Peut-on recréer l'étincelle de la vie sur Terre ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
La Terre.
La Terre.
©Nasa / Afp

Aux origines

Les scientifiques cherchent depuis longtemps à y parvenir.

Anna Alter

Anna Alter

Anna Alter est journaliste et écrivain. Docteur en astrophysique, elle a été journaliste à Science et Vie, à l'Evènement du jeudi, grand reporter à Marianne et rédactrice en chef adjointe de La Recherche. 

Voir la bio »

Les origines de la vie sur Terre fascinent les scientifiques depuis la nuit des temps. Certains ont tenté de recréer en laboratoire les conditions qui l'ont fait naître. Comment ont-ils procédé ?

Anna Alter : Depuis la nuit des temps on en rêvait, mais personne ne l’a encore fait, pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé de recréer la vie en laboratoire… Dans les années 1920, le soviétique Alexandre Oparine a imaginé le premier une recette de soupe primitive, une sorte borchtch  dans lequel on retrouve tous les ingrédients présents sur notre globe à ses débuts qui vont être indispensables pour confectionner des êtres vivants.  Selon ce biochimiste russe, toute la cuisine se fait là haut dans la bonne vieille atmosphère de la Terre qui vient de se former. D’abord en ébullition, notre planète met un certain temps à se refroidir puis des molécules complexes apparaissent dans les couches de gaz composées essentiellement d’azote, de gaz carbonique et de vapeur d’eau qui l’enveloppent après sa naissance. Toute une chimie, les réactions, produisent acides aminés, bases azotées, sucres, acides gras qui se ressemblent, s’assemblent, forment des gouttelettes de plus en plus grosses et en retombant en pluies fabriquent au sol des cellules vivantes sans noyau, puis avec noyau. Lesquelles cellules vivantes en traînant dans l’eau, font des rencontres, croissent, se multiplient, inventent la sexualité pour varier les plaisirs et les possibilités, et pour finir accouchent de toute la panoplie des êtres vivants que nous connaissons……De la théorie à l’expérience, il y a un grand pas à franchir et il a fallu attendre 1953 pour que le jeune étudiant en biologie Stanley Miller et son maître chimiste Harley Urey aient l’idée de recréer dans un ballon de verre les conditions ayant existé au début  sur Terre et qui ont conduit par des réactions chimiques à l’apparition des premières briques du vivant. Les deux  chercheurs ont soumis les gaz supposés présents dans l’atmosphère il y a 4 milliards d’années à des décharges électriques pour simuler les éclairs des orages fréquents à l’époque et ils ont obtenu un maigre bouillon dans lequel nageaient des acides aminés mais pas l’ombre d’une vie, ni même un brin d’ADN ou d’ARN.  Depuis un demi siècle, on cherche à faire mieux mais jusqu’à présent personne n’a réussi à produire de la vie...

Qu'est-ce qui a fourni l'étincelle à l’origine de la vie sur Terre, et pourrions-nous la recréer ?

Anna Alter : Les théories s’entrechoquent mais ne font pas d’étincelle...On ne sait toujours pas ce qui s’est produit exactement. Une série de hasards ont été probablement à l’origine de l’heureux événement mais on ignore encore comment on passe de l’inerte au vivant…On construit des modèles, mène des expériences, en vain. Pour les uns, la vie a commencé au fond des océans près des sources chaudes où dans conditions extrêmes se pressent aujourd’hui toute une faune colorée. Pour d’autres les océans sont beaucoup trop immense pour permettre des rencontres fructueuses entre molécules carbonées, en revanche des réunions auraient pu avoir lieu dans des grosses flaques d’eau ou des mares qui en s’évaporant passaient successivement du sec au mouillé. Pour d’autres encore, la vie aurait vu le jour près des cheminées des volcans très actifs à l’époque. Enfin certains, la voit venir d’ailleurs et se demandent si notre planète n’a pas été inséminée par les queues des comètes porteuses de molécules organiques ou des météorites qui en tombant sur terre auraient  avoir fourni l'étincelle qui a conduit à la formation des premiers composés organiques. Tant qu’on n’aura pas réussi à recrée de la vie, toutes les hypothèses sont permises.

Peut-on croire un jour réussir à recréer l’étincelle de la vie sur Terre ? 

Anna Alter : Tous les espoirs sont permis, mais en recherche on ne sait jamais d’avance ce qu’on va trouver ni si on va réussir…  

Qu’est-ce que cette quête nous apprend de nouveau justement sur cette énergie vitale originelle et sur les conditions de l’apparition de la vie sur Terre ?  La vie a-t-elle commencé sur la terre ferme ou sous l’eau ? Ou était-ce lié à une pluie de météorites ou à un autre phénomène ?

Anna Alter : Comme je l’ai dit plus haut, cette quête n’a pas encore abouti mais d’ores et déjà on appris que nous avions tous les mêmes origines, que tout est parti d’un point d’eau ou d’un coin de terre ferme, peu importe, champignons, végétaux, animaux, homme compris, nous descendons d’un ancêtre commun universel (Luca) qui  a vécu il y a plus de 3,5 milliards d’années, lorsque la Terre nouvellement formée a donné naissance aux premières cellules vivantes… 

Les expériences menées par les scientifiques en ce sens pourraient-elles faire progresser la science, la géologie, la chimie ou la médecine ?

Anna Alter : Ces disciplines sont impliquées dans les travaux sur l’origine de la vie, elles progressent en élargissant notre compréhension du monde qui nous entoure et la science entière en tire évidemment des bénéfices… ….On ne le répétera jamais assez, toutes les recherches fondamentales ont des applications pratiques, la plupart du temps imprévisibles. Déjà, en s’inspirant de la chimie primordiale qui a conduit à l’apparition de l’ADN et de l’ARN messager, les deux briques indispensables à la construction du vivant, on essaie de les fabriquer à la chaîne pour confectionner de nouveaux médicaments …

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !