Réouverture partielle : attention au sevrage des aides <!-- --> | Atlantico.fr
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Une manifestation de soutien aux restaurateurs face à l'impact économique de la crise sanitaire.
Une manifestation de soutien aux restaurateurs face à l'impact économique de la crise sanitaire.
©NICOLAS TUCAT / AFP

Restaurants, bars, salles de sport, cinémas...

Nombre de restaurants et de commerces ont reçu des aides indexées sur leur chiffre d’affaires, la fin brutale de celles-ci n’est pas adaptée à une situation sanitaire qui ne permettra que la reconstitution partielle de leur chiffre d'affaires antérieur.

Atlantico : Alors que la réouverture partielle de certaines entreprises et notamment des restaurateurs s'amorce, certains estiment qu'ils ont plus à gagner en restant totalement fermé et en touchant des aides. Comment expliquer cette situation ?

Sébastien Laye : La réouverture d'une activité , au delà de la diversité des secteurs, implique le retour de frais fixes voir des ré-embauches. A moyen terme, celà signifie aussi la fin des mesures d'aides, devenues non justifiées, comme le chomage partiel ou l'accès aux PGEs (meme si le gouvernement est en train d'étendre leur guichet jusqu'à la fin de l'année). Les couts sont donc indéniables. Si c'est pour ouvrir en vue de récupérer des revenus proches du niveau pré-pandémie, c'est le jeu normal de la vie des entreprises qui reprend. Or la réouverture des commerces et des restaurants sera graduelle, sur plusieurs mois et en plusieurs phases. Initialement, les restaurants pourront ouvrir leurs terrasses, puis fonctionneront à 25% de leur capacité (distanciation sociale). Ce ne sera pas avant de longs mois que les restaurants en milieu urbain pourront opérer à 100% de leur capacité, et ce quel que soit le résultat de la campagne de vaccination. Dès lors, d'un point de vue purement économique, face à de maigres revenus, il est irrationnel de rouvrir en perdant les aides et en se rajoutant des frais fixes à couvrir. Mais on touche là aussi du doigt l'effet pervers du dispositif d'aides, qui pour l'instant est peu incitatif à la reprise d'activité.

Quel type d'entreprise est amené à se retrouver dans cette situation inconfortable ?

Principalement les restaurants, les bars, les salles de sport et les cinémas; typiquement un cinéma ne peut couvrir ses frais fixes si sa salle est à moitié vide. On notera aussi les entreprises du secteur aérien, les hotels, meme si ces derniers ont su gérer la réouverture pendant une phase de décrue de la pandémie l'été dernier avec succès. Les avions arrivent aussi à voler en faible capacité pour un temps. Tout dépend de la durée des mesures de restriction après la ré-ouverture et de la rapidité de la montée en puissance du dispositif. Aux Etats Unis et particulièrement en milieu dense urbain à New York, il aura fallu entre deux et trois mois, sur fond de vaccination rapide, pour atteindre par exemple 75% de capacité autorisée pour les restaurants.

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Quelle serait donc la solution ? Que ces entreprises restent fermées en attendant une amélioration sanitaire ? Ou mettre en place une aide graduée selon les établissements ?

La solution est de rendre la ré-ouverture toujours plus intéressante économiquement que la fermeture de commerces avec maintien d'aides, à chaque fois que celà est possible d'un point de vue sanitaire. Le retrait des aides ne doit donc pas etre brutal mais proportionnée à la réouverture. Un restaurant qui ouvre à 25% de sa capacité perd toujours 75% de son chiffre d'affaires potentiel, et n'a pas besoin des 2/3 de son staff: jusqu'aux 100% d'activité, la part proportionnelle des aides doit etre maintenue. Il ne s'agit pas d'ailleurs selon moi, d'aides, mais bien d'indemnités pour fermeture administrative. Si la capacité d'un restaurant est limitée à 25%, il est toujours bien en situation de fermeture administrative partielle, et doit donc etre dédommagé comme tel et sur ce pro rata.

Y a-t-il des enseignements à tirer des pays ayant déjà entamé une réouverture de leur économie ?

Je citais l'exemple américain. Mieux vaut ouvrir tôt meme partiellement, en accompagnant le processus d'ouverture par les entreprises, plutot que de les laisser décrocher : chaque jour qui passe sans réouverture partielle des restaurants, se solde par des entrepreneurs qui abandonnent la partie et préfère déposer le bilan. D'ici à l'été, c'est une course contre la montre qui est engagée.

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