La Station spatiale internationale fête ses 25 ans : voilà ce qu’elle nous aura permis d’apprendre <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
Soichi Wakata de l'Agence japonaise d'exploration aérospatiale et Thomas Pesquet de l'Agence spatiale européenne posent pour un portrait à l'intérieur de la Station spatiale internationale.
Soichi Wakata de l'Agence japonaise d'exploration aérospatiale et Thomas Pesquet de l'Agence spatiale européenne posent pour un portrait à l'intérieur de la Station spatiale internationale.
©AFP PHOTO / NASA / HANDOUT

Prouesses scientifiques

La Station spatiale internationale a fêté ses 25 ans. Plus de 270 astronautes d'une vingtaine de pays l'ont déjà visitée. De nombreuses missions scientifiques réalisées à bord ont permis de faire progresser la recherche.

Marie-Ange Sanguy

Marie-Ange Sanguy

Marie-Ange Sanguy est rédactrice en chef du magazine Espace & Exploration (https://www.espace-exploration.com/).

 

Voir la bio »

Atlantico : La Station spatiale internationale fête ses 25 ans. En quoi cet anniversaire constitue un événement très important et majeur sur le plan scientifique ?

Marie-Ange Sanguy :  La Station spatiale internationale est un laboratoire qui fonctionne depuis 25 ans dans des conditions extrêmes et dans des contextes géopolitiques qui sont parfois très tendus au sol et qui finalement dans l’espace ne le sont pas. Les astronautes travaillent ensemble et font des sorties extravéhiculaires à plusieurs. 

Cet anniversaire est donc un événement extraordinaire. L’assemblage de la Station spatiale internationale a commencé en 1998. Personne ne pensait que cela allait durer aussi longtemps. Et aujourd'hui, cela fonctionne toujours malgré des tensions politiques. La Station spatiale internationale permet de faire de la recherche sur la science, de la science fondamentale. Ces projets permettent de faire progresser des travaux sur Terre qui permettront d’obtenir de réels progrès au niveau scientifique. Un grand nombre de savoirs et d’études ont été transmis et réalisés à travers ces 25 ans. 

Quel pourrait être le bilan de la Station spatiale internationale sur le plan scientifique ? Qu'est-ce que l’ISS aura permis d'apprendre et de découvrir ?

Ces dernières années, les durées de mission ont été beaucoup plus longues (entre six mois et un an). Les travaux réalisés à bord de l’ISS ont permis de comprendre comment le corps humain réagit à l’apesanteur et dans un autre environnement que la Terre. Les astronautes ont été de véritables cobayes. Des expériences ont été effectuées sur eux, mais aussi lorsqu’ils sont redescendus sur Terre. 

Des enseignements ont pu être tirés sur les mécanismes qui agissaient sur le corps humain dans l’espace grâce à ces missions. Cela va permettre d’anticiper les missions vers la Lune qui ne seront pas très longues (entre deux à trois mois maximum). Pour aller vers Mars, les expéditions vont durer deux ans. Donc cette expérience à bord de l’ISS est capitale. Cela permet de savoir comment pourrait réagir le corps humain s’il passait deux ans en apesanteur et sans être protégé par notre atmosphère.

La Station spatiale internationale est donc un immense laboratoire pour le corps humain dans l'espace. 

273 scientifiques de 21 pays ont pu participer à des missions à bord de l’ISS pour plus de 3.300 projets de recherche. Ces missions et ces travaux de recherche ont-ils permis de progresser pour l'avenir des destinations commerciales en orbite ou pour la mission Artemis sur la Lune ?

Tout ce qui a été appris à bord de l'ISS constitue un entraînement et des exercices pratiques pour les astronautes vers des missions plus longues pour aller sur la Lune notamment. 

La station spatiale a permis d’apprendre énormément de choses sur le corps humain. Lors des débuts de l’ISS, les missions étaient assez courtes. Pendant très longtemps, il y a eu des missions de navettes spatiales qui se succédaient. Ces missions pouvaient aller de quinze jours à deux mois maximum. Et puis, les missions ont pu s’étendre jusqu’à six mois avec des rotations alternées entre les équipages en provenance de la Russie et des Etats-Unis. Il y avait une relève en alternance entre les Américains et les Russes. La population de la station était renouvelée en permanence. Un programme de sport obligatoire tous les jours a été adopté afin d’essayer de limiter les problèmes d'ostéoporose et la perte de muscles. Lorsque vous êtes en apesanteur, vous ne vous servez pas du tout de la même façon des muscles et ils fondent, ils disparaissent littéralement. Cet apprentissage et ces leçons sont très importants pour des missions de longue durée vers Mars. 

En l’espace de 25 ans, y a-t-il eu des avancées technologiques importantes sur la station elle-même ?

La Station spatiale internationale est un vecteur d'amélioration et de haute technologie. L'espace est un environnement qui est très hostile. Il est donc obligatoire de prévoir et de concevoir des matériaux qui vont résister à l'espace. Il a donc fallu mener des études, faire de la recherche, améliorer les compétences, les matériaux et les technologies. L’une des prouesses à bord de l’ISS concerne par exemple le recyclage de l’eau. Dans la station spatiale, à peu près 80 % de l'eau et de l'humidité sont recyclés. Le corps rejette de l'humidité en permanence. Cette humidité flotte. Elle est captée automatiquement par les différents ventilateurs et les mécanismes de circulation d'air à bord de la station. Cette humidité est récupérée et recyclée. Plus on améliore la capacité à tout réutiliser à bord de l’ISS, plus on obtient des compétences sur Terre pour permettre de résoudre des crises là où il n'y a pas d'eau potable où après des catastrophes naturelles. 

Les améliorations au sein de la Station spatiale internationale servent réellement sur Terre. 

Les recherches menées suite aux séjours dans l’espace ont démontré que les astronautes souffraient d'ostéoporose quand ils rentraient sur Terre. Cela a permis de mener des recherches sur l’ostéoporose et d’avoir un nouveau regard sur cette maladie. L’activité sportive obligatoire chaque jour favorise l’irrigation des muscles et la lutte contre l’ostéoporose. 

Il y a eu un grand nombre de découvertes à bord de la Station spatiale internationale et qui ont été appliquées au sol. L’ISS a été un laboratoire géant durant 25 ans. 

Ces travaux et ces missions scientifiques ont permis de mener des expériences sur Terre et de faire avancer considérablement la recherche scientifique pour trouver un traitement ou développer un matériau de meilleure qualité. Les travaux de l’ISS ont contribué à des améliorations concrètes sur Terre. 

En apesanteur, le travail scientifique sur les cellules a ainsi été facilité car la structure des cellules est plus malléable dans l’espace. Des manipulations ont été rendues possibles à bord de l’ISS.

Les missions menées à bord de l’ISS ont notamment permis d’étudier le comportement des protéines, des cellules et des processus biologiques en microgravité permettant de faire progresser la recherche sur la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, les maladies cardiaques et l'asthme. Les chercheurs de l’ISS ont aussi fait des découvertes surprenantes sur les « flammes froides », qui peuvent brûler à des températures extrêmement basses. Les études menées à bord de la station spatiale ont contribué à enrichir nos connaissances sur l’atrophie musculaire et de la perte osseuse chez l’humain. Enormément de travaux ont donc été réalisés sur ces 25 ans dans l’espace. Cela a bien eu un impact bénéfique sur Terre, n’est-ce pas ?

Pour supporter l'espace, qui est extrêmement hostile, les missions menées vont directement servir de base de recherche sur Terre pour développer de nouvelles technologies. L’expérience accumulée dans l’espace va servir sur Terre. 

Les conclusions des travaux menés dans l’espace permettent d’obtenir des avancées concrètes dans le cadre de procédures de recherche pour un traitement médical par exemple. 

L’évolution de la recherche et les tests effectués au fur et à mesure au sein de l’ISS permettent d’obtenir des avancées concrètes sur le plan scientifique. L’activité des astronautes à bord de la Station spatiale internationale permet d’apporter des réponses pour les scientifiques qui sont sur Terre. Il y a des expériences qui sont embarquées pour plusieurs années et sur lesquelles de nombreux astronautes vont travailler, aussi bien côté américain, européen, russe, japonais ou canadien. 

Tous les astronautes qui vont évoluer dans la station pendant six mois ont un planning très particulier et très minuté pour mener des expériences ou effectuer des prélèvements. L’ISS est véritablement un laboratoire dans l’espace qui a réussi à passer au travers de tous les problèmes géopolitiques. 

Quel est l’avenir de l'ISS ? Un processus de déclassement est-il prévu pour 2031 ?

Les premiers modules de la Station spatiale datent de 1998. Ils ont vieilli et arrivent vraiment en bout de course. Les prévisions tablaient initialement sur la fin de l’ISS vers 2020 et puis cette date a été repoussée à 2022, 2024, 2026, 2028 et 2030. Les différents pays concernés se sont engagés à entretenir la station jusqu'en 2030. Mais au-delà, cela risque de devenir dangereux. 

La Station spatiale internationale sera complètement démembrée. Les différentes parties de la station seront démontées et poussées vers une orbite de descente. Ils redescendront sur Terre et seront brûlés dans l’atmosphère. Pour certains très gros morceaux, une petite partie non brûlée tombera dans l’océan. Le démontage de la station sera un très gros chantier dans les années à venir.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !