Libre circulation accrue et responsabilité minimale : et le Conseil européen décida d’étendre l’espace Schengen…<!-- --> | Atlantico.fr
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La libéralisation du régime des visas permet aux ressortissants du Kosovo de se rendre sans visa dans la zone sans frontières de l'Europe depuis le 1er janvier 2024.
La libéralisation du régime des visas permet aux ressortissants du Kosovo de se rendre sans visa dans la zone sans frontières de l'Europe depuis le 1er janvier 2024.
©Armend NIMANI / AFP

Exemption de visa

Le Conseil européen supprime l'obligation de visa pour les Bulgares, les Roumains et les Kosovars.

Tristan Vanheuckelom

Tristan Vanheuckelom

Tristan Vanheuckelom est un journaliste belge et auteur pour The European Conservative. 

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Samedi 30 décembre, les citoyens des États membres de l'Union européenne, la Roumanie et la Bulgarie, ont été informés qu'ils seraient autorisés à voyager sans passeport par voie maritime ou aérienne dans la plupart des États membres de l'UE, à partir de la fin mars 2024, grâce au consensus atteint au sein du Conseil européen.

À la surprise générale, l'exemption de visa a également été accordée aux Kosovars souhaitant entrer dans l'espace Schengen de l'UE, qui permet à plus de 400 millions de citoyens de l'UE de circuler librement.

Si l'Irlande et Chypre continueront d'exiger des documents de voyage sous une forme ou une autre, puisqu'elles ne font pas partie de l'espace Schengen, la Norvège et la Suisse, qui ne sont pas membres de l'UE, accueilleront désormais les Bulgares, les Roumains et les Kosovars sans qu'ils aient à présenter leur passeport.

Dans un communiqué de presse, la Commission européenne s'est félicitée de cette première étape vers l'adhésion complète de la Roumanie et de la Bulgarie à l'espace Schengen, déclarant qu'"un espace Schengen élargi rendra l'UE plus forte en tant qu'Union, tant sur le plan interne que sur la scène internationale". Peu d'explications supplémentaires sont fournies pour ce changement de politique.

La Bulgarie et la Roumanie attendent d'adhérer à l'espace Schengen depuis leur adhésion à l'Union européenne en 2007, date à laquelle elles ont demandé pour la première fois le statut de signataire de l'espace Schengen. Auparavant, les Pays-Bas s'y étaient toujours opposés, exprimant des inquiétudes quant à l'état de droit, à la criminalité et à la corruption. Pour certains observateurs, il s'agit d'une incongruité, puisque l'UE a également condamné le Royaume-Uni, alors membre de l'Union, pour avoir retardé son acceptation de la libre circulation des Bulgares et des Roumains.

De même, jusqu'à présent, les Pays-Bas et l'Autriche se sont longtemps opposés à l'extension de Schengen aux deux États de l'Est ; ce n'est qu'en décembre que l'Autriche a annoncé qu'elle ne s'opposerait plus à l'adhésion de ces deux pays (mais qu'elle ne lèverait pas encore les contrôles de passeports à ses frontières terrestres pour leurs citoyens).

Si ce revirement de politique semble brutal, le fait d'autoriser les Kosovars à entrer sans visa dans l'espace Schengen représente une plus grande aberration. Jusqu'à récemment, les citoyens du Kosovo avaient toujours besoin d'un visa pour entrer dans l'un des pays signataires de la convention de Schengen. Cinq États membres de l'UE - Chypre, la Grèce, la Roumanie, la Slovaquie et l'Espagne - ne reconnaissent même pas la déclaration d'indépendance du Kosovo de 2008 et le traitent en fait comme une partie de la Serbie.

Tandis que le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, se réjouit, d'autres sont perplexes à l'idée qu'un pays non membre de l'UE ou candidat à l'adhésion rejoigne Schengen dès maintenant (voire jamais). Pas plus tard qu'en 2018, les Pays-Bas et la France avaient bloqué l'adhésion du Kosovo, craignant d'être frappés par des vagues de migrants - une inquiétude qui n'était pas totalement injustifiée. À la suite de l'adhésion de la Croatie au début de l'année 2023, le chiffre de l'immigration clandestine a grimpé en flèche de 140 %. 

L'opposition de longue date à la modification de la composition de l'espace Schengen a été rapidement renversée. Bien que les conséquences de cette décision restent à déterminer, elle illustre clairement le manque de transparence du processus décisionnel de la Commission européenne.

Cet article a été initialement publié dans The European Conservative.

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