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La stratégie Valls pour piéger la droite sur le terrain du libéralisme
©Reuters

Pousse-au-crime

Focalisés sur le débat concernant les 35h ou la dégressivité des allocations chômage, les candidats à la primaire de la droite se sont lancés dans une course au libéralisme dénoncée notamment par Henri Guaino

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Oh bien sûr, ils sont convaincus de la justesse des réformes engagées et à venir. Oh bien sûr, ils espèrent, en croisant les doigts, qu'elles permettront d'inverser la courbe du chômage. Autour de François Hollande et de Manuel Valls tout n'est pas que calcul politique et billard à trois bandes. Mais si le pacte de compétitivité, puis celui de responsabilité, le travail du dimanche, et aujourd'hui la réforme des 35h et celle de l'assurance chômage peuvent, en prime, déstabiliser la droite, l'acculer à se radicaliser, la courbe du chômage peut bien continuer à grimper, la droite du PS n'aura pas tout perdu.

En effet, en tirant ainsi les lignes à droite, comme ils l'ont fait en lançant le débat sur la déchéance de nationalité, le Président de la République et le Premier ministre espèrent bien assécher le corpus idéologique de leurs opposants, les forçant à se rallier à leurs positions, mais aussi à appauvrir ou à radicaliser leurs propositions à venir.

Ainsi, un proche du premier ministre se marre : "Regardez, depuis quelques temps, ils se prennent tous pour madame Thatcher." Et de prendre pour exemple Alain Juppé et François Fillon qui rivalisent de propositions libérales. Le maire de Bordeaux a d'ores et déjà annoncé qu'il souhaitait, s'il était élu, réaliser 100 milliards d'euros d'économies en 5 ans, réduire les dépenses publiques à 53% du PIB d'ici 2022, alléger la taxation sur les dividendes et les plus-values des entreprises, relever l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans et ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

François Fillon rivalise d'imagination, il souhaite réduire de 50 milliards d'euros les impôts sur le revenu, augmenter de 3,5% les deux taux supérieurs de la TVA, plafonner la hausse des impôts dans les collectivités et réduire de 50 milliards d'euros les prélèvements sur les entreprises.

Nicolas Sarkozy entend revenir au non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, stopper le statut systématique des fonctionnaires à vie, supprimer des charges patronales pour 7,2 milliards d 'euros et des charges salariales pour 4 milliards et assouplir le licenciement économique.

Nathalie Kosciusko-Morizet souhaite, pour sa part, réduire de 100 milliards les impôts dont 65 milliards de baisse du coût du travail et 35 milliards de baisse d'impôts sur le capital. Quant à Bruno Le Maire, il propose de privatiser Pole Emploi, de réduire la fonction publique territoriale et de mettre fin à l'emploi à vie des fonctionnaires. Tous défendant l'annulation des 35h et la dégressivité les allocations chômage.

La course au libéralisme est donc lancée, une course qui en inquiète certains à droite, comme Henri Guaino qui, vendredi dernier sur I Télé, s'étranglait : "Je suis frappé par cette espèce de course à échalote pour savoir lequel sera le plus thatchérien, le plus schrödérien, le plus ultra-libéral. Quoi ? On va résoudre le problème du chômage comme ça ? Quand on aura supprimé toutes les garanties sociales, toutes les protestions sociales ? (…) On peut aussi revenir au 19e siècle, on peut embaucher les gens le matin, les débaucher le soir !" Et d'ajouter : "Je suis frappé par la dérive d'une partie de la classe politique et de la classe dirigeante en France. C'est extraordinaire. (…) Pour faire bonne figure dans la mondialisation, il nous faudrait renoncer à humaniser le capitalisme, à édicter des règles sociales, à préserver la dignité du travail, la dignité des travailleurs. Si vous voulez supprimer les congés payés, par exemple, vous ferez sans moi. C’était une mesure de gauche, je la prends à mon compte. Voilà, vive Léon Blum et vive le Front populaire pour ce qui est de la limitation du temps de travail et des congés payés. Ma famille politique, c’est celle qui a fait la sécurité sociale, c’est celle qui a fait les allocations chômage. Ma famille politique, ce n’est pas celle qui trouve que le Smic est trop élevé et que c’est ça la cause du chômage. C’est extraordinaire, vous allez dans des assemblées, vous voyez des gens qui gagnent cinq, six, dix fois le Smic et qui vous expliquent que le Smic est trop élevé (…) Ma famille politique, c’est celle du gaullisme et du gaullisme social." Mais il semble bien seul sur ce créneau.

Seul avec le FN. "Il ne faut pas revoir la loi (sur le temps de travail) maintenant, on est en pleine crise, ça serait déstabilisant pour les PME, les PMI, pour les salariés eux-mêmes, ce n'est pas une bonne chose de re-déstabiliser les règles de la durée légale du travail maintenant" affirmait en janvier Florian Philippot. Le bras droit de Marine Le Pen s'érigeait, aussi, contre la dégressivité de l'assurance chômage qui, selon lui, n'a jamais permis de faire baisser le chômage. La droite serait-elle en train de tomber dans le piège tendu par l'exécutif, laissant Marine Le Pen incarner seule une sorte de défense des salariés ? Un exécutif qui rêve, en effet, d'affronter le FN au second tour de la présidentielle…

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