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Note de conjoncture de l'INSEE : pourquoi l'objectif de croissance de 1,5% du gouvernement ne sera réalisable qu'avec le soutien de Mario Draghi
©Reuters

Bout de ficelle

Le gouvernement serait en mesure de parvenir à son objectif de 1.5% de croissance pour l'année 2016, selon la dernière note de conjoncture publiée par l'INSEE. Une prévision qui reste pourtant incertaine au regard des dernières anticipations de la BCE.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Atlantico : Selon la dernière note de conjoncture de l'INSEE, l'économie française serait en mesure d'afficher une croissance de 0.4% par trimestre au cours du premier semestre 2016. Selon ces derniers chiffres, le gouvernement sera-t-il en mesure d'atteindre son objectif de croissance de 1,5% pour l'année 2016 ? 

Nicolas Goetzmann : Les attentats du 13 novembre avaient conduit à un tassement de la consommation des ménages sur les dernières semaines de l'année 2015, ce qui a logiquement eu pour effet de voir un report des achats sur le mois de janvier 2016. Ce que l'INSEE indique clairement :

"En France, les attentats meurtriers du 13 novembre.2015 à Paris et la douceur des températures à l’automne ont limité la consommation des ménages, qui s’est repliée au quatrième trimestre. Au premier semestre 2016, ces effets ne pèseraient quasiment plus sur la croissance, et, à l’exception des postes les plus affectés par les attentats pour lesquels le redressement serait progressif, la consommation des ménages rebondirait nettement."

Les chiffres de ce début d'année sont donc positifs, mais les derniers développements semblent indiquer un tassement de cette tendance. Ainsi, selon l'institut Markit, le secteur de la vente au détail, le secteur des services, mais également le secteur manufacturier, sont, tous 3, repartis en territoire négatif pour le mois de février 2016. Ainsi, dans sa note du 3 mars dernier, Markit se montrait moins optimiste que l'INSEE:

"Le PIB français devrait donc de nouveau ne réaliser qu’une croissance modeste au premier trimestre 2016, tandis que la faiblesse actuelle de l’Indice de l’Emploi ne laisse guère espérer d’amélioration tangible du marché du travail."

La problématique, pour le gouvernement, est que sa prévision de croissance de 1.5% pour l'année 2016 ne peut tolérer aucun dérapage, et qu'un tel dérapage semble être en cours de réalisation. Les prochaines publications permettront d'y voir plus clair, entre un réel retournement de tendance, ou une simple contre coup passager.

Si la promesse d'inversion de la courbe du chômage tarde à se réaliser, de tels chiffres permettront-ils, enfin, de voir le taux de chômage français baisser en 2016 ?

En prenant les chiffres de 15 dernières années, il est possible de constater que la France parvient à réduire son taux de chômage dès lors que sa croissance s'approche de 1.7% en terme annuel. Or, les prévisions pour cette année 2015, déjà fragilisées, s'affichent à 1.5%. Une inversion forte, et durable, de la courbe est donc d'ores et déjà compromise. En revanche, les derniers mois de l'année 2015, tout autant que le début de l'année 2016 ont été plutôt positifs, notamment en termes de créations d'emplois, cette tendance peut donc continuer à se traduire dans les prochains chiffres qui seront publiés. Mais il ne s'agit là que d'une distillation lente d'une situation déjà passée, l'essentiel étant de se concentrer sur la tendance actuelle, qui est porteuse de risques évidents d'un retournement à la baisse de la conjoncture.

D'un point de vue statistique, les mesures prises par le gouvernement afin de former 500 000 chômeurs provoqueront une bascule des personnes comptabilisées en catégorie A vers la catégorie D. Il sera dès lors important de se focaliser sur les créations d'emploi pour se faire une véritable idée de la situation du chômage en France.

Alors que l'INSEE pointe les risques pesant sur l'économie mondiale, quels sont les moyens de réaction à disposition des pouvoirs publics permettant de protéger l'économie française d'une telle éventualité ?

L'autorité compétente pour réagir à la dégradation du contexte économique mondial est la Banque centrale européenne. Or, celle-ci a pu annoncer un nouveau plan de relance le 10 mars dernier, qui est, dans sa forme, le programme le plus ambitieux mis en place depuis le début de la crise. Le résultat d'un telle politique sera de soutenir la demande intérieure européenne afin de compenser la dégradation du contexte international. Or, puisque la France est plus faiblement exposée que d'autres aux marchés émergents, que l'Allemagne par exemple, le pays devrait pouvoir profiter au mieux de cette action de la BCE. Il suffit d'observer la courbe de la demande française pour se rendre compte de l'efficacité de l'action de la BCE en France ; le retournement de tendance économique ayant eu lieu précisément au moment où Mario Draghi commençait à envisager une action d'ampleur, c’est-à-dire au courant du deuxième semestre 2014 :

Taux de croissance nominale (demande) en glissement annuel/. 2000-2015. France

Une situation qui indique, encore une fois, que l'économie française est bien plus dépendante de l'action de la BCE, que des diverses propositions annoncées par François Hollande. 

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