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Hugues Serraf : "L’expression « fier d’être marseillais » n’est donc manifestement pas synonyme de « fier de Marseille », qui exigerait davantage d’efforts et de discipline"
©GERARD JULIEN / AFP

Bonnes feuilles

Devise officieuse de la ville signifiant que les Marseillais sont fiers d’être de là où ils sont plutôt que d’autre part, mais pas suffisamment pour ne pas balancer leurs détritus partout et pisser contre les murs à tous les coins de rue. Extrait du "Petit dictionnaire (modérément) amoureux de Marseille" de Hugues Serraf, publié aux éditions Gaussen. 2/2

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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FADA : Un fada peut être un fou authentique nécessitant l’intervention d’un médecin spécialisé, ou un simple imbécile pour lequel il n’y a pas grand-chose à faire. Le terme sert également à exprimer son indignation ou sa surprise.
FERNANDEL : Comédien rigolo à l’accent fortement prononcé et au physique équin né boulevard Chave, dans le 5e arrondissement de Marseille, mais enterré à Passy, dans le 16e arrondissement de Paris. Parfois confondu avec Charles Pasqua, il est injustement oublié des jeunes générations, son œuvre n’étant pas aussi fréquemment découpée en petits clips sur YouTube que celle de Louis de Funès, pourtant son contemporain (mais natif de Courbevoie).
FERRY-BOAT : Pittoresque navette maritime opérant une liaison entre le quai de l’Hôtel de Ville et le quai de Rive-Neuve, soit 283 mètres de traversée. Le Ferry-boat (prononcer Ferry- boîte) permet de s’épargner dix minutes de marche pour cinquante centimes à peine, ce qui n’est pas bien cher. Mais pas tous les jours, car il est souvent en panne, en grève ou juste en pause syndicale.
« FIER D’ÊTRE MARSEILLAIS » : Devise officieuse de la ville signifiant que les Marseillais sont fiers d’être de là où ils sont plutôt que d’autre part, mais pas suffisamment pour ne pas balancer leurs détritus partout et pisser contre les murs à tous les coins de rue. L’expression « fier d’être marseillais » n’est donc manifestement pas synonyme de « fier de Marseille », qui exigerait davantage d’efforts et de discipline. 
Il existe cependant une devise officielle en latin que personne ne semble vraiment connaître et dont l’origine reste obscure : « Actibus immensis urbs fulget massiliensis » (« Marseille ne brille que par ses hauts faits »).
FOIRE DE MARSEILLE : Parc des expositions accueillant chaque année un mini-salon de l’auto, une version modeste de la Foire de Paris (sans le concours Lépine mais avec davantage de constructeurs de piscines et de vendeurs de systèmes de climatisation) et un grand meeting de Marine Le Pen.
FONTAINES : On recense à Marseille près de cent cinquante fontaines monumentales dont certaines sont encore équipées d’une arrivée d’eau fonctionnelle et ne servent pas simplement de poubelles d’appoint. On y trouve également huit fontaines Wallace (les fontaines publiques à cariatides dont Paris avait été dotée fin 19e par un baronnet anglais qui ne supportait pas le vin) mais personne n’a su me dire comment elles étaient arrivées là.
FORCE OUVRIÈRE : Organisation semi-secrète de gestion parallèle de Marseille dont les rites, le fonctionnement et le mode d’adhésion par cooptation sont inspirés de la franc-maçonnerie. À ne pas confondre avec les reptiliens, les illuminatis, le groupe de Bilderbeg et, surtout, le syndicat de travailleurs homonyme opérant dans le reste de la France.
FORTS (LES) : L’entrée du Vieux-Port est encadrée par deux forts, Saint-Jean et Saint-Nicolas, qui lui donnent de faux airs de La Rochelle sur certaines cartes postales. Le premier fut édifié par René d’Anjou (dit « Bon roi René ») au xve siècle pour défendre la ville, et le second par Louis XIV au xviie afin de mater les fréquentes rébellions des Marseillais (ses canons étant tournés vers l’intérieur des terres).
Magnifiquement restauré, le fort Saint-Jean est désormais intégré au site du MuCem, se visite et accueille même de nombreuses expositions. Le fort Saint-Nicolas, lui, ne sert strictement à rien mais sa partie basse, dite Ganteaume, est utilisée comme salle de mariages et de barmitzvah par l’armée, qui en est la propriétaire.
FRÉDÉRIC SAUVAGE (BOULEVARD) : Artère du 14e arrondissement spectaculairement transformée en décharge par une bonne partie des entrepreneurs du bâtiment et des réparateurs automobiles de l’agglomération. Gravats, pneus usagés, plaques d’amiante et barils de liquides non identifiés mais souvent frappés d’une inquiétante tête de mort y sont déposés quotidiennement et, parfois, homéopathiquement collectés par les services municipaux. De nombreux groupes Facebook de photographes amateurs lui sont consacrés et l’office du Tourisme envisagerait de l’inclure dans son circuit de randonnée urbaine.
Inventeur de l’hélice à spirale et du soufflet hydraulique, Frédéric Sauvage (1786-1857) est mort fou. Il était de Boulogne- sur-Mer et n’aurait jamais mis les pieds à Marseille.
Extrait du "Petit dictionnaire (modérément) amoureux de Marseille" de Hugues Serraf, publié aux éditions Gaussen.

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