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Les leaders politiques ne suivent pas toujours les règles sanitaires qu'ils ont mises en place. Et voilà pourquoi c'est plus qu'une question d'hypocrisie
©Jacques Witt / AFP / POOL

Injonctions contradictoires

Certains ministres en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud ont été sanctionnés pour ne pas avoir respecté les règles de confinement. Cette attitude peut-elle cacher une stratégie de communication particulière visant à séduire un électorat plus large ?

Jean-Luc Mano

Jean-Luc Mano

Jean-Luc Mano est journaliste et conseiller en communication chez Only Conseil, dont il est le co-fondateur et le directeur associé.

Il anime un blog sur l'actualité des médias et a publié notamment Les Perles des politiques.

 

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Atlantico.fr : Le ministre de la Santé néo-zélandais David Clark ou encore une ministre sud-africaine (la ministre des Communications Stella Ndabeni-Abrahams) ont perdu leur poste dernièrement parce qu'ils n'avaient pas respecté les règles de confinement que leurs gouvernements avaient mis-en-place. Cette manière de ne pas respecter les règles que l'on impose soi-même à sa population, peut-elle être porteuse en matière de communication ? 

Jean-Luc Mano : C’est naturellement à ranger au registre des injonctions contradictoires. L’opinion le note et parfois, on l’a vu avec certaines sorties du Président de la République en France, le juge de manière contrastée.

Mais que penserait la population d’une ville où le maire serait calfeutré dans son bureau ou d’une région dont le président ne manifesterait pas physiquement sa solidarité avec le personnel hospitalier ? Le personnel politique doit faire en cette matière comme en beaucoup d’autres des choix calculés à l’aune du rapport bénéfice/risque. C’est la rançon des périodes de crise.

En quoi est-ce là une stratégie de communication particulière ? Respecter les règles, mais pas tout à fait, est-ce un moyen de séduire un électorat plus large ? 

C’est une manière d’abord de respecter une tradition. En France, même si cela ne sert rigoureusement à rien sur le plan pratique, un ministre des transports se rend rituellement sur les lieux d’un accident ferroviaire.
Nous avons tous en mémoire la présence du Président Hollande devant le Bataclan quelques heures après les attentats terroristes.

Personne n’a songé à lui reprocher alors que les consignes étaient de rester chez soi. 

La politique a besoin d’incarnation et de présence symbolique.

C’est ce que fait aujourd’hui le Président Macron. Dans une phase anxiogène où l’opinion a besoin de certitude sur la présence d’un pilote sa visibilité est essentielle. De mon point de vue, il a raison d’incarner la fonction présidentielle hors les murs de l’Elysée.

Alors que certains politiciens ayant mis en place de telles pratiques ont été limogés, n'est-ce pas également risqué ? Dans quelles situations est-ce que cette stratégie fonctionne ? 

Difficile d’établir une stratégie générale. L’opinion globalement accepte en France l’idée que l’exercice du pouvoir s’il ne doit conférer aucun privilège impose de déroger à la règle commune.

Cela vaut pour la cohorte de médecins qui vont sur les plateaux de télévision ou pour les experts qui s’y expriment. Ou pour les parlementaires qui avec beaucoup de restrictions continuent à se rendre pour des séances restreintes au Senat ou à l’Assemblée Nationale.

J’ajoute qu’une partie du pays travaille et doit se rendre sur le lieu d’exercice de son activité. Le lieu d’exercice de l’ activité du Premier Ministre c’est le pays tout entier . Il ne peut déserter cette fonction.

Cette crise inédite a définitivement enterré le fantasme du « président normal » popularisé par François Hollande avec le succès que l’on sait.

Quant à savoir s’il en tirera quelque avantage politique cela fait partie du gigantesque point d’interrogation qui est la ponctuation majeure de la crise actuelle.

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