L'Édito : L’Amérique, premier producteur d’énergie du monde <!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Marc Sylvestre
Jean-Marc Sylvestre
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L'Édito de Jean-Marc Sylvestre

Gageons que l’information ne va pas beaucoup circuler en France. Elle est publiée par le Wall-Street journal : les États-Unis seront devenus cette année le premier producteur d’hydrocarbure au monde devant la Russie et l’Arabie Saoudite. Cette situation totalement nouvelle va tout changer des rapports de force dans le monde.

L’Amérique est devenu champion du monde grâce au gaz et au pétrole de schiste exploité depuis deux ans. L’essor est spectaculaire et a surtout été très rapide. Au seul premier semestre, la Russie était à 10,8 millions de barils par jour, plus que l’Arabie Saoudite qui est restée à 9, 4 millions par jour.  Mais depuis l’été, les États-Unis font mieux : environ 11,5 millions de barils par jour. La performance est équivalente avec le gaz naturel. Les États-Unis arrivent premier devant la Russie. Cette situation nouvelle a déjà eu des effets très simples et très efficaces pour l’économie américaine et mondiale.

D’abord, l’Amérique a regagné son indépendance énergétique. Elle pourrait demain, faire un bras d’honneur à l’Arabie Saoudite ou à la Russie dont elle n’a plus besoin des approvisionnements. Les importations américaines fondent à vue d’œil. Ensuite, les prix de l’énergie baissent. Et comme l’énergie représente en gros 30 % des prix de revient, la baisse des prix de l’énergie (20% sur deux ans) a relancé la compétitivité des industries et la relocalisation industrielle. Ce qui a dopé la croissance américaine. Enfin, cette baisse des prix change complètement la donne au Moyen-Orient. Le déclin des monarchies pétrolières n’est pas inéluctable mais il est contenu en germe dans la découverte de nouvelles sources d’énergie. Si l’Arabie-Saoudite perd son pouvoir d’État pétrolier, toute la zone va changer ses références de pouvoir international. Tout le monde est concerné par cette affaire. En faisant baisser les prix de l’énergie, l’Amérique toute entière rend service à la planète.

L’Europe, la France en particulier, est complètement indifférent à cette révolution. Il est probable que la France recèle dans son sous-sol des réserves de gaz de schiste. Mais sous le fallacieux prétexte que l’exploration serait polluante pour les sols et les sous-sols, une petite classe politique minoritaire mais agissante a fait interdire la seule recherche. On s’oppose au gaz de schiste sans même vérifier s’il y en a, un comble. Les écologistes font campagne avec une rare violence contre les gaz de schistes. Sans savoir s’il y en a, ou plutôt de peur qu’il y en ait, ils estiment que l’exploitation est jugée dangereuse. Il pourrait accepter, ne serait-ce qu’un quart de seconde, que l’intelligence humaine serait capable dans deux ou dix ans de découvrir un procédé d’extraction moins polluant que la fragmentation hydraulique, sans savoir d’ailleurs si elle l’est ou pas. Bonjour l’optimisme. Avec un pareil raisonnement Christophe Colomb n’aurait jamais découvert l’Amérique.

On nage en plein obscurantisme. Et quand on indique aux écologistes qu'ils prennent ainsi la responsabilité de retarder la reprise économique, ils s’en réjouissent. « De la croissance ? Pourquoi faire ? On peut vivre autrement, non ? ». La messe est dite. Le noyau dur des écologistes français qui siège d’ailleurs au gouvernement est fondamentalement militant de la non-croissance. La reprise, les gaz de schiste, la productivité et même l’emploi ne fait pas partie de leur préoccupation. C’est pour cette raison que le débat au sein même de la famille présidentielle est aussi confus. Pas question de compromis sur la reprise. La crise qui est une opportunité de progresser dans la modernité pour beaucoup, s’avère être un moyen pour installer la stagnation pour d’autres. Avec de tels raisonnements on n’est pas tiré d’affaire.

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