Les éoliennes : une menace sur l’emploi et le tourisme<!-- --> | Atlantico.fr
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Des éoliennes entourent le clocher du village d'Avignonet de Lauragais, le 25 janvier 2006 près de Toulouse.
Des éoliennes entourent le clocher du village d'Avignonet de Lauragais, le 25 janvier 2006 près de Toulouse.
©Georges GOBET / AFP

Bonnes feuilles

Fabien Bouglé publie « Eoliennes : la face noire de la transition écologique » aux éditions du Rocher. Elles sont partout, incarnant le symbole de la transition écologique. Les éoliennes ont envahi les campagnes et les littoraux et sont devenues dans le monde entier, par une propagande systématique, le symbole de l'écologie et de la lutte pour le climat. Extrait 1/2.

Fabien Bouglé

Fabien Bouglé

Fabien Bouglé est un expert sur les questions énergétiques. Il est l'auteur de "Guerre de l’Energie au cœur du nouveau conflit mondial" (2023), "Nucléaire : les vérités cachées" (2021) et "Eoliennes : la face noire de la transition écologique" (2019), publiés aux éditions du Rocher.

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Les promoteurs éoliens communiquent souvent de façon tonitruante sur les emplois créés par l’installation des éoliennes. À les entendre, le développement de la filière serait un rempart contre le chômage et une voie de développement économique incomparable, promettant des milliers, voire des dizaines de milliers d’emplois. Selon les chiffres de leurs syndicats, la filière éolienne représenterait en 2017 en France environ dix-sept mille emplois (directs ou indirects) avec mille deux cents nouveaux emplois créés dans l’année.

D’autre part, lorsque des pays envisagent une restriction des subventions, voire un arrêt des financements de l’éolien, les lobbyistes font du chantage à l’activité économique et à l’emploi. Or les emplois créés par la filière éolienne ne sont pas l’expression de l’essor d’une activité classique, mais bien des emplois sous perfusion d’argent public.

En France, on peut mettre en relation directe les dix-sept mille emplois de la filière éolienne avec le milliard quatre cents millions d’euros de subventions publiques qui lui sont versées chaque année (voir chapitre  6). Chaque emploi créé dans le domaine de l’éolien coûte à la collectivité nationale quatre-vingt-deux mille euros par emploi et par an. On est donc loin d’une activité économique pérenne qui s’autofinance par une activité rentable et arrivée, selon les propres mots des promoteurs éoliens, à maturité.

Logiquement, en Allemagne, la fin des subventions dans l’éolien depuis 2017 a conduit à d’importantes suppressions de postes dans ce secteur d’activité. Cela fait déjà des années que des observateurs annoncent l’effondrement du système de subventions dans l’éolien en particulier dans ce pays, mais cette fois-ci la décroissance s’accélère. Preuve s’il en est que le marché de l’éolien est totalement artificiel et ne fonctionne que sur la base d’une bulle financière intégralement créée par l’apport d’argent public.

Le développement de l’éolien en mer dans l’Hexagone en est une illustration édifiante. Revenons au projet de six centrales en mer sur le littoral envisagées depuis 2011 et 2013. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a estimé à quinze mille le nombre d’emplois créés en France pour leur développement depuis l’annonce en 2018 du maintien de ces projets très contestés. Si l’on prend en considération ces chiffres, qui semblent totalement exagérés, sur vingt ans les six centrales éoliennes en mer qui coûteront près de trente milliards d’euros (raccordement compris) [voir chapitre  6] de subventions publiques, cela représente environ deux millions d’euros par emploi sur vingt ans.

Le président de l’ADEME, Arnaud Leroy, a été amené à réviser, voire à modérer la communication sur les emplois créés dans l’éolien. Il avoue ainsi qu’« il reconnaît aussi des erreurs de communication par le passé, et une attitude spéculative sur la création d’emplois, notamment dans l’éolien et le solaire ». C’est le moins qu’on puisse dire, lorsqu’on sait qu’une grande partie de l’activité éolienne est en réalité délocalisée. La France ne dispose d’aucun grand fabricant d’éoliennes, les projets de chaînes de production prévues au Havre dans le cadre des éoliennes en mer ne sont en réalité qu’une délocalisation par Siemens de la production des éoliennes conçues et élaborées en Allemagne.

En outre, une fois les éoliennes construites et installées, des centres de surveillance délocalisés assurent le contrôle et leur bon fonctionnement par un ensemble d’informations transmises par des capteurs installés sur celles-ci. Les contrôleurs des éoliennes sont donc installés dans des centres de surveillance derrière des écrans d’ordinateurs. Ces centres peuvent être délocalisés à l’étranger. En cas de survenance d’un souci dans le fonctionnement d’une éolienne, ces opérateurs sollicitent un technicien de maintenance qui se rend sur place, technicien qui peut d’ailleurs être hébergé à des centaines de kilomètres de l’éolienne défectueuse. Il n’est donc pas logé dans les villages de localisation des centrales éoliennes, mais plutôt dans des lieux qui permettent un déploiement rapide auprès de celles dont il a la gestion. Cette fonction est d’ailleurs parfois sous-traitée par les propriétaires de centrales éoliennes à des sociétés spécialisées dans leur maintenance.

Une fois construites, les éoliennes nécessitent donc peu d’emplois, hormis ceux du contrôle et de la maintenance. Si bien que ces dernières ne créent que très peu d’emplois locaux, contrairement à que suppose la communication des promoteurs éoliens. Certes, il existe parfois dans certains villages ou pour les éoliennes en mer des missions de gardiennage d’éoliennes, mais c’est souvent un métier exercé en complément d’une autre profession. Les élus se font souvent des illusions sur les conséquences en matière d’emplois lors de la création d’une centrale éolienne sur terre ou en mer. Une fois installée, en général par des sociétés spécialisées sous-traitantes étrangères, elle ne nécessite qu’une très faible implication des acteurs locaux. La perspective de la création d’emplois n’est qu’un miroir aux alouettes.

Pour remédier à ce déficit d’emplois locaux créés, les promoteurs éoliens ont inventé un nouveau concept : le tourisme éolien. Pas d’inquiétude, selon eux : les emplois pourront être générés par de nouvelles activités touristiques comme la visite de centrales éoliennes terrestres18 ou marines. En mer, affirment-ils, les pêcheurs pourraient ainsi se reconvertir dans des sociétés touristiques de visite d’éoliennes, tandis que, sur terre, les parcs éoliens deviendront de nouveaux parcs d’attractions. Tout cela n’est malheureusement que de la poudre aux yeux, inventée par les communicants des sociétés éoliennes qui veulent coûte que coûte industrialiser la campagne ou la mer, au risque d’en détruire le tissu socio-économique – qui vit d’activités économiques artisanales – appelé à être remplacé par ces nouveaux arrivants. Une industrie polluante et subventionnée veut se substituer à des activités économiques équilibrées comme la pêche, pourvoyeuse d’emplois stables, non subventionnés et souvent vertueux écologiquement.

Extrait du livre de Fabien Bouglé, « Eoliennes : la face noire de la transition écologique », publié aux éditions du Rocher

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