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La Chine cherche à regagner la confiance des dirigeants occidentaux
©©Pavel Golovkin / POOL / AFP

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La Chine a d’autres chats à fouetter que de venir en aide à la Russie dans sa guerre en Ukraine. Les dirigeants chinois doivent redresser leur économie et pour cela, ils ont besoin des marchés et des investisseurs occidentaux

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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L’agressivité de Donald Trump et la menace chinoise sur Taiwan avaient occulté la réalité d’une situation chinoise compliquée que le président Xi Jinping doit maintenant redresser. C’est la principale raison pour laquelle il est aussi réservé et prudent dans sa relation avec Moscou. 

Les dictateurs peuvent faire ce qu’ils veulent à une condition : que ça ne perturbe pas trop leur peuple sinon, comme l’expliquait Machiavel, les peuples se braquent. Les dictateurs font tous implicitement une promesse de prospérité et de sécurité… Si la promesse n’est pas tenue, ça devient rapidement insupportable. 

Pour beaucoup d’observateurs, la situation en Chine devient compliquée et la société chinoise commence à s’impatienter. 

La crise du Covid, d’abord, a été de l’avis général très mal gérée. Les autorités chinoises ont été incapables de donner des explications claires et précises sur l’origine et le développement de la pandémie. Ne disposant d’aucun médicament, ni de vaccin efficace, Pékin a donc choisi cette stratégie du zéro covid qui a consisté à isoler brutalement et drastiquement des zones entières de population, confinées, où il était interdit de sortir, de bouger et même de travailler. Cette stratégie qui a concerné des centaines de millions de Chinois a été très mal vécue, et surtout, elle a couté extrêmement cher, en mettant à genoux l’activité depuis 2019. Elle continue d’ailleurs de s’appliquer. 

Encore aujourd’hui, beaucoup d’entreprises, filiales de groupes étrangers, ont jeté les gants après trop d’inactivité. La France, qui avait été très séduite par l’attractivité chinoise, n’a pas échappé au phénomène. 

Selon la Chambre de commerce franco-chinoise, le pays qui avait attiré plus de 2000 filiales d’entreprises françaises, a perdu de son attractivité. Plus de la moitié préparerait leur fermeture et leur délocalisation dans un autre pays d’Asie si cette politique du zéro covid n’était pas suspendue. 

Plus largement, l’image du pays et de ses dirigeants s’est beaucoup dégradée car la politique anti covid s’est accompagnée d’un durcissement du pouvoir : moins de transparence, plus de contrôle et d’interdictions. 

Les conséquences économiques sont très perceptibles. La chute du PIB s’est traduite par une détérioration des conditions de vie. Pas de travail, peu de mobilité, c’est aussi beaucoup de prospérité en moins et de liberté. D’autant que cette situation a freiné le flux migratoire à l’intérieur du pays. Moins de travail en ville, c’est moins de paysans capables de réaliser leur rêve de venir en zone urbaine attirés par la lumière, c’est moins de logements occupés, c’est donc aussi un risque de crise immobilière dans les grandes métropoles où on a beaucoup construit. Quand les programmes sont établis pour répondre à une croissance à plus de 10%, ils sont obligés de s’arrêter quand la croissance tombe à 2 ou 3%. 

La guerre en Ukraine et l’inflation mondiale post-covid ont encore perturbé l’activité chinoise qui a commencé à perdre certains de ses débouchés en Occident, notamment dans les secteurs de grande consommation. Habillement, ameublement, produits d’électroménager  etc . 

Ajoutons à cela la méfiance de beaucoup d’occidentaux à l’encontre des pays comme la Chine, qui ne respecte pas toujours la loyauté et le droit commercial. 

 Xi Jinping est donc confronté à une situation tendue qui porte en germe des risques sociaux dans certaines régions et par conséquent, politiques. 

Pendant des décennies et notamment après son adhésion à l’OMC - l’organisation mondiale du commerce, les dirigeants chinois ont vécu une véritable lune de miel avec l’occident et les investisseurs. Ils n’ont eu de cesse que de s’intégrer aux marchés mondiaux.

Aujourd’hui, ils cherchent véritablement à retrouver la confiance dont ils pensaient bénéficier avant le covid, mais ils commettent beaucoup de maladresses. Quand ils se mettent à ouvrir la chasse aux très riches et aux trop puissants parmi les Chinois qui ont réussi, ils font finalement peur à tout l’occident. 

La gouvernance chinoise doit faire face à la grogne silencieuse du peuple chinois (qui a peur de l’avenir parce que l’usine où ils travaillent tournerait au ralenti) mais cette même gouvernance se méfie de plus en plus des capitalistes qui ont fait fortune dans le pays et qui auraient les moyens de les étrangler politiquement. 

Xi Jinping cherche donc une ligne de crête. D’un côté, conserver les marchés occidentaux - 600 milliards de dollars de commerce avec les États-Unis et 300 milliards avec l’Europe, et limiter le pouvoir des entreprises sans les asphyxier parce qu’il en a aussi besoin. 

Dans une telle situation, Pékin a autre chose à faire que de venir aider son grand voisin russe avec lequel il avait, certes, quelques affinités idéologiques, mais pas d’histoire en commun ni de culture et finalement, assez peu d’intérêts économiques et financiers. Alors à quoi bon. 

Maintenant, toute la question est de savoir ce que les démocraties occidentales vont faire d’un partenaire comme la Chine qui cherche à redresser son économie. Mais surtout ne rien faire qui puisse l’humilier ou l’asphyxier.  Taiwan existe. C’est un enjeu politique pour la Chine comme pour les USA.

Personne n’a intérêt à ouvrir un nouveau prétexte de conflit. 

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