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L’hiver s’accompagne parfois d’un trouble affectif saisonnier.
L’hiver s’accompagne parfois d’un trouble affectif saisonnier.
©SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Trouble affectif saisonnier

Les scientifiques ont étudié l’impact des jours courts et de la faible luminosité sur nos comportements l’hiver.

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard

Catherine Grangeard est psychanalyste. Elle est l'auteur du livre Comprendre l'obésité chez Albin Michel, et de Obésité, le poids des mots, les maux du poids chez Calmann-Lévy.

Elle est membre du Think Tank ObésitéS, premier groupe de réflexion français sur la question du surpoids. 

Co-auteur du livre "La femme qui voit de l'autre côté du miroir" chez Eyrolles. 

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Atlantico : Il apparaît désormais évident que le comportement de tout un chacun est susceptible à des évolutions… dont certaines peuvent être incombées aux saisons. Certains scientifiques parlent d’ailleurs du trouble affectif saisonnier, lié au manque de lumière et au raccourcissement du temps de soleil. De quoi s’agit-il exactement ?

Catherine Grangeard : Il est vrai, en effet, que l’hiver s’accompagne parfois d’un trouble affectif saisonnier. Je ne saurais dire si c’est là l’impact de la saison à proprement parler, mais on sait aujourd’hui que l’un des facteurs importants de ce type d’affection est le manque de lumière. Le soleil a tendance à recharger nos batteries et un manque de lumière a, de fait, un effet sur le moral. C’est l’un des aspects chimique de la chose, qui relève de la biologie du corps humain. En s’exposant au soleil, on fait le plein de vitamine D dont on connaît les bienfaits.

Ceci étant dit, je pense qu’il est également important de rappeler que les troubles affectifs saisonniers résultent aussi de facteurs non biologiques. L’humain est un animal social qui fait donc face à des problèmes d’ordres sociaux ou psycho-sociaux. Nous nourrissons tous des attentes spécifiques, notamment à l’approche des fêtes ou peu après celles-ci. C’est une période généralement jugée heureuse et, de facto, il devient souvent plus difficile de confronter d’éventuels problèmes de manque d’amour, des problèmes affectifs… Pour bien des individus, c’est un moment qui peut s’avérer difficile à vivre.

C’est une vérité que l’on observe à plusieurs reprises dans l’année, pas seulement au moment de Noël ou du Nouvel An. Ainsi, à la Saint-Valentin, il peut être difficile d’être confronté à toutes ces attentes sociales quand on est soi-même incapable d’y répondre. Ces périodes sont propices à de tels phénomènes de troubles affectifs saisonniers, particulièrement en hiver quand on est également confrontés à de moindres apports en lumière et donc aux effets précédemment évoqués.

Il va sans dire que, face à un tel trouble affectif saisonnier, le comportement change. Tout ce qui affecte l’individu a des répercussions sur les différents aspects de son existence. C’est le cas de la libido, par exemple, qui a tendance à diminuer dans ce genre de situation. 

Comment se préserver contre le trouble affectif saisonnier et ses effets ?

Hélas, il n’existe pas de recette magique pour se préserver de ce genre de troubles. Je pense que c’est le signe d’un besoin de s’arrêter un instant pour faire le point sur la réalité de sa vie : si tout va mal le reste du temps aussi, il n’est guère étonnant que, durant l’hiver et à l’approche ou à l’issue des fêtes, cela soit encore plus difficile qu’auparavant. Non seulement, il y a un potentiel déficit de vitamines D induit par un manque d’exposition au soleil, mais il y aussi très clairement un décalage entre la réalité et nos attentes. 

Il me semble qu’il devient alors indispensable de faire preuve d’honnêteté et de lucidité vis-à-vis de soi. Il ne faut pas s’attendre à passer une année géniale si celle-ci est marquée par un moment difficile, qui peut être la perte d’un être cher, d’un travail, un deuil, que sais-je. Ces moments pèsent et peuvent complexifier des situations de ce type, déjà naturellement ardues à appréhender pour certains. 

Peut-être faut-il donc changer son regard sur ces périodes, ne pas trop en attendre. On peut tout à fait penser qu’elles vont nous recharger alors qu’en réalité, on se retrouve souvent à regarder les autres – ceux qui vont bien, donc – faire la fête. Il est important, puisque l’on parle ici de météo et de lumière, d’accorder sa météo intérieure et la météo extérieure.

Quand les choses vont déjà bien, il est beaucoup plus simple d’encaisser le trouble affectif saisonnier, parce qu’avec une météo intérieure plus positive, le monde extérieur a moins d’emprise.

Que faire pour aider un proche qui souffrirait d’une telle affection ?

La réponse dépendra de la raison pour laquelle ce ou cette proche souffre d’un trouble affectif saisonnier. De qui il ou elle est pour soi, également, et de la relation que l’on entretient avec. Il va de soi que vivre avec quelqu’un, quand on souffre d’une telle affection alors que l’autre non, peut s’avérer complexe. Et inversement. 

Le plus important, je dirais, c’est de se mettre à l’écoute du proche souffrant. Non pas en regrettant qu’il n’aille pas bien et que cela puisse peser sur ses propres journées, mais surtout en essayant de voir ce qu’il est possible de faire pour lui ou pour elle. De reconnaître, aussi, quand on est dépassé et de l’encourager, si cela s’avérait nécessaire, à consulter auprès d’un professionnel. Quand on a mal aux dents, on va voir un dentiste. C’est le même genre de situations.

Ne perdons pas de vue que ce qui compte, c’est moins ce qui se passe entre le seul 1er et 31 janvier, mais bien ce qu’il se passe entre le 31 janvier et le prochain 1er janvier.

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