Pourquoi la colère peut vous faire prendre de meilleures décisions<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Insolite
La colère, au travail par exemple, peut être source de saine émulation
La colère, au travail par exemple, peut être source de saine émulation
©Reuters

Coup de gueule

L’étude n’est pas tout à fait récente, puisqu’elle date de 2011, mais reste toujours valable. Tirée d’un livre de Maia Youg, professeur de management et d’organisation dans une célèbre école de Los Angeles, elle traite de l'effet de la colère sur notre rationalité. Les résultats devraient en surprendre plus d'un.

S’il est bien des choses, ou plutôt des sentiments humains qui seront toujours d’actualité, la colère est assurément l’un d’eux. Il y a deux ans, Maia Young publiait un ouvrage, "Mad enough to see the other side : Anger and the search for disconfirming information" pour tenter d’apporter un éclairage sur cette réaction bien particulière de l’être humain : la colère. Ce professeur à l’UCLA Anderson, école réputée de management à Los Angeles, aux Etats-Unis, illustre par le biais de plusieurs exemples les réactions que peut provoquer chez nous un courroux, un emportement ou un mécontentement. Et contrairement à la croyance populaire, la colère ne provoquerait nécessairement ni l'aveuglement ni l'agressivité.

Imaginez une pièce dans laquelle sont enfermées quatre personnes calmes et une en colère. Qui, a priori, des deux entités présentes, l'une collégiale et calme, l'autre unilatérale et en colère, vous apparait comme pouvant prendre la décision la plus rationnelle ? La réponse est surprenante puisque, selon l’étude, la personne indignée sera celle qui sera capable de prendre une juste décision. Pourquoi cela ? Car le quatuor sera moins enclin, avec son calme, à chercher l'affrontement et donc des informations qui aillent contre son opinion actuelle.

La professeur a tenté l’expérience et a voulu démontrer sa théorie à une centaine de ses élèves auxquels il fut demandé de raconter un moment de leur vie qui les avait mis très en colère pour un premier groupe, les avait rendu très tristes pour un second et un moment d'une grande banalité pour le dernier groupe. L'idée étant de les replonger, au moins en partie, dans un état proche du sentiment en question. La deuxième étape, n'ayant aux yeux des étudiants aucun lien avec la première, pouvait commencer. Le sujet choisi : le kit mains libres est-il dangereux ou non pour la sécurité ? Les élèves avaient bien évidemment leur opinion forgée avant même de connaitre la question. A partir de cela, huit articles leur était soumis, avec des positions pour et d’autres contre l’utilisation de l’oreillette au volant. Ils ne devaient en lire que cinq d’entre eux. En grande majorité, les étudiants se sont tournés vers les articles allant dans le sens contraire de leur position étaient ceux qui étaient "en colère". Et, après la lecture, leurs opinions d’origine ont été largement remises en cause dans le débat.

Autre (ancien) exemple utilisé pour l’ouvrage : le test du choix du candidat à la présidentielle de 2008 ayant vu s’affronter Barack Obama et John Mac Cain : là encore, les élèves supposés avoir été mis en colère se dirigeait plus largement que les autres vers les articles allant soutenant le candidat non désiré à la Maison Blanche. Les chercheurs appellent cela un mouvement "contre la tendance" qui correspond à une recherche d'affrontement qui n'est pas le fait d'un débat précis mais d'une envie générale.

Ces résultats ont fait penser à Maia Young et à son équipe que ces comportements infirmaient l’hypothèse que la colère rend agressif, et au contraire, plus rationnel. Et que ces mêmes résultats permettaient à celles et ceux qui se sentaient en colère d’avoir une meilleure information au sujet de leur animosité.

Cependant, les chercheurs ont reconnu qu’il était irréaliste de mettre les gens en colère afin d’améliorer leur prise de décision. Mais, toutefois, si un individu est « en rogne » lors d’une réunion de travail, il serait le mieux placé pour être l’avocat (même du diable) d’une cause ou de quelqu’un. Ce qui se conçoit en effet plus facilement. Attirer la foudre au cœur d’une réunion, et donc mettre des gens en colère, permettrait d’exposer au mieux les différents points de vue et de les comprendre, et d’ainsi, obtenir des décisions plus rationelles. Indignez-vous !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !