L’espionnage sale nous pousse-t-il vers un monde de plus grande vertu... ou de dirigeants aux mains de maîtres-chanteurs ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Barack obama.
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Et si l'omniprésence des écoutes et du renseignement poussait à plus de vertu chez nos dirigeants, justifiant ainsi le chantage ou l'excès de transparence ?

Alain Chouet

Alain Chouet

Alain Chouet est un ancien officier de renseignement français.

Il a été chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE de 2000 à 2002.

Alain Chouet est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l’islam et le terrorisme. Son dernier livre, "Au coeur des services spéciaux : La menace islamiste : Fausses pistes et vrais dangers", est paru chez La Decouverte en 2011.

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Atlantico : La quasi-certitude d’être écouté par des services de renseignement peut-elle inciter les hommes d’Etat à se comporter de manière plus éthique et rendre ainsi l’espionnage inutile ?

Alain Chouet : Je ne pense pas que cela va changer profondément leur comportement. A priori, les choses susceptibles de leur nuire sur le plan moral ou financier ne sont pas dites au téléphone. Une personne dans la transgression restera dans la transgression. Le fait d’être écouté ne change pas grand-chose et n’a pas de réel impact sur leur comportement ou leurs propos.

Lire aussi :Pourquoi le vrai espionnage (le sale, celui qui donne des moyens de pression) ne risque pas de se retrouver dans les câbles WikiLeaks

La transparence totale demandée au personnel politique est-elle la garantie vers une société plus vertueuse ?

La transparence n’est pas forcément synonyme d’hommes politiques ou d’une société qui tendraient vers plus de vertu. D’autres habitudes seront prises, mais on ne se dirige pas en ce sens. Mais au fond, est-ce bien utile d’avoir une vie politique entièrement transparente ? Trop de transparence peut rapidement devenir invivable. On réclame de la transparence aux responsables politiques, ce qui est normal, mais mettre entièrement à nu des hommes publics est un danger car cette exigence sera, in fine, demandée à chaque citoyen. Est-ce dans notre intérêt ? Dans ce cas nous fabriquons une civilisation à la Big Brother où chacun doit justifier de tout ce qu’il fait aux autres. Je ne sais pas si c’est une société souhaitable.

Le pouvoir se concentre-il en fait entre les mains de quelques individus qui détiennent des informations très sensibles et qui les utilisent à des fins de pression contre les hommes politiques ? Ces derniers ne sont-ils finalement que des pions dans un jeu d’illusionniste qui échappe à l’immense majorité de nos concitoyens ? 

Je ne suis pas convaincu par cette thèse. Vous savez, le pouvoir réel est le pouvoir de l’argent. Avec ou sans écoutes, le pouvoir est dans les multinationales et dans les banques. Obtenir des informations est inutile si derrière vous n’avez pas l’argent pour en faire quelque chose. Quant aux hommes politiques, ils ont peut-être une certaine indépendance vis-vis de la NSA, mais pas beaucoup vis-à-vis des grandes banques et des multinationales. Le personnel politique et donc les Etats ont une marge de manœuvre limitée

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