Les données, nouvelle poule aux œufs d'or de la téléphonie mobile ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ensemble des données des utilisateurs rapporteront bientôt plus que les services traditionnels d'appels vocaux aux opérateurs de téléphonie mobile.
L'ensemble des données des utilisateurs rapporteront bientôt  plus que les services traditionnels d'appels vocaux aux opérateurs de téléphonie mobile.
©DR

Histoire de gros sous

Une récente étude, publiée à l'occasion du Global Mobile Congress de Barcelone, révèle que d'ici 2018 les opérateurs de téléphonie mobile engrangeront plus de recettes provenant de l'ensemble des données des utilisateurs que de leurs services traditionnels d'appels vocaux.

Catherine Lejealle

Catherine Lejealle

Catherine Lejealle est docteur en sociologie et ingénieur télécom (ENST Bretagne). Elle est professeur à l'ISC Paris et co-fondatrice de la Chaire Digital BusinessSes domaines de recherche couvrent les usages des TIC (téléphone portable, Internet, médias sociaux…)

Elle a publié La télévision mobile personnelle : usages, contenus et nomadisme,  Les usages du jeu sur le téléphone portable : une mobilisation dynamique des formes de sociabilité  aux Editions L'Harmattan et J'arrête d'être hyperconnecté ! : 21 jours pour réussir sa détox digitale chez Eyrolles.

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Dans le monde numérique en pleine ébullition, il y a malgré tout une certitude : le poids de la donnée explose face à la voix. Limitée à 24 heures par jour, le volume de la voix a atteint son pallier de maturité alors que le volume des données croît exponentiellement aussi bien en voie montante que descendante. Et l’appétit des utilisateurs est sans limite : ils téléchargent simultanément des quantités de films, vidéos, documents qu’ils accumulent sans nécessairement les consommer ; jouent en ligne ; partagent continuellement des contenus…

L’autre évolution majeure concerne la part de données transitant par le mobile au détriment de celles liées aux ordinateurs. La mobilité, l’ubiquité, le nomadisme, le support individuel et le plaisir d’être connecté n’importe où et n’importe quand l’emporte. Le mobile est devenu l’outil roi. Le cloud renforce cette tendance puisque les ressources sont localisées dans le nuage et demandent de la bande passante pour qu’on y accède. La révolution de l’Internet des objets ou du Machine 2 machine qui va bientôt déferler accentuera encore le processus en faveur du mobile et de la donnée. Sous peu, l’Internet des objets transformera nos villes et nos foyers en territoires connectés pour des usages aussi variés que la sécurité, la santé, la médecine, la pédagogie…  

A ces certitudes s’ajoute une inconnue de taille. A qui profitera l’explosion du trafic de données ? Les opérateurs mobiles sont en bonne position pour en capter une part non négligeable mais sont fortement concurrencés par d’autres technologies d’accès et de transmission telles que wifi, ADSL, fibre optique et même comme le prouve la société Sigfox, les fréquences de la télécommande de la télévision !

Une étude que nous avons conduite entre fin 2009 et mi 2011 auprès de 4029 franciliens équipés de fibre optique montre que ceux-ci dépensent peu pour des services additionnels auprès de leurs fournisseurs d’accès et que ces derniers en tirent une source de revenus additionnels faible pour rentabiliser leurs investissements en fibre optique. Les usagers peuvent payer (essentiellement bouquets TV) ces services directement aux fournisseurs de contenus sans passer par les opérateurs. On peut imaginer que les usagers mobiles agissent de même en achetant directement les contenus de type données aux fournisseurs de contenus.  

Ceci suppose qu’ils paient car Internet a mis en avant un modèle hybride freemium alliant gratuité et payant. Il n’est pas certain que la propension des utilisateurs à payer soit extensible. Une étude que nous avons conduite entre 2009 et 2012 sur 30 services innovants très haut débit montre que les utilisateurs sont prêts à payer pour des services réellement innovants mais que de tels services n’ont pas encore vu le jour ou ont été perçus comme tels par eux. Il y a donc une propension à payer pour des services réellement innovants mais rien ne prouve que les usagers les souscriront via les opérateurs. Si les cartes se mettent en place, rien n’est encore joué. L’avenir réserve encore plein de surprises. 

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