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On nous dit qu'il faut restituer la tour Eiffel à l’Algérie…
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Alerte ironie

Pourquoi pas ? Et nous avons même imaginé une solution pour le transport.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il y a deux ans, Beur FM avait soulevé le lièvre. D’après cette radio, la tour Eiffel avait été érigée avec du fer extrait du sous-sol algérien. Un pillage caractérisé selon Beur FM qui réclamait dans son implacable logique décolonisatrice que la Dame de fer fasse son retour en Algérie. 

Mais cette revendication n’eut pas l’audience espérée. Elle nous revient maintenant avec force de l’autre côté de la Méditerranée. Un journal algérien a relancé l’affaire et toute l’Algérie en parle. Oui répète-t-on là-bas, la tour Eiffel a été construite avec du minerai algérien. Que fait donc-t-elle à Paris au lieu d’être dans sa patrie d’origine ? 

Sur le site officiel de la tour Eiffel il est pourtant indiqué que le minerai dont elle est faite vient des mines de Lorraine. Mais nous y voyons une ruse hypocrite des descendants des colonisateurs français ! 

Supposons donc – pour rire un peu – que ce fer soit d’origine algérienne et issu d’une certaine façon de la diversité. La construction de la tour Eiffel a commencé en janvier 1887. Cette année-là, la France était en Algérie. Il y avait effectivement là-bas des mines de fer. 

Croit-on que ces mines aient été découvertes, construites, puis exploitées par des bachagha et des caïds locaux ? Qui d’autres que des ingénieurs et des techniciens français étaient alors à l’œuvre ? La presse algérienne est curieusement silencieuse sur cet aspect des choses. 

Nul ne peut ignorer que chaque année des centaines de milliers d’Algériens font le voyage pour voir la tour Eiffel. Ils s’approchent d’elle, la touchent. Posent leurs mains sur ce fer qui est le leur et pleurent. 

Nous voulons leur éviter ce long et pénible voyage et nous acceptons que la tour Eiffel traverse à son tour la Méditerranée. Il s’agit d’une entreprise délicate et complexe. Le démantèlement du célèbre monument devrait être confié à des ouvriers français certifiés de souche. En effet, seules les mains des descendants des voleurs peuvent servir à expier ce que les voleurs ont fait. Pour le transport de ces morceaux de métal, rien de plus simple. 

Le Bey d’Alger enverra des felouques barbaresques qui viendront les chercher. Ensuite les morceaux de ce monument si convoité seront acheminés à dos de chameaux et de dromadaires vers le Sahara. Là on rebâtira la tour Eiffel au milieu des puits de pétrole où elle sera en bonne compagnie. Et qui la rebâtira ?  Sans doute des ouvriers français volontaires et bénévoles car soucieux de repentance. 

Ps : L’affaire a suscité un gigantesque éclat de rire sur les réseaux sociaux français. Des internautes particulièrement malveillants ont tweeté : « rendons les Algériens à l’Algérie ». Honte à eux ! 

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