Les Français, le capitalisme et l’argent : radioscopie d’une schizophrénie sans cesse renouvelée<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
62% des Françaises et des Français rêvent souvent ou parfois d'être suffisamment riches pour arrêter de travailler
62% des Françaises et des Français rêvent souvent ou parfois d'être suffisamment riches pour arrêter de travailler
©Magda Ehlers / Pexels

Hypocrisie

Selon un sondage Ifop publié ce jeudi 21 septembre, deux tiers des Français rêvent d’être suffisamment riches pour ne plus avoir à travailler. Une idée qui séduit particulièrement à gauche et chez les plus jeunes.

François Kraus

François Kraus

François Kraus est Directeur des études politiques au département Opinion de l'Ifop.

 

 

 

Voir la bio »

Atlantico : En France, il est de plus en plus courant de faire la critique du capitalisme, jugé à la racine d’un certain nombre de nos inégalités. Pour autant, ainsi qu’en témoigne votre récente étude pour Critiquejeu.info, 62% des français rêvent d’être assez riches pour ne pas avoir besoin de travailler. En moyenne, ils estiment d’ailleurs qu’il leur faudrait 26 millions d’euros pour y parvenir. N’y a-t-il pas une certaine hypocrisie entre la critique de ce modèle et le désir de vivre la vie d’un rentier ? 

François Kraus : Le résultat de notre enquête fait mal à tout le discours qui critique la société consumériste et qui prône une certaine forme de décroissance. Les Français en général et notamment la jeunesse, ne sont pas aussi woke ou écolo. Le fait de ne pas avoir besoin de travailler reste un rêve consensuel, y compris pour les électeurs de gauche.

Il y a un hiatus entre les élites médiatiques, intellectuelles et politiques. Ils veulent présenter les jeunes comme étant en rupture avec le modèle des 30 glorieuses. In fine, notre sondage montre que 78% des jeunes veulent avoir une certaine position confortable. C’est une aspiration très profonde. Ils privilégient le matérialisme contre le dogme bobo qui favorise le naturel. Ceux qui rêvent de 100 000 euros, ce sont les classes populaires. Pour les cadres et les habitants de banlieue aisée, la vie de leur rêve commence à 5 millions d’euros.

Que feraient les français de leur argent s’ils décrochaient le gros lot ? 

D’abord le capital immobilier. 80% des sondés achètent une maison ou un appartement. La pierre, c’est solidifier son statut social.

Ensuite, les achats symboliques. C’est une voiture de luxe le plus souvent pour les hommes.

Mais il n’y a pas que du bling-bling. 84% des sondés disent vouloir donner à la famille et aux amis ainsi qu’aux associations. Un français sur deux donnerait aux associations. La philanthropie reste une valeur partagée.

A noter que ceux qui décrochent le pactole préfèrent garder le silence. 65% des sondés ne le diraient à personne. Pas de mention publique. Ça reste caché. On reste dans un esprit catholique et latin. Le succès financier se fait discret ...

Peut-on dire à la lecture des résultats de cette étude, que la sensibilité aux inégalités ou la ferveur de la critique anti-capitaliste diminue, chez les français, au fur et à mesure de leur enrichissement personnel ? 

La richesse, c’est partagé par tous les camps politiques. Les macronistes ou la droite libérale et conservatrice n’ont pas le monopole de cette question. Le rêve d’enrichissement n’est l’apanage de personne. C’est partagé par les milieux extrêmes constitués de gens en difficultés. Les sympathisants sont aussi au Rassemblement National et chez La France Insoumise.

Être riche, c’est cependant une idée qui préoccupe plutôt les pauvres, c’est-à-dire les bénéficiaires d’aide social etc. Pour eux, la question pécuniaire est centrale car ils font face au risque de marginalisation. Être riche, cela permet de vous projeter dans une vie où vous n’avez pas de soucis. Pour les cadres, c’est un peu moins central dans leurs préoccupations.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !