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Le subtile mécanisme de la conscience humaine au coeur du cerveau
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Bonnes feuilles

Nous aimons penser que nous avons une vie intérieure, que nos croyances et nos désirs proviennent des profondeurs obscures de notre esprit, et que si nous savions comment accéder à ce monde mystérieux, nous pourrions vraiment nous comprendre nous-mêmes. Dans son livre, "Et si notre cerveau était bête" publié aux éditions Plon Nick Chater révèle que cette entreprise est vouée à l'échec. Extrait 2/2.

Nick Chater

Nick Chater

Nick Chater est professeur de sciences du comportement à la Warwick Business School. Il travaille sur la rationalité et le langage en utilisant diverses approches théoriques et expérimentales et est l'auteur de "Et si le cerveau était bête" aux éditions Plon.

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Si nous avons conscience d'une seule chose à la fois, et que le cerveau est un réseau de cent milliards de neurones communiquant par vagues d'impulsions électrochimiques, alors nécessairement presque tout ce qui se passe dans le cerveau échappe à notre conscience. Cela n'a rien de surprenant. Comme nous l'avons vu, nous ne sommes conscients que des résultats des tentatives de notre cerveau à donner une logique au monde – ou à une petite partie du monde. Cependant, ces résultats proviennent d'une masse de calculs coopératifs aussi immense que complexe, le cycle de la pensée, lequel emploie une part conséquente de ces cent milliards de neurones et exploite une importante quantité d'informations provenant de nos sens et de nos souvenirs.

La conscience est donc comparable à l'affichage d'une calculatrice, d'un moteur de recherche ou de la base de données informatique d'un ordinateur « intelligent ». Quand nous entrons une addition (43 + 456), un critère de recherche (« Cinq villages de pêcheurs ») ou une question (« Quelle est la capitale de la France ? »), le résultat s'affiche, mais nous n'avons absolument aucune explication ou justification sur la façon dont ces réponses nous arrivent. Nous n'avons pas la moindre idée des algorithmes et de l'arithmétique binaire qui se cachent à l'intérieur du calculateur, de l'étendue de la toile que notre moteur de recherche explore, ou des déductions astucieuses et de l'énorme quantité de savoirs incorporés dans les bases de données intelligentes. Quand nous examinons une image, un mot ou un souvenir, nous sommes, par essence, en train de nous demander : « Quel sens puis-je donner à tout cela ? » L'affichage de la conscience surgit dans notre esprit, soit l'interprétation de ce que nous voyons, de ce à quoi nous pensons. Pourtant, derrière cet affichage il y a un fatras d'impulsions électriques en action parcourant de vastes et complexes réseaux de neurones, qui répondent aux impulsions sensorielles en cours et aux empreintes laissées par nos souvenirs dans le temps. Voilà la réelle nature de l'inconscient : d'immenses et complexes formes de l'activité nerveuse qui créent et soutiennent nos lentes actions conscientes.

 Les opérations des neurones à l'intérieur de chaque cycle de la pensée ne sont pas, fondamentalement, vraiment le genre de choses qui pourraient être conscientes. Elles sont, après tout, des formes extrêmement complexes d'une activité neuronale coopérative, qui cherche toutes les significations possibles des impulsions sensorielles en cours en se référant à notre grande réserve de souvenirs d'expériences passées. Mais nous ne sommes jamais conscients que des interprétations particulières des impulsions sensorielles entrantes. Nous ne pourrions pas davantage être conscients de nos procédés mentaux qu'une calculette pourrait afficher le graphique des opérations de ses propres puces informatiques. Pareillement, nous ne pourrions pas davantage être conscients de l'intensité de l'activité neuronale coopérative grâce à laquelle nous donnons une logique au monde que nous pourrions avoir conscience de la formule chimique du foie. Nous avons conscience, et ne pouvons avoir conscience de rien d'autre, des significations, formes et interprétations qui sont le résultat de ces calculs coopératifs. La conscience se limite à la connaissance de notre interprétation du monde sensible ; et ces interprétations sont les résultats successifs de chaque étape du cycle de la pensée, pas son fonctionnement interne.

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