Oui, le pétrole d'Hugo Chavez a amélioré le niveau de vie du peuple, mais pas celui du Venezuela, celui de Cuba <!-- --> | Atlantico.fr
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La manne financière que représentait la hausse des prix du pétrole aurait pu servir à développer le Venezuela.
La manne financière que représentait la hausse des prix du pétrole aurait pu servir à développer le Venezuela.
©Reuters

Emprise

La manne financière que représentait la hausse des prix du pétrole aurait pu servir à développer le pays... mais une grande partie de cette richesse est allée dans les caisses de Fidel Castro à La Havane. (2/3)

Eduardo Mackenzie

Eduardo Mackenzie

Eduardo Mackenzie est journaliste et écrivain. Il est notamment l’auteur de Les Farc ou l’échec d’un communisme de combat (Publibook, Paris, 2005).

 

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Article datant du 20 février paru dans le n°50 d'Histoire et Liberté, en vente actuellement

Voir la première partie : Hugo Chavez, l’homme fort qui n’était plus que le pantin de La Havane

Depuis plus d’une décennie, la hausse des prix du pétrole a injecté dans le trésor public vénézuélien une fortune colossale. Grâce à cette manne, Hugo Chavez  était en mesure de développer de façon plus que conséquente son pays et réussir les programmes "sociaux" qu’il avait tant de fois utilisés comme hameçon démagogique auprès des électeurs. Mais il a échoué sur toute la ligne. Trois millions de barils de pétrole par jour, cela équivaut à plus de cent milliards de dollars par an. Pourtant, cette richesse, que le Venezuela n’avait jamais atteinte, a été dilapidée et Chavez n’a pas pu ni su, pendant ces 14 dernières années, renforcer la production du pays ni offrir à la population un meilleur niveau de vie. Tout le contraire. Dès le début en effet, il avait cédé devant  les exigences de Fidel Castro  de lui livrer une partie importante de cette richesse. C’est ainsi que Cuba a touché entre cinq et dix milliards de dollars par an depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir, sans que la population cubaine en profite. L’argent a servi à maintenir le pouvoir de Castro contre vents et marées.

Cet aspect de la politique de Chavez explique pourquoi de nombreuses personnalités civiles et militaires vénézuéliennes ont commencé à dénoncer  "la domination cubaine dans des points clés de l’État et de la société vénézuélienne".
Par exemple, le général à la retraite Carlos Julio Peñaloza,  ancien commandant  de l’Armée vénézuélienne, a signé avec d’autres  militaires à la retraite un appel à la mobilisation. Dans une récente déclaration, il a dénoncé le "Pacte de La Havane" où Raul Castro et le général cubain Ramiro Valdès ont donné des instructions aux membres du haut gouvernement du Venezuela sur la façon de diriger la crise ouverte engendrée par la disparition de Chavez.


Peñaloza souligne qu’il s’agit non de l’influence mais de la "domination" exercée par l’État cubain sur son pays: "Il contrôle le gouvernement vénézuélien et a transformé le Venezuela en une colonie cubaine", dénonce-t-il.  
Il affirme que la domination des services cubains est visible dans de nombreux secteurs: "depuis le notariat, les registres de propriété, les systèmes identification de la population et le registre des étrangers, jusqu’à la politique étrangère, les secteurs clés de l’économie et surtout les instances dirigeantes de la police et des forces armées".

D’après le général Peñaloza, les effets de cette domination  sont évidents : la "destruction de l’industrie pétrolière, le démantèlement de l’appareil productif, surtout dans les secteurs agricole et industriel, et la lente élimination des libertés civiles et économiques, sans parler de l’augmentation  du narcotrafic, de la guérilla et du crime organisé".

Ainsi, la transition inévitable du régime chaviste, qui pourrait s’orienter vers un chavisme sans Chávez, ou même vers un retour de la démocratie,  est en train d'être interférée par La Havane. Les frères Castro manipulent  avec  dextérité et avec un certain succès ce processus. C’est le destin immédiat du Venezuela qui est en jeu.

Cuba a réussi à noyauter les gouvernements de l'Équateur, de la Bolivie, du Nicaragua et même de l'Argentine. Et pourquoi s’arrêteraient-ils  en si bon chemin si rien ne s’oppose à eux ? Ils sont en train de faire une percée très semblable du côté de la Colombie  par le biais des prétendues "négociations de paix" à La Havane, entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et les Farc.
En tout cas, les prétentions impérialistes de Cuba, son désir de faire plier les pays latino-américains, tombés ou non sous l’influence du chavisme, pour les parasiter et les mettre à son service, est d’une évidence confondante. Force est de constater que ce qui s’est passé aux yeux de tous au Venezuela ces jours-ci dépasse de loin les prévisions les plus alarmistes des adversaires du castrisme dans l’hémisphère occidental. 

Quant à la question de savoir si, dans les vingt dernières années, le Venezuela est devenu  un pays plus libre et plus prospère, notre réponse est claire : non. Déjà en 2005, deux analystes, Hagopian et Mainwarning, après avoir mené une étude sur l’Amérique latine, constataient un "écroulement de la démocratie" au Venezuela. Ils ajoutaient que  c’était  "le développement politique le plus décourageant de la dernière décennie" dans cette vaste région du monde.

Sept ans plus tard, on ne peut plus nier que cet inquiétant effondrement  n'a fait que s’aggraver, au vu des nombreuses  défaites subies par les libertés et par l’économie de marché pendant les trois mandats d’Hugo Chavez et le rôle joué par les Cubains dans les incidents du 10 janvier 2013 à Caracas.

Il est vrai que la baisse progressive des prix du pétrole pendant deux décennies (entre 1981 et 1999 le pétrole vénézuélien a perdu le 85% de sa valeur)  avait conduit à l'appauvrissement d'un pays qui avait construit son modèle sociopolitique sur une base assez hasardeuse : les exportations des hydrocarbures. Ce phénomène a entraîné des désordres institutionnels, une augmentation des troubles de toutes sortes, y compris un violent soulèvement populaire en février 1989, le "Caracazo", et la destitution d'un président libéral, Carlos Andrés Pérez,  en 1993, après avoir été jugé pour corruption. Cette période a connu également l'effondrement  du bipartisme vénézuélien et la monté des extrémismes.

A suivre...

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