berlin les collections d’art moderne du dernier Shah d’Iran. Il a également participé au lancement d’un fonds d’investissement européen dans le domaine de la Smart City et pris part à l’initiative pour l’unification du droit des affaires en Europe. Diplômé de Sciences Po Paris, il est également titulaire d’une maîtrise en histoire moderne de la Sorbonne (Paris IV).

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Atlantico : Comment sommes-nous arrivés à l’hypothèse d’une coalition Rouge Vert Rouge en Allemagne ? 

Alexandre Robinet-Borgomano : Rappelons tout d’abord que cette coalition reste à l’heure actuelle très improbable. Sa possibilité est artificiellement entretenue par Olaf Scholz, qui a refusé d’exclure une alliance avec les Verts et l’Extrême-gauche, mais c’est peu envisageable... M. Scholz, du SPD, représente l’aile droite du parti sociale démocrate : une coalition avec l’extrême-gauche irait contre les positions qu’il a toujours défendues.  

Pourquoi cette hypothèse est-elle entretenue alors ? 

On ne peut exclure par principe au niveau fédéral une coalition qui existe et fonctionne au niveau local, dans la Ville-État de Berlin.. Mais c’est également un moyen de faire pression sur les Libéraux au lendemain de l’élection. Le scénario le plus probable actuellement est qu’il sera nécessaire pour le prochain Chancelier de s’allier avec les Verts, mais aussi avec les Libéraux. Pour que les Libéraux ne se trouvent pas dans une situation de négociation trop favorable, M. Scholz a intérêt à entretenir la possibilité d’une alliance alternative avec l’extrême-gauche. Cela atténue le poids des Libéraux. 

Même si elle est donc très peu probable, quelles seraient les conséquences d’une alliance Rouge Vert Rouge sur l’économie ? 

Elle serait énorme car il y a au sein de ces forces, une vraie volonté de transformation profonde de l’Allemagne. Après 15 années attachées à renforcer les bases de la compétitivité allemande, il y a en Allemagne un nouveau discours sur la répartition de la richesse et une envie d’une politique plus redistributive. Les propositions faites par le SPD et par les Verts de revoir la taxation des très hauts patrimoines etdes héritages ou d’instaurer un salaire minimum à 12 euros, traduisent une volonté d’instaurer une politique beaucoup plus redistributive que celle menée ces seize dernières années. 

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L’Allemagne post Merkel va-t-elle continuer à payer pour l’Europe ?

Il y a de grandes inquiétudes qui sont exprimées par les milieux économiques et notamment par le BDI. Ils ont analysé les conséquences d’une réinstauration de l’impôt sur la fortune qui a été supprimé sous Kohl et qui risquerait de provoquer des fuites massives de capitaux avec une fragilisation de l’Allemagne comme lieu de production. La politique redistributive pourrait donc fragiliser le moteur économique allemand. D’un autre côté, l’élévation du SMIC ne changerait rien car le vrai problème de l’Allemagne est le manque de main-d'œuvre et cela pourrait plutôt attirer des forces vives nécessaires à l’économie. 

Le frein à l’endettement cher à l’Allemagne depuis des années pourrait-il être questionné ? 

Bien évidemment et il faut voir que, même dans le camp conservateur, le consensus à ce propos tend à se fragiliser. La conscience d’un sous investissement devenu problématique en Allemagne parcourt tous les partis. s. Le sous investissement dans les infrastructures est systématiquement dénoncé. Et pour faire face à la pandémie, dans la mesure où les fonds propres des entreprises sont largement affaiblis, avec un défi environnemental et numérique très intensif en capitaux, il est indispensable d’investir davantage. 

Que pourrait changer la politique économique de cette nouvelle coalition pour l’Europe ? 

Il sera intéressant de voir si le retour des sociaux-démocrates allemands renforce les partis sociaux-démocrates européens... La coopération dans le domaine militaire, au niveau européen, serait sans doute difficile avec une coalition rouge-rouge-verte, profondément antimilitariste. Incontestablement, l'arrivée d’une telle coalition pourrait déboucher sur un assouplissement des règles budgétaires européennes.  Mais rappelons que même un gouvernement Rouge Vert Rouge serait capable de faire la différence entre dépenses et investissements. Or le problème que l’on a en Europe est que l’on a tendance trop vite à considérer qu’une politique Keynésienne passe par le fait d’injecter de l’argent public dans l'économie alors quedes réformes préalables sont indispensables pour transformer ces dépenses en investissements utiles.. 

Cette nouvelle coalition pourrait-elle améliorer les investissements public dont l’Allemagne a besoin ? 

Je crois en effet que l'arrivée d’une telle coalition se traduirait par un renforcement de l’administration allemande.  Les chiffres montrent que l’administration allemande est faible notamment sur le numérique par rapport à la France. Or le renforcement de l'administration apparaît comme un préalable pour permettre à l’Allemagne d’investir davantage. C’est un peu la situation inverse en France... 

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