La France et les Etats-Unis n’exploitent pas les richesses minières du Niger, la Chine si <!-- --> | Atlantico.fr
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Pancarte anti-France tenue lors d'une manifestation au Niger
Pancarte anti-France tenue lors d'une manifestation au Niger
©AFP

Geopolitico Scanner

La France est largement pointée du doigt depuis le début du coup d'Etat au Niger. Mais ceux qui le font oublient trop souvent les intérêts, bien plus marqués, d'autres grandes puissances dans le pays.

Michael Shurkin

Michael Shurkin

Michael Shurkin est directeur de Global Programs à 14 North Strategies et fondateur et Président du Shurbros Global Strategies. Il travaille sur la sécurité en Afrique de l’Ouest (Sahel), mais aussi sur les stratégies de défense européenne et américaine, sur les structures de force, l’assistance en matière de sécurité et les institutions. Auparavant, il a travaillé pour la RAND, où il a été analyste politique senior, et pour la CIA, où il a été analyste politique. Il est diplômé d’un doctorat en histoire de l’université Yale et a fait des études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS).

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Atlantico : Dans la rhétorique de Kemi Seba et d'autres idéologues et faiseurs d'opinion, les États-Unis et la France tentent de mettre la main sur les ressources naturelles du Niger, secoué par un coup d'État. Que se passe-t-il vraiment ?

Michael Shurkin : C'est un non-sens. La France et les États-Unis ne jouent qu'un rôle limité dans l'économie nigérienne ; la Chine est le partenaire dominant en ce qui concerne les ressources naturelles du Niger. La montée en puissance de la Chine s'est faite au nez et à la barbe de la France et des États-Unis, avec la participation enthousiaste de Bazoum. Paris et Washington s'en moquent. Bazoum était leur homme, et pourtant ils ne voyaient pas d'inconvénient à ce qu'il s'associe à la Chine. Leur réaction ne reflète donc pas une quelconque préoccupation pour les ressources naturelles du Niger.

Les personnes qui avancent ce genre d'arguments ne tiennent pas compte du fait qu'en Afrique, les acteurs économiques extérieurs se sont fortement diversifiés. La Chine domine, mais aussi la Turquie, les Émirats arabes unis et bien d'autres. Les entreprises françaises sont peu présentes. Les Américains sont quasiment absents. De plus, ils

Ils surestiment également la valeur des ressources naturelles du Niger et d'autres pays pour la France, etc. Les ressources naturelles du Sahel sont difficiles et coûteuses à exploiter et comportent souvent beaucoup plus de risques que ce que les investisseurs occidentaux sont prêts à accepter.

Quelle est la part de propagande anti-occidentale dans tout cela ?

Michael Shurkin : La plus grande part.

Si l'Occident est pointé du doigt, dans quelle mesure les Russes, et surtout les Chinois, cherchent-ils à s'approprier les ressources ?

Michael Shurkin : Les Chinois sont l'acteur clé. Ils sont la puissance dominante lorsqu'il s'agit de s'approprier les ressources africaines. C'est loin d'être le cas. Les Russes sont à peine présents, même si Wagner est présent dans quelques pays, où il cherche à générer de l'argent et à aider l'État russe à contourner les sanctions.

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Les Chinois ont des intérêts économiques à long terme et s'intéressent clairement au pétrole et à l'uranium. Ces deux éléments sont essentiels à leur économie. Au Mali, ils investissent dans la production de lithium.

 Comment la Chine procède-t-elle ? Quels sont ses principaux intérêts au Niger ?

Michael Shurkin : La Chine contrôle la production de pétrole du Niger et a construit un oléoduc vers le Bénin pour aider à acheminer le pétrole nigérien vers le marché. La Chine a également exploré et développé les gisements d'uranium du Niger.

Comment expliquer que les gens soient si enclins à dénoncer l'action de la France mais semblent refuser de voir l'influence chinoise dans la région ?

Michael Shurkin : La raison pour laquelle ils sont sensibles à la France mais insensibles aux intérêts chinois est qu'ils ont un passé colonial avec la France et qu'ils se méfient donc profondément de la France. L'idéologie africaine "anticolonialiste" vise la France et d'autres anciennes puissances coloniales. La Chine n'a pas été une

La Chine n'a pas été une puissance coloniale en Afrique et elle a toujours entretenu de bonnes relations avec les États africains postcoloniaux. Ces derniers voient simplement la Chine à travers un prisme différent. Ainsi, tout ce que fait la France est considéré comme "néocolonial". Ils ne voient tout simplement pas la Chine de cette manière.

Que peut faire la France face à ces accusations et, plus généralement, face à la situation au Niger ?

Michael Shurkin : La France ne peut pas faire grand-chose, car l'opinion publique est fixée, et nombreux sont ceux qui s'acharnent à lui faire porter le rôle de bouc émissaire ou à l'accuser d'arrière-pensées pour expliquer les problèmes de leur propre pays.

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