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Les 7 paroles du Christ en croix. Bernard Lecomte publie une nouvelle édition de « Jérusalem Magazine, An 33 » aux éditions du Cerf.
Les 7 paroles du Christ en croix. Bernard Lecomte publie une nouvelle édition de « Jérusalem Magazine, An 33 » aux éditions du Cerf.
©Andreas SOLARO / AFP

Bonnes feuilles

Bernard Lecomte publie une nouvelle édition de « Jérusalem Magazine, An 33 » aux éditions du Cerf. La rumeur se répand dans la ville, le pays, l'Empire : le tombeau du mystérieux Jésus de Nazareth a été retrouvé vide trois jours après sa crucifixion au Golgotha. Les journalistes de Jérusalem Magazine enquêtent. Extrait 2/2.

Bernard Lecomte

Bernard Lecomte

Ancien grand reporter à La Croix et à L'Express, ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine, Bernard Lecomte est un des meilleurs spécialistes du Vatican. Ses livres sur le sujet font autorité, notamment sa biographie de Jean-Paul II qui fut un succès mondial. Il a publié Tous les secrets du Vatican chez Perrin. 

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L'académicien Jacok Massad nous livre son bouleversant témoignage.

L’écrivain Jakob Massad, membre de l’Académie de Judée, est connu pour ses romans d’une grande humanité qui touchent, à chaque fois, un large public. Il a assisté, la semaine dernière, à la crucifixion du prédicateur Jésus de Nazareth, que ses disciples appellent « le Christ ». Sur le mont Golgotha, il s’est mêlé à une foule hostile qui commentait l’événement et se moquait du condamné : « Toi qui en as tant sauvés, sauve-toi donc toi-même ! » Il est resté jusqu’à la mort du crucifié. À partir de ses notes, il a tiré un texte émouvant qu’il a bien voulu réserver aux lecteurs de Jérusalem Magazine.

1. L’homme est blessé, exténué, au bord de l’évanouissement. Il a subi une flagellation violente qui lui a laissé de longues traces sanguinolentes sur tout le corps. Il a dû porter sa croix, en tombant à trois reprises, pour traverser la vieille ville et monter jusqu’au sommet de la partie haute de cette ancienne carrière qu’on appelle Golgotha : le « lieu du Crâne ». Il vient d’être cloué au bois de cette croix sinistre : de gros clous de 8 millimètres lui ont transpercé les poignets et les pieds. En veut-il à ses bourreaux ? Je l’entends s’adresser à Dieu, dont il se dit le « fils » :

« Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font »

Se dire le « fils de Dieu » est le blasphème qui lui a valu, justement, d’être condamné à mort.

2. A sa droite et à sa gauche, deux malfaiteurs subissent la même peine capitale. L’un des deux, prénommé Dismas, tourne la tête vers lui : « Souviens-toi de moi quand tu seras dans ton royaume. » Le Galiléen le regarde et lui répond distinctement :

« En vérité, je te le dis aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis »

Qui est-il, ce Jésus, pour faire une telle promesse avec un tel aplomb ? Le paradis, rien que cela ! Quelle force mystérieuse anime ces deux hommes qui vont mourir ?

3. Parmi les rares personnes à l’avoir accompagné jusqu’au pied de la croix, il y a une femme et un homme. Je comprends qu’il s’agit de sa mère, Marie, et de l’un de ses disciples, un nommé Jean, probablement le plus proche de lui. À la première, il dit :

« Femme, voici ton fils »

Et à l’homme :

« Voici ta mère »

Cette émouvante recommandation filiale résonne comme une disposition spirituelle : la mère du condamné deviendrait-elle, à cet instant, la « mère » symbolique de tous les disciples, de tous les hommes ?

4. Le supplice de la croix est terrible, insupportable, inhumain. La souffrance est là, qui remonte des pieds jusqu’au bout des bras, qui embrase tout le corps et submerge le malheureux qui s’adresse, à nouveau, à son « père » :

« Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? »

La mort est solitude, vide, néant, et pourtant cet homme qui a si peur d’être « abandonné » s’adresse directement, par ce psaume, au Tout-miséricordieux, comme un enfant s’en remet aveuglément à son père : « Abba! ». Humain, trop humain, le « fils de Dieu » !

5. L’homme respire mal, il étouffe, son corps est op[1]pressé, ses lèvres sont sèches. Ses jambes supportent de moins en moins le poids de son corps. Il supplie :

« J’ai soif ! »

Tous les crucifiés éprouvent ce besoin de boire. La coutume est d’offrir au condamné de quoi se désaltérer une dernière fois. Un centurion lui tend, au bout d’une longue tige de bois, une éponge pleine de vin, d’eau et de vinaigre.

6. Il est trois heures, la nuit viendra bientôt, qui engloutira dans la pénombre le Golgotha, les croix dressées vers le ciel et les cadavres qui y sont suspendus. La mort est là, qui s’impatiente et demande des comptes. Jésus ouvre la bouche :

« Tout est consommé »

J’ai dû tendre l’oreille pour entendre cette phrase incroyable : serait-ce lui, le condamné, le presque mort, qui décide ainsi que les prophéties ont été accomplies, que la volonté de Dieu est accomplie, et que l’heure est venue ?

7. Le malheureux pousse un cri déchirant :

« Père, entre tes mains je remets mon esprit »

avant d’expirer. Jusqu’au dernier instant, il a préféré le Ciel à la Terre, s’adressant à ce « père » qui a voulu, pourtant, qu’il subisse cet épouvantable calvaire : ne pouvait-il pas, ce « père » divin, donc tout-puissant, envoyer quelque cohorte d’anges pour faire cesser cette horreur ? Le corps se détend, la tête penche en avant. La colline du Crâne sera bientôt plongée dans l’obscurité. Déjà des soldats s’avancent pour décrocher le corps : il faut que tout soit terminé avant le sabbat…

Sept paroles. Décousues, surprenantes, balbutiées, criées, ces sept interventions ont rythmé le dégradant et interminable supplice, donnant à celui-ci son sens spirituel, sa force morale, sa portée historique. Ces sept paroles seront-elles oubliées dans quelques jours, emportées par le tourbillon de l’actualité ? Ou bien, qui sait, resteront-elles durablement ancrées dans la mémoire des hommes ?

A lire aussi : Etrange disparition au Golgotha

Extrait de « Jérusalem Magazine, An 33 », publié par Bernard Lecomte aux éditions du Cerf.

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