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PS : Montebourg/Valls, la guerre des "quadras" aura bien lieu
©Reuters

Bonnes feuilles

Après la guerre Mitterrand-Rocard, puis le duel Jospin-Fabius, le parti socialiste se prépare à un nouveau combat de grands fauves politiques entre Manuel Valls et Arnaud Montebourg. Seuls rescapés de cette génération des ambitieux du PS, laminée par les éléphants et par l'épreuve du pouvoir. Extraits de "Monteboug / Valls, la nouvelle guerre des Deux-Roses" de Christine Ollivier aux éditions First (1/2)

Christine Ollivier

Christine Ollivier

Journaliste politique au JDD.

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« Et pour accueillir nos invités, je vous invite au traditionnel ban bourguignon ! » Chemise blanche entrouverte, manches retroussées, Arnaud Montebourg pose son micro et entonne l’hymne régional. Autour de la tablée dressée sous une immense tente, on chante à pleins poumons, on tape dans ses mains. Ce 26 août 2007, l’ambiance est à la franche camaraderie à Frangy-en-Bresse, pour la « Fête de la rose » organisée chaque année, au milieu des champs, par le député de Saône-et-Loire.

Montebourg – « Arnaud », disent les gens du cru – est en terrain conquis. Ce qui était à l’origine la fête communale de ce bourg de 642 âmes est devenu un rendez-vous politique incontournable dont il est le maître de cérémonie, une étape obligée de la rentrée socialiste à une semaine de l’université d’été de La Rochelle. C’est Pierre Joxe, lorsqu’il était encore député de la Saône-et-Loire, qui a eu l’idée en 1973 d’instituer cette fête, l’avant-dernier dimanche d’août. D’abord strictement local, l’événement commence à attirer les journalistes parisiens lorsqu’il prend en 1981 la présidence du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, puis entre au gouvernement. Arnaud Montebourg relance la tradition, tombée un peu en désuétude dans les années 1990, quand Pierre Joxe lui transmet le flambeau en 1997. Il y apporte sa touche personnelle : la fête qui distinguait chaque année une personnalité en vogue du Parti socialiste devient surtout l’occasion de faire son autopromotion. Mais il a beau profiter de cette tribune pour dire tout le mal qu’il pense du parti, les ténors du PS continuent à se succéder à Frangy. Dès 1998, le premier secrétaire François Hollande est son invité. Puis viendront Élisabeth Guigou, Pierre Moscovici, Marylise Lebranchu, Bertrand Delanoë, Jack Lang, Hubert Védrine… La fête de 2006 donna lieu à une cohue de journalistes comme on n’en avait jamais vu de mémoire de Bressans. Il fallut même exfiltrer l’invitée d’honneur Ségolène Royal, contrainte de passer par les cuisines pour échapper aux caméras.

Au menu de l’édition 2007 : les traditionnelles saucisses-lentilles – elles seront remplacées plus tard par du poulet de Bresse, « made in France » oblige – et tout le gratin de la nouvelle génération socialiste rescapée de cette année de défaite électorale pour la gauche. Il y a là le député de la Nièvre Gaëtan Gorce, l’ambitieux Manuel Valls, la jeune Aurélie Filippetti, élue en Moselle, mais aussi la strauss-kahnienne Sandrine Mazetier et Philippe Martin, un proche de Laurent Fabius. Ségolène Royal n’a pas été conviée cette fois. Car les « jeunes lions » se sont faits chasseurs d’éléphants. Ils sont entrés en guerre contre le PS. Le parti est « miné par le sectarisme de son appareil, sclérosé, coupé de la diversité de la société », accuse Manuel Valls cet après-midi-là. Pour lui, comme pour ses nouveaux amis, il y a urgence à « dépasser ces courants » et ces « débats dépassés, obsolètes et qui ne sont là que pour préserver des clans et des écuries présidentielles, pour que rien ne change ».

Chez les quadras, la colère gronde depuis la défaite de Ségolène Royal face à Nicolas Sarkozy, trois mois plus tôt. C’est le troisième échec consécutif de la gauche à l’élection présidentielle. Une nouvelle fois, ils voient le pouvoir leur échapper et enragent. Nicolas Sarkozy élu, ils risquent fort de devoir encore attendre dix longues années une possible alternance. Il sera peut-être alors trop tard pour eux. Du coup, au soir du premier tour des législatives, le 10 juin 2007, Manuel Valls s’est lâché. Le député de l’Essonne s’est fait quelques ennemis de plus en s’agaçant des rumeurs qui courent alors sur une séparation imminente de l’ex-candidate et de son compagnon, le premier secrétaire du PS, François Hollande. « J’en ai assez que la vie politique, et notamment celle de mon parti, tourne autour de la vie d’un couple ! » En coulisse, la rébellion s’organise déjà.

Dès le mois de juin, le député Gaëtan Gorce a écrit à une quinzaine de représentants socialistes de la jeune génération, de Christophe Caresche à Arnaud Montebourg et Manuel Valls, en passant par Vincent Peillon ou Patrick Bloche, pour les enjoindre à dépasser les logiques de courants. Il leur propose de faire une déclaration commune, au soir du second tour des élections législatives, « pour en appeler à la mise en place d’un mouvement rénovateur ».

« Il fallait que les gens appartenant à notre génération se réunissent, et qu’on tire les leçons de la période précédente, explique-t-il. Celle-ci avait montré qu’à force de se diviser entre différents candidats et différents courants, comme cela avait été le cas jusque-là, nous ne pesions pas dans les choix politiques, en réalité. Arnaud Montebourg l’avait bien montré avec l’échec de sa démarche du NPS. Or, nous ne pouvions pas rester sur une défaite supplémentaire. Tout le retard pris à faire bouger les lignes au sein du parti, à travailler sur son organisation, sur ses idées, devait être rattrapé d’arrache-pied et il fallait se réunir pour le faire. C’est uniquement en nous réunissant que nous pourrions peser. »

Extraits de "Monteboug / Valls, la nouvelle guerre des Deux-Roses" de Christine Ollivier aux éditions First (1/2)

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