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L’écologie doit s’inspirer des préceptes gaulliens
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Lorraine verte

Le Premier Président de la Vème République n’a pas connu le développement de toutes les théories écologiques, des inquiétudes et angoisses liées au réchauffement climatique. Alain Carignon, ancien ministre de l’Environnement et Ferréol Delmas, directeur du think-tank « Ecologie responsable » expliquent que celui qui lance « l’Appel du 18 juin » livre au travers de son parcours, une véritable leçon politique, applicable aujourd’hui, notamment en matière de politique écologique.

Alain Carignon

Alain Carignon

Alain Carignon est ancien Ministre de l’Environnement.

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Ferréol Delmas

Ferréol Delmas

Ferréol Delmas est le Directeur du think tank « Ecologie responsable ».

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Ecologie et préservation des espaces naturels 

En 1946, dans son carnet de notes et de citations, le premier des Français paraphrase l’auteur des Mémoires d’Outre-Tombe, Chateaubriand : « Les forêts précèdent les civilisations. Les déserts les suivent ». Loin des caricatures, le Général est, en effet, sensible aux questions touchant l’environnement. Durant ses deux mandats de président de la République, des mesures sont adoptées pour respecter cet environnement notamment concernant la protection de la nature : avec lui en 1960 est institué le principe de parc naturel national afin de préserver les réserves naturelles en France et d’en protéger la biodiversité, avec en 1963 l’arrivée du parc de la Vanoise en Savoie. Par la suite, en 1967, la promulgation- d’un décret met en place le statut de Parc Naturel Régional (PNR) et s’ouvre celui des Pyrénées-Catalanes dans les Pyrénées-Orientales. D’autres mesures suivent comme la loi portant sur la de préservation de la faune, une loi interdisant la vente de certains gibiers menacés de disparition en montagne en 1964. Le volet énergétique intéresse, en outre particulièrement Charles de Gaulle : en 1962, il approuve la construction d’un four solaire à visée industrielle à Odeillo Font-Romeu dans les Pyrénées-Orientales. Il inaugure, en 1966, la première usine marémotrice, dans l’estuaire de la Rance dans les Côtes-d’Armor. Enfin, dès 1964, la loi sur l’Eau est destinée à en assurer une meilleure répartition – pour l’usage domestique, agricole, industriel… – et à lutter contre sa pollution sur l’ensemble du territoire français.

Ecologie et innovation

Le Général de Gaulle est un homme d’innovation. Il pense que le progrès technique peut « améliorer » l’Homme. Aménager notre habitat tout en préservant nos modes de vie sera son mantra comme il l’explique en 1961, lors de l’inauguration du tunnel sous le Mont Blanc, déclarant : « le progrès de la science et de la technique ouvre à notre pays des horizons de développement dont les limites reculent tous les jours ». Héritier de la pensée gaullienne, notre projet écologique, loin de rejeter le progrès, l’innovation, la science, au contraire, doit croire en l’Homme, en son génie, en ses facultés et entend l’accompagner afin d’apporter des solutions nouvelles face à ces enjeux écologiques maintenant bien définis, intégrant une économie compétitive et dynamique. La transition écologique est une affaire très complexe qui ne saurait s’opposer à la croissance économique. Elle se caractérise par la création de nouveaux emplois, mais aussi par la transformation de certaines professions. Il convient donc d’adopter une politique volontariste, au plus près de nos concitoyens y compris en milieu urbain. Dans cette logique, soutenir des projets innovants à l’instar de bancs connectés dans les grandes agglomérations, permet de mieux appréhender les effets de la pollution atmosphérique afin de la réduire. 

Ecologie et pragmatisme 

Le général de Gaulle, loin d’être un idéologue est avant tout un pragmatique qui adaptait les modalités de son action selon les circonstances, en ne gardant d'intangibles que quelques principes pour fixer les buts à atteindre. Néanmoins, sur chacun des thèmes qu'il met en avant l'ensemble de ses choix, de ses objectifs et des moyens pour y parvenir, façonne bel et bien une doctrine politique inspirée par une philosophie patriotique humaniste inspirée du christianisme. C’est ce même pragmatisme qui doit pousser nos dirigeants à adopter des positions responsables à la fois pour la planète mais également pour l’économie notamment en matière d’énergie nucléaire. Être écologiste et pragmatique, c’est rejeter des idées préconçues, les dogmes, c’est chercher en toutes circonstances le meilleur pour l’Homme, «  la seule querelle qui vaille ».  

Suivre la voie des héritiers du gaullisme : s’inspirer du discours de Chicago 

Le président Pompidou, successeur direct du Général de Gaulle, applique ces maximes gaulliennes et tente de tracer une voie en matière environnementale. Le 28 février 1970, dans son discours de Chicago sur les problèmes de l’environnement urbain, il dresse un constat lucide : « L’emprise de l’homme sur la nature est devenue telle qu’elle comporte le risque de destruction de la nature elle-même […] La nature nous apparaît de moins en moins comme la puissance redoutable que l’homme du début de ce siècle s’acharnait encore à maîtriser, mais comme un cadre précieux et fragile qu’il importe de protéger pour que la Terre demeure habitable à l’homme ». Il s’active pour créer un ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de la protection de la nature et de l’environnement et y place à sa tête Robert Poujade, un homme politique de premier plan. Nous fêtons cette année le 5O -ème anniversaire de la création de ce Ministère. 

Doté d’un budget de près de 200 millions de francs et 300 fonctionnaires à l’époque, ses premières missions concernent la lutte contre la pollution sonore, le développement d’un réseau de contrôle de la qualité de l’air. Poujade défend une loi équilibrée, en1976, relative aux installations classées pour la protection de l’environnement. Garder en mémoire que la protection de la nature est primordiale, la préserver tout en soutenant l’innovation, l’esprit de progrès, loin des incantations, voilà une véritable politique écologique ! 

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