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Pourquoi les ados et étudiants ont bien plus à gagner d'un job d'été que de l'argent de poche
©Jean-Pierre Dalbéra/Flickr

Sea, Sex and Work

Les jobs d'été attirent encore et toujours de nombreux étudiants en quête d'expérience et d'argent pour les vacances ou pour leurs études. Si les jobs comme vendeur sur la plage, bénévole dans une association ou animateur font rêver les jeunes, de nombreux autres métiers, en apparence moins glamours, permettent aux étudiants de se faire une idée du monde du travail et de sa dureté.

Jennifer Vigneron

Jennifer Vigneron

Jennifer Vigneron est directrice du développement à Jobmania.

Jobmania est l’Agence de recrutement spécialiste de la population étudiante présente dans les universités et les écoles post-bac de France métropolitaine. Chaque jour nous accompagnons nos clients dans leur stratégie de communication RH, et dans leur recrutement d’étudiants en job, stage, contrat en alternance ou 1er emploi. De nombreuses entreprises nous font confiance et profitent chaque jour de nos 4B : le Bon nombre de Bons profils au Bon endroit au Bon moment.

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Carole Avelines

Carole Avelines

Carole Avelines, étudiante en école de commerce à l’IESEG (School of Management). Elle travaille chez StudentJob France à Amsterdam. StudentJob International est le plus grand portail d’emploi européen (présent dans 8 pays) pour étudiants et jeunes diplômés à la recherche d’emplois à temps partiel, de jobs d’été, de stages ou d’emplois jeunes diplômés.

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Atlantico : Pendant les grandes vacances, les jeunes qui en ont les moyens peuvent consacrer leurs vacances à leur passion, en partant surfer à l'autre bout du monde par exemple, ou s'engager en tant que bénévoles pour une cause qui leur tient à cœur. Mais certains préfèrent prendre un petit job pour l'été. Quel est l'intérêt de ce dernier choix, même lorsqu'on n'a pas spécialement besoin d'argent ? En quoi peut-il se révéler plus enrichissant et constructif pour l'avenir ?

Jennifer Vigneron: Il est vrai que beaucoup d’étudiants choisissent de faire un job d’été pour gagner de l’argent, que ce soit pour financer leurs études ou leurs sorties mais ce n’est pas le seul objectif. Il peut s’agir de faire ses premiers pas dans le monde professionnel mais aussi de définir ou d’affiner son projet professionnel ce qui a été le cas pour moi. Que ce soit dans le cadre de son parcours et de sa formation ou non, on peut également étoffer son CV. Un job d’été peut aussi être l’occasion de se perfectionner dans une langue étrangère voire même de partir au soleil. 

Carole Avelines : Je dirais que si la raison principale n’est pas le salaire pour pouvoir épargner ou payer ses études, le choix d’effectuer un job d’été viserait à acquérir de l’expérience professionnelle. En effet, une expérience professionnelle est toujours bénéfique, quel que soit le secteur choisi, cela prouve que l’étudiant est proactif et cherche à apprendre davantage en mettant à profit son temps libre. Un job d’été est toujours enrichissant pour l’avenir d’autant plus s’il est réalisé à l’étranger pour améliorer l’apprentissage des langues ou dans un secteur clé pour l’avenir de l’étudiant ; il pourra donc mentionner cette expérience afin d’atteindre l’objectif professionnel qu’il s’est fixé.

Quels sont les critères sur lesquels devraient se fonder le choix d'un job d'été ?

Jennifer Vigneron: Ces critères vont être très différents en fonction de ce que l’on recherche. Si l’objectif est de gagner de l’argent, ce qui est le cas pour une grosse majorité des étudiants, certains postes vont plus répondre à ce critère-là :

- Des postes avec des horaires décalés ou difficiles (soirée, nuit etc…) comme dans l'hôtellerie ou la restauration vont être mieux rémunérés.

- Des postes à la commission, comme le télémarketing ou les métiers de la vente. Attention toutefois car si elle peut être très avantageuse, la rémunération à la commission peut s’avérer inférieure au SMIC en fonction de ses résultats.

- Des jobs exigeant la maîtrise d'une langue étrangère (hôte(sse) d'accueil, serveur(se),...) ou une formation (de type BAFA par exemple) vont souvent être mieux rémunérés car ils exigent des compétences supplémentaires.

La proximité géographique est également un critère très important pour les étudiants car elle permet d’éviter des frais de transport ou de logements. Si la recherche de l’étudiant est orientée sur la découverte du monde professionnel, l’objectif sera de chercher le domaine qui l’intéresse et l’expérience qu’il pourra mettre en avant sur son CV. S’il s’agit de ce dernier point, ce que nous conseillons à l’étudiant, c’est de bien réfléchir à son projet professionnel, à son parcours, à sa formation, à ses envies et connaissances. Un job d’été peut permettre d’étoffer son CV mais également de faire des choix. Un job d’été peut nous donner la possibilité de découvrir un métier ou un secteur et de voir si cela nous intéresse ou non. Ces critères sont à définir en fonction de ce que l’on attend d’un job.

Carole Avelines : Tout dépend des raisons qui poussent un étudiant à trouver un job d’été. Cela peut être pour des raisons financières afin de mettre de l’argent de côté et/ou financer la suite de ses études. Il peut choisir de travailler l’été pour ajouter une nouvelle expérience professionnelle à son CV et dans ce cas l’expérience doit être en lien avec le projet professionnel de l’étudiant. Cela peut aussi avoir pour but d’améliorer les langues si l’étudiant réalise un job d’été à l’étranger. L’étudiant peut également choisir de travailler pour une association ou une organisation à but non lucratif afin d’ajouter une expérience en volontariat à son CV. Ainsi, les raisons peuvent être très variées, et quelles que soient ces raisons, on ne reprochera jamais à un étudiant d’avoir voulu trouver volontairement un job d’été et c’est donc à lui de justifier cette expérience auprès des futurs recruteurs en citant justement la raison principale qui l’a poussé à trouver cet emploi.

Dans quelle mesure est-il préférable de travailler dans un domaine qui correspond à son domaine de compétence présent ou futur, ou au contraire, de se confronter à un environnement qu'on ne connaît pas forcément ? Pourquoi ?

Jennifer Vigneron : Rares sont les étudiants qui trouvent un job d’été s’inscrivant dans la continuité de leurs études. Certaines filières recrutent d’avantage selon l’époque de l’année, comme le secteur agricole avec la cueillette ou les vendanges. Pour ceux qui ont la chance de vivre près des côtes, il peut y avoir des postes liés à l’hôtellerie, la restauration ou des postes de plagistes etc… Il y a aussi les filières liées à l’animation, à la garde d’enfants ou la grande distribution qui recrutent énormément. Ce que l’on remarque, c’est que les entreprises de la restauration rapide ou de la garde d’enfants, vont privilégier les étudiants à la recherche d’un job étudiant en parallèle de leurs études, qui peut très bien débuter durant un job d’été. Cela permet aux étudiants de trouver un travail de ce type plus facilement.

A l’inverse, les candidats qui ne sont disponibles que durant la période estivale auront moins de possibilités. Pour trouver un job dans la filière qui nous intéresse, il s’agira d’un choix plus ciblé des entreprises. Soit on cible une entreprise soit on cible un poste. C’est quelque chose auquel les étudiants ne pensent pas forcément mais on peut cibler une entreprise qui peut s’avérer intéressante pour un futur stage ou un emploi même si le job d’été n’est pas lié au futur stage ou à l’emploi visé. Un job, quel qu'il soit et peu importe son lien avec notre projet est toujours un atout pour développer une compétence. Un séjour à l’étranger peut permettre de développer son niveau d’anglais même si on est dans en Ecole d’ingénieur par exemple. On peut aussi envisager, en particulier pour ceux qui effectuent leur premier job d’été, de se lancer dans des études liées à ce premier travail. »

Carole Avelines : Encore une fois, je dirais que cela dépend des intentions de l’étudiant. S’il possède un projet professionnel déjà détaillé et qu’il sait exactement le métier qu’il souhaite faire plus tard, il est mieux d’opter pour un job étudiant qui se situe dans ce secteur en particulier afin de témoigner de son expérience pour être embauché plus facilement au poste souhaité ensuite. Dans le cas inverse, si l’étudiant ne sait pas encore quel métier il souhaite faire plus tard et vers quels secteurs s’orienter, cela peut être bénéfique pour lui de toucher à plusieurs métiers pour se faire une idée de chaque emploi et décider ensuite vers lequel s’orienter. L’étudiant peut par la même occasion justifier ce choix par la volonté d’élargir ses compétences à d’autres domaines encore inconnus pour lui et qu’il souhaitait découvrir.

Quels sont les éventuels risques liés à un choix de job d'été pas forcément en lien avec notre expérience ? Un job d'été qu'on pourrait considérer comme "peu valorisant" peut-il tirer vers le bas une candidature pour une grande école si l'on ne possède que cette expérience par exemple ?

Jennifer Vigneron : Tout dépend de la façon dont on valorise ces missions-là. Si on prend l’exemple d’éboueur ou d’autres petits boulots qu’on a effectué plus pour gagner de l’argent plus que par intérêt pour le métier, cela attire l’œil d’un recruteur, surtout si on a peu d’expériences. Dans le cas d’un poste d’éboueur, cela montre que l’étudiant a fait preuve de débrouillardise ou d’investissement. Du point de vue du recruteur, on peut observer la capacité du candidat à s’intégrer, prendre des responsabilités ou faire preuve d’endurance et de dynamisme par exemple. Les Ecoles et les Entreprises vont avant tout rechercher un savoir-être. Ce qui est très important lorsqu’il s’agit de se différencier alors qu’on ne possède que très peu d’expérience, c’est de mettre en avant nos valeurs, notre motivation, notre endurance, notre sens du contact ... en utilisant des exemples concrets de situations rencontrées lors de ce job d’été.

Jobmania fait également du coaching de CV pour les étudiants, et ce qu’on leur dit très souvent, c’est que même dans les secteurs de la restauration, de la prospection ou des cours particuliers, il faut mettre en avant des résultats. Lorsque l’on a donné des cours particuliers, on va pouvoir expliquer l’évolution de l’élève. Dans la prospection, on va parler d’un objectif de nombre d’appels, des résultats qu’on a obtenu. Si on a été plongeur dans un restaurant, l’objectif est de montrer son évolution au sein de l’entreprise. “J’ai commencé par la plonge, mais comme le travail se passait bien, on m’a laissé la main sur le service, puis sur le bar etc…” Cela prouve que l’entreprise a fait confiance à l’étudiant. Quand son expérience devient un peu plus conséquente, on va pouvoir garder les expériences plus significatives mais lorsque que l’on ne possède que l’expérience d’un job d’été, l’important est de savoir la valoriser.

Carole Avelines : Il n’y a pas forcément de risque à réaliser un job d’été qui n’est pas tout à fait en lien avec le parcours professionnel ou le domaine d’étude, puisque comme dit précédemment, il est toujours possible de justifier son choix ensuite. En effet, une expérience comme "éboueur" ou "livreur de pizza" ou encore "femme de ménage" n’est pas dégradante même pour un étudiant en école de commerce car il peut toujours justifier l’expérience en énumérant des raisons financières par exemple ; ou encore en argumentant qu’il voulait expérimenter par lui-même des métiers situés au bas de l’échelle pour mieux comprendre les challenges du monde d’aujourd’hui ou pour se motiver à poursuivre ses études afin d’avoir accès à des métiers plus qualifiés.

A titre d’exemple et en vous faisant part de mon expérience professionnelle en tant qu’étudiante, j’ai dû réaliser 4 stages en entreprise au cours de mon cursus sur 5 ans en école de commerce à l’IESEG. Le stage en première année doit être un "stage ouvrier", à savoir tous les métiers qui se situent en bas de l’échelle. Le stage de deuxième année concerne la vente et doit être effectué en tant que vendeur dans un magasin. Puis au fur et à mesure du temps, on gravit les échelons pour réaliser un stage opérationnel en 3ème année, comme par exemple : Assistant Manager Marketing ; pour finir par un stage cadre en fin de cursus qui consiste à réaliser le travail d’un vrai manager. Ainsi, même en étant en école de commerce, on peut justifier ce choix en argumentant qu’il est bon de toucher à tous les niveaux dans une entreprise et surtout de connaître les conditions de travail des différents emplois pour pouvoir mieux manager ses employés et trouver des solutions adéquates.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

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