L’IA surpasse les meilleurs modèles de prévision météorologiques. Quels domaines seront les prochains sur la liste ?<!-- --> | Atlantico.fr
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GraphCast, une IA nourrie de données météo sur 40 ans, surpasse les modèles à base de théories physiques pour donner le temps à 10 jours.
GraphCast, une IA nourrie de données météo sur 40 ans, surpasse les modèles à base de théories physiques pour donner le temps à 10 jours.
©Pixabay

Dynamique

GraphCast, une IA nourrie de données météo sur 40 ans, surpasse les modèles à base de théories physiques pour donner le temps à 10 jours.

Laurence  Devillers

Laurence Devillers

Professeure à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur (Limsi) du CNRS

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Atlantico : GraphCast, une IA nourrie de données météo sur 40 ans, surpasse les modèles à base de théories physiques pour donner le temps à 10 jours. Comment l'expliquer ?

Laurence Devillers : La dynamique des systèmes météorologiques est l'un des phénomènes physiques les plus complexes à modéliser. Les prévisions bulletin météo ne sont pas toujours fiables, surtout à moyen terme, l’intelligence artificielle (IA) peut contribuer à les rendre plus fiables. La société DeepMind, filiale de Google, vient de démontrer la supériorité de son algorithme GraphCast sur les meilleurs modèles classiques fondés sur des équations physiques. Selon un article publié récemment dans la revue Science, une équipe de Deepmind a mis au point un programme de prévision climatique qui excelle dans la prévision des conditions météorologiques jusqu’à 10 jours à l’avance, dépassant la précision et la rapidité de la norme industrielle établie : la prévision à haute résolution (HRES), développée par le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF).
En quoi ce programme est-il différent des modèles existants ?

La différence fondamentale avec les modèles existants est que l’IA de GraphCast a ingéré des décennies d’informations météorologiques ainsi qu’une quarantaine d’années de données provenant de satellites, de radars et de stations météorologiques. Les modèles existants reposent sur l’utilisation d’équations physiques sur des paramètres comme la pression, la température, l’humidité, ou le vent, etc., à différentes altitudes, qui servent à faire évoluer le modèle de la manière la plus « réaliste » possible. L'approche dominante en matière de prévisions météorologiques est aujourd'hui la "prévision numérique du temps" (PNT), qui consiste à résoudre les équations régissant le temps à l'aide de superordinateurs. Le succès de la PNT réside dans les pratiques de recherche rigoureuses et continues qui fournissent des descriptions de plus en plus détaillées des phénomènes météorologiques, et dans la capacité de la PNT à s'adapter à une plus grande précision avec des ressources informatiques plus importantes Avec une puissance de calcul colossale nécessitant des centaines de machines sur un supercalculateur, les prévisions à 10 jours sont établies avec de gigantesques bases de données. Cela met en jeu de très nombreux phénomènes physiques (échanges thermiques, changements d’état, rayonnement solaire, friction, mécanique des fluides,…).

Comment l’intelligence artificielle mise au point par Google DeepMind parvient-elle à surpasser les modèles météorologiques actuels en termes de précision ? 

GraphCast est une avancée clé dans les prévisions météorologiques précises et efficaces, et aide à réaliser la promesse de l'apprentissage automatique pour la modélisation de systèmes dynamiques complexes. Elle permet d'améliorer la précision des prévisions en saisissant les modèles et les échelles dans les données qui ne sont pas facilement représentées dans des équations explicites. GraphCast surpasse considérablement les systèmes déterministes opérationnels les plus précis sur 90 % des cibles de vérification de 1380, et ses prévisions soutiennent une meilleure prédiction des événements graves, y compris le suivi des températures extrêmes. Et ce au prix d’un temps de calcul ridicule : à peine une minute sur un processeur unique contre des heures de supercalculateur pour les méthodes canoniques.

GraphCast pourrait-il être utilisé dans des domaines comme l'agriculture, les   transports ou la gestion des catastrophes naturelles ? Quelles sont ses applications potentielles ?

GraphCast pourrait être nourrie avec des données rurales de l’agriculture ou d’anciennes catastrophes naturelles. L’envergure de ces modèles est d’être générique et de pouvoir être appliquée à de nombreux sujets verticaux.

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