Edito
Pourquoi la Bourse se montre euphorique malgré la conjoncture molle
Cette politique de l’argent facile a toutefois un revers. Dans l’euphorie qu’elle engendre, elle tend à émousser les volontés de réformes, en donnant à penser aux gouvernements qu’ils disposent de temps pour modifier des structures qui sont pourtant au bout du rouleau.
Le rôle de la Bourse est d’anticiper. Il faudrait donc s’attendre à des lendemains qui chantent si l’on se fie à la brutale euphorie qui s’est emparée des bourses mondiales. New York, malgré un niveau élevé des actions, continue de voler de record en record. Tokyo s’est réveillé et annonce chaque jour des gains supplémentaires depuis plusieurs semaines. En Europe, les places financières qui risquaient de terminer l’année dans le rouge, sont redevenues positives. Bref, partout, les ombres qui planaient sur l’économie internationale paraissent se dissiper. Le sentiment général a brusquement évolué et on peut en trouver la source dans l’élection de Donald Trump à la tête des Etats-Unis. Ce personnage hors du commun est à l’origine d’un changement de mentalité qui se transmet peu à peu d’un marché à l’autre. Une nouvelle prise de conscience se fait jour : celle que les risques largement étalés dans la presse depuis le début de l’année ont été surestimés. Ainsi le Brexit n’a toujours pas mis la Grande-Bretagne à genoux et l’on ignore toujours la forme qu’il prendra.
De même la crise italienne, qui faisait craindre un risque majeur pour la cohésion européenne paraît pouvoir être maîtrisée. Certes, les banques de ce pays continuent d’avoir une forte fièvre, mais Mario Draghi, le président de la banque centrale européenne vient d’annoncer une série de mesures qui montrent que le pilote de la finance du vieux continent est toujours à la manœuvre. Alors que l’institut d’émission a déjà jeté sur le marché 1700 milliards d’euros depuis mars 2015 pour soutenir l’activité, il va encore ajouter 540 milliards d’ici mars 2017 pour favoriser une croissance qui reste toujours aussi molle et faire remonter l’inflation et les taux d’intérêt.
En continuant ainsi de ponctionner les marchés obligataires, la BCE incite les détenteurs d’obligations à se défaire de leurs titres et ceux-ci se portent tout naturellement sur les marchés d’actions, qui ont amorcé un mouvement de hausse qui paraît irrésistible à court terme, malgré les niveaux déjà élevés sur certains titres. De sorte que l’on observe un rallye de fin d’année qui sera bénéfique pour les comptes des sociétés ou des particuliers.
Cette politique de l’argent facile a toutefois un revers. Dans l’euphorie qu’elle engendre, elle tend à émousser les volontés de réformes, en donnant à penser aux gouvernements qu’ils disposent de temps pour modifier des structures qui sont pourtant au bout du rouleau. Une tendance qui est accrue par la cascade d’élections générales qui vont marquer l’année 2017, notamment en France et en Allemagne. Alors que le statu quo dans le changement freine l’accélération de la croissance que l’on voudrait encourager. Et pour notre pays, un nouveau risque se fait jour, celui d’une plus grande méfiance vis-à-vis de la dette, qui pourrait conduire à une augmentation plus rapide des taux à l’approche de l’élection présidentielle, au grand dam du Trésor qui sera obligé dé débourser davantage pour honorer des échéances plus lourdes. Sans compter que le danger subsiste d’un retournement des marchés si la fuite en avant opérée par les Bourses mondiales avec la bénédiction de Mario Draghi ne s’accompagne pas rapidement d’une accélération de la croissance : un souhait qui reste encore du domaine du pari.bourse
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