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Plan de déconfinement : ces mesures sans lesquelles nous ne pourrons pas limiter la deuxième vague
©MEHDI FEDOUACH / AFP

Repères

Alors que Jean Castex, le "monsieur Déconfinement" du gouvernement, doit présenter ce lundi le cadre général du plan qu'il supervise, voilà les critères à surveiller pour ne pas rater le retour à une vie (un peu plus) normale.

Pour réussir à diminuer au maximum les risques d’une nouvelle vague (retarder le plus possible le délai d’apparition, et en faire une vaguelette), pour réussir au mieux le déconfinement et ce dès maintenant, surtout avant le 11 mai, afin de casser l’épidémie.

Il faut pour chacun de nos concitoyens, en plus de respecter les mesures de distanciation sociale et les gestes barrière :

- Porter un masque (alternatif ou chirurgical)

- Dépister le plus possible (PCR et tests sérologiques)

- Isoler les formes positives et les cas contacts (à dépister)

- Les traiter pour moi au début de la maladie (en particulier pour diminuer la période contaminante)

- Mettre en quarantaine (20 jours, vingtaine) les cas COVID + et faire : PCR, Clinique, Scanner, sérologie si IgM

- Et tracer les cas + par de nombreuses équipes spécialisées (3 à 4 personnes) pistant les contacts et   par application smartphone sur la base du volontariat +++

- Déconfiner le 11 mai avec conseils de prudence +++, d’autant plus pour les régions très contaminées pour les plus de 65 ans avec des maladies associées favorisant le Covid-19 et aussi pour les obèses quel que soit leur âge surtout pour les obésités sévères (IMC sup à 35) et morbides (IMC sup à 40).

À lire également : Plan de déconfinement : ces mesures sans lesquelles nous ne pourrons pas limiter la deuxième vague- partie 2

Les Masques :

Il faut porter un masque (pas plus de 4 h pour le même) à l’extérieur de chez soi (transports, magasins, bureau, rues …) bref tout le temps. (avec solutions hydro alcooliques, avant et après le port, sur les mains)

Et pourquoi :

- Si les masques ne protègent pas, pourquoi les soignants en ont-ils besoin ? C’est bien pour se protéger des malades déjà infectés.

- Ainsi, il est affirmé que si le port du masque empêche les contaminés de contaminer les autres, il ne protège pas un non-contaminé d’une contamination : tiens donc, le masque serait alors asymétrique ?

- C’est seulement en mettant un masque à chacun, que les contaminants sains, asymptomatiques ou paucisymptomatiques ne contamineront plus. 

- Dangereux de le toucher ! Mais si la face externe du masque est souillée, cela veut dire que son porteur a ainsi évité d’absorber les virus qui s’y sont fixés : sans masque, il aurait été à coup sûr infecté.  Enlever son masque par les élastiques sans le toucher, puis le jeter et se laver les mains serait une opération demandant une formation spéciale !! 

- Si chacun donc portait un masque, beaucoup moins de surfaces seraient souillées et par voie de conséquence beaucoup moins de gens en seraient contaminés. 

- Complexe la fourniture de masques ? Il ne s’agit tout de même pas de produire des objets de hautes technologies demandant des infrastructures lourdes et complexes, il n’est question que de masques !  (cf. plaidoyer pour les masques par mon ami Serge Galam, physicien au CNRS)

- Porter les masques : dans les endroits confinés bien sûr, mais aussi dehors.  Lorsqu’on tousse, les grosses gouttelettes (nos postillons !) tombent ainsi rapidement par terre.  En parlant avec un ou plusieurs interlocuteurs, le danger vient en revanche des centaines de plus petites gouttelettes, dont la taille s’est réduite dans l’expérience  jusqu’à  20 millièmes de millimètre. À cette échelle, les particules projetées sont si légères qu’elles flottent dans l’air pendant plusieurs secondes, et restent à hauteur de visage. Un effet particulièrement durable lorsqu’il a lieu dans un endroit clos et peu aéré. D’où l’importance du port du masque et de respecter la distance sociale de 2 mètres.

- Plus grave encore, comme le fait dans le NEJM une autre étude parue le 16 avril, dans l’air ,la durée de vie du virus peut s’élever jusqu’à 3 heures (effets aérosols et aussi études japonaises, chinoises)

- Donc comment en trouver ? En particulier pour la population mais aussi pour les soignants.

- Il faut décentraliser au maximum !  La gestion des moyens de protection dont les masques par l’Etat centralisateur, par les administrations, a montré totalement son inefficacité, en générant l’insupportable pénurie de matériel qui persiste.

- Il faut laisser les maires, les communes, les départements, les régions, les entreprises, les commerces, les pharmacies commander et vendre des masques de tous ordres - chirurgicaux et alternatifs (ils réclament de le faire, ils ont les possibilités et on leur interdit administrativement !) car pendant ce temps l’épidémie continue, bien que décroissante.

Je rappelle qu’il faut qu’il y ait 2 500 à 3 500 lits de réanimation seulement occupés pour être serein pour déconfiner. Et c’est un objectif impératif.

Toutes les initiatives, quel que soit l’échelon, doivent être mises en pratique et exécutées dès maintenant sans attendre de quelconques autorisations qui ne feront que retarder les actions pour casser cette épidémie.

Enfin, il faudra rendre des comptes à tous niveaux, et expliquer pourquoi depuis le 25 janvier, date du premier cas en France, soit 3 mois après le début de l’épidémie, on manque cruellement de masques (« inutiles » le 13 mars pour la population et maintenant depuis le 16 avril utiles pour celle-ci et bientôt obligatoires dans les transports publics et certainement ailleurs en particulier les commerces... ?

La gestion des stocks depuis 2010, 2012 sera aussi envisagée après. Et là aussi sur cette incurie, il faudra rendre des comptes à tous niveaux.

- Dépister le plus possible !  C’est fondamental pour encore une fois casser l’épidémie !

Comment :  

- Par PCR (La méthode standard de diagnostic consiste à effectuer une réaction en chaîne par polymérase (PCR) à partir d'un écouvillon nasopharyngé :  spécificité 100 %, sensibilité 70% de Positifs, 30 % de faux négatifs.) et tests sérologiques.

Dépister les cas + par PCR permet de les isoler très rapidement et aussi de trouver les cas contacts par l’interrogatoire et, nous le verrons, par l’application track and tracing. Elle permet de les tester et de les isoler pour ne pas contaminer la population, jusqu’à être fixé sur leur statut épidémique (rappelons qu’il existe jusqu’à 50 % de formes asymptomatiques et que les patients peuvent être contaminants jusqu’à plus de 2 jours avant l’apparition des premiers symptômes).

Donc il faut tester, encore tester toute personne qui le demande aussi, qui a le moindre symptôme et les cas contacts (cf. Corée du Sud, Taiwan, Singapour, Hong Kong, Allemagne)

Le nombre de personnes dépistées en France est actuellement de 5,1 pour 1 000 habitants, derrière la Turquie (5,3 pour 1 000) et devant le Chili (4,8 pour 1 000). C’est près de trois fois moins que la moyenne des pays de l’OCDE, deux fois moins qu’aux Etats-Unis (9,3 pour 1 000), et loin derrière l’Allemagne (17 pour 1 000).

Là on se heurte au nombre de tests disponibles :  165 000 par semaine en France, 408 173 semaine 14 (du lundi 30 mars au dimanche 5 avril 2020) en Allemagne (RK Institut). Sachant qu’ils peuvent monter jusqu’à plus de 800 000 tests par semaine si nécessaire.

Essayons de voir les verrous, ce qui bloque en France, ce qui est responsable en fait de nombreux cas, de la propagation de de l’épidémie, de nombreux morts (5 500 en Allemagne/22 614 en France), de séquelles, de drames humains pour nos Anciens, nos Ainés en particulier.

Des lourdeurs administratives renforcées par un pouvoir politique déficient, et hypercentralisateur. Le Professeur Philippe Froguel est l’un des premiers à s’insurger contre les lourdeurs administratives malgré l’urgence sanitaire liée au coronavirus dès le 15 mars  2020 proposant (Ouest France du 23 mars) d’en faire 1 000 par jour dans son labo de l’INSERM de LILLE et que tous les labos INSERM et CNRS de France en fassent.

Ainsi que plutôt que multiplier et faciliter les structures de dépistage pour augmenter considérablement les tests depuis le début de l’épidémie. Tout le contraire est fait ! Alors que l’urgence est extrême et que nous sommes en guerre selon le Président. Nous sommes le 25 avril et l’INSERM de Lille commence seulement à pouvoir en faire quelques centaines !

Un seul autre labo INSERM commencerait à en faire.

Pas de labos CNRS.

Par absence et lenteur d’autorisations administratives !

L’une des clés d’explication du retard tient à la sous-utilisation des laboratoires publics.

Les laboratoires publics de l’enseignement supérieur et de la recherche se heurtent, depuis près d’un mois, aux mêmes blocages, à la même inertie. Mi-mars : les patrons des cinq principaux organismes de recherche publics (INSERM, CNRS, INRAE, CEA et INRIA) offrent, eux aussi, leurs services pour contribuer à l’effort national.  Ils ont identifié une cinquantaine de labos capables de conduire ce type d’analyses et ils estiment leur capacité cumulée à environ 100 000 tests par jour.

Le 21 avril 2020 sur la cinquantaine de laboratoires de recherche publics identifiés, moins de cinq participaient effectivement à l’effort national de dépistage du Covid-19 !

En mars, certaines ARS ont même interdit à de nombreux laboratoires de biologie médicale privés, en capacité de faire les tests Covid, de les réaliser, a déclaré par voie de presse Lionel Barrand, président du Syndicat des jeunes biologistes médicaux.

- Concernant les labos vétérinaires : dès le 15 mars l’Association française des directeurs et cadres des laboratoires vétérinaires publics d’analyses (Adilva) a proposé aux préfectures et aux ARS leurs services d’analyse. Ils peuvent contribuer à hauteur d’environ 100 000 tests par semaine. Pas de réponse avant le 5 avril (décret semblant autoriser les labos vétérinaires). Seules trois sociétés ont été agréées. La dernière en date du 21 avril. La semaine dernière, seuls deux des quarante-neuf laboratoires vétérinaires départementaux avaient signé une convention avec un établissement de santé ou un laboratoire de biologie, pour tester des échantillons humains.

Habitués aux détections de masse pour les tests PCR, tests sérologiques, ces labos d’Indre-et-Loire proposaient d’en faire 1 000 par jour le 25 mars 2020. Dans plusieurs États membres de l'Union européenne (Allemagne, Belgique, Italie...), les producteurs de réactifs vétérinaires sont autorisés à fabriquer des trousses de diagnostic Covid-19 et les laboratoires vétérinaires peuvent les utiliser pour le diagnostic chez l’Homme.

Le 25 avril après de nombreux refus et obstacles : 2 labos commencent à en faire depuis peu de jours et 10 en feraient, mais quand ?

70 labos départementaux proposaient d’en faire 1 000 par jour soit 70 000 / semaine.

Quel gâchis, que de temps perdu au regard des conséquences pour les vies humaines sacrifiées, les séquelles irrémédiables, et l’économie à l’arrêt.

Il faudra rendre des comptes devant cette incurie. Les faits sont têtus (Mark Twain).

Dès le mois de mars et jusqu’à début avril, les labos vétérinaires sont restés sans réponse quant à l’utilisation de leur grande quantité de réactifs qu’ils voulaient mettre à la disposition de l’effort national. Devant ces non-réponses, ces réactifs inutilisés et qui pouvaient être périmés ont été vendus à l’Allemagne et à d’autres pays…

- Tests sérologiques :

- Les analyses sérologiques : analyse sanguine pour dépister si l’infection est ancienne (IgG élevée) ou récente (IgM élevée) par l’analyse des anticorps IgG et IgM. Mais il faut démontrer leur fiabilité : sensibilité et spécificité. Mais ces analyses sérologiques sont très prometteuses dans un but diagnostique, épidémiologique pour aider à chiffrer la contamination et pour participer au déconfinement.

 Les taux élevés d’anticorps neutralisants apparaissent dans un délai de sept à quatorze jours à compter du début des symptômes.

Le conseil scientifique le 2 avril formulait des recommandations d’utilisation des tests sérologiques : suspicions d’infection dans les EHPADS ou les établissements médico-sociaux, dans les prisons et autres établissements fermés, et « enquêtes séro-épidémiologiques de terrain pour déterminer par la mesure de la séroprévalence (positif ou négatif) le taux de pénétration du virus SARS-CoV-2 dans différents territoires. »

Trois questions se posent :

Est-ce que le patient est en phase aiguë ?  Est-ce qu’il a été ou est en contact depuis peu de temps ou est-ce qu’il est « immunisé » ? Ces conclusions pourront être grandement aidées par les tests sérologiques.

- Etudions les tests sérologiques faits par l’Institut Pasteur dans le cluster de Crépy-en-Valois le 23 avril :

Deux populations distinctes : d’une part, 320 élèves, enseignants et personnels administratifs d’un lycée où deux cas avaient été identifiés en février. Et d’autre part, 341 membres de la famille de ces lycéens.

Globalement 26 % des 661 personnes incluses présentaient un test positif pour le SARS-CoV-2 environ huit semaines après l’introduction du nouveau coronavirus.

Dans le premier groupe, il y a une prévalence d’anticorps élevée : ils ont été décelés chez 38 % des lycéens, 43 % des enseignants et 59 % des personnels non enseignants. A l’inverse, la prévalence était plus faible dans les familles de lycéens : 11 % des parents et 10 % dans la fratrie. 

Donc l’immunité collective (60 % environ de la population française) est lointaine.  Actuellement l’immunité est chiffrée à 3% à 10 % de la population française pour l’Institut Pasteur, à 10 à 15 % pour Public Health Expertise (Martin Blachier)

Le défi urgent et majeur est de répondre le plus rapidement possible aux besoins essentiels des institutions et organismes de soins en matière de screening de leur personnel et des patients.

- Bruxelles vient de certifier et d'autoriser la production massive des tests sérologiques du Covid-19 de la biotech ZenTech, qui revendique une fiabilité de 98%. En France, deux startups - la bretonne NG Biotech et l'alsacienne Biosynex - ont développé des tests sérologiques similaires, mais elles se heurtent toujours au feu vert des autorités de santé. Et s'impatientent…

Ceux-ci permettent d'identifier, en 10 minutes environ, les personnes immunisées contre le coronavirus et donc susceptibles de retourner au travail sans contaminer les autres.

Donc la voie d'un testage massif de sa population pour faciliter le déconfinement, aider les soignants dans les hôpitaux, et mesurer la "séroprévalence" de la population - la proportion des citoyens ayant été en contact avec le virus, est essentielle.  

Les biotech françaises NG Biotech et Biosynex sont dans l'attente du feu vert des autorités sanitaires. NG Biotech a déjà reçu le marquage CE et a fait l'objet de plusieurs campagnes d'évaluations cliniques, notamment auprès de l'hôpital Lariboisière, Antoine Béclère, et de l'AP-HP Université Paris-Saclay.

La biotech alsacienne Biosynex, leader européen des tests sérologiques rapides, est confrontée au même frein. L'entreprise évalue la fiabilité de son dispositif à 98%, similaire à la solution belge, tandis que des tests sont encore en cours au CHU de Strasbourg. En attendant le feu vert français, Biosynex se tourne donc vers l'international : ses tests sont déjà vendus en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas, en Ukraine, en Tunisie et au Maroc, et plusieurs millions d'exemplaires sont en cours de fabrication en Chine pour soutenir cette demande et l'étendre éventuellement au marché français.

- Utilisations cliniques possibles :

Le fait de dépister le personnel soignant pour connaître le statut sérologique permet à ceux chez qui l'on détecte des anticorps d'avoir moins d'appréhension pour aller au contact des malades, puisqu'ils sont a priori positifs. Chez les personnels séronégatifs, les tests peuvent inciter à renforcer et à ne pas relâcher les mesures de protection. On peut aussi s'en servir pour identifier les patients dans les EHPADS qui ont été exposés au virus, de même que les policiers ou les employés dans les supermarchés.

Dans une entreprise et pour tout travail, les tests sérologiques sont très intéressants (outre les mesures que nous avons vues) pour sécuriser le personnel et les clients par un statut immunisé ou non et aider à remettre au travail avec beaucoup moins de réserve en particulier pour tous les patients immunisés.

Là encore ces tests sont disponibles, fiables à 98 %.

Il faut les valider très vite, foncer, les produire si possible par les 2 starts up françaises.  Arrêtons avec les atermoiements, les blocages administratifs, la frilosité et arrêtons de tergiverser :  ces tests sont fiables, et il y a urgence extrême. Les lobbys quels qu’ils soient doivent s’effacer devant l’intérêt de la population.

Ne réitérons pas ce qui s’est passé pour les tests PCR.

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