Homosexualité : l'étrange alliance entre traditionalistes et tenants des études de genre pour taire les avancées scientifiques sur les causes biologiques des comportements sexuels<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
L'homosexualité est-elle innée ou acquise ?
L'homosexualité est-elle innée ou acquise ?
©Reuters

"Personne n'est contre nature"

Christian Combaz vient de publier les "Ames douces" (Télémaque) où, avec l'aide d'un neurobiologiste, il fait le point sur l'état de la recherche en matière d'inné et d'acquis à propos de l'homosexualité, et réfléchit sur les conséquences morales des récentes découvertes, notamment lorsque l'Eglise consentira à en en faire mention.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

Voir la bio »

A l'heure où la Science et l'Administration conviennent qu'il puisse exister à la naissance des individus neutres, c'est à dire sans sexe clairement défini, ou chez qui les deux sexes sont l'envers et l'endroit d'une feuille de papier, c'est à dire inséparables, comment l'Eglise, comment l'Opinion laïque, peuvent-ils vouloir ignorer que, chez les homosexuels, l'orientation est l'envers de la feuille, et qu'il ne sert à rien de vouloir la dissocier de son endroit après la naissance, sauf à la froisser, sauf à la déchirer ? On se souvient des frères Reimer (l'un d'eux, prétendument transformé en fille à la naissance, s'est mis à pisser debout à 14 ans, et a ruiné tous les efforts de rééducation), du sort d'Alan Turing (héros du film Imitation Game, emprisonné, traité aux hormones, suicidé en 1952), des lobotomisés de l'entre deux-guerres, des gens qui ont subi des électrochocs et des traitements d'oestrogènes dans les camps nazis pour être corrigés de leurs penchants. Il reste encore des cliniques de prétendue "conversion des homos" qui fonctionnent selon le principe des camps de rééducation (en Amérique latine, et notamment en Equateur). Aux Etats-Unis, cet exercice, officiellement proscrit sur tout le territoire , porte le nom d'ex-gay therapy. (On trouvera la liste de ces tentatives sordides, et mille autres faits et références scientifiques, relatifs à ce qui suit, sur la page http://lesamesdouces.over-blog.com)

Au milieu de ce délire prétendument thérapeutique la seule chose véritablement contre-nature à propos de l'homosexualité est l'alliance très actuelle entre les traditionalistes chrétiens les plus féroces et les théoriciens du genre qu'on appelle constructivistes. Pour ces deux familles d'esprits, les enfants décident au berceau de ce que sera leur orientation sexuelle. Ils sont donc libres, pour les uns d'entrer dans le péché, pour les autres de fantasmer leur genre toute leur vie. Pour ces deux familles d'esprits, les cathos tradis et les libertaires qui passent leur temps chez le psy, cette altération de la personnalité peut être corrigée, au moyen d'une confession, à la verticale pour les uns au fond d'une église, à l'horizontale pour les autres dans le cabinet d'un psychanalyste. Les deux démarches prétendent mener à un résultat identique : mieux comprendre la source de son mal-être, se délivrer de sa culpabilité, voire de sa conduite elle-même.

Et si cette supercherie était en train de s'effondrer grâce à la placide détermination de la neurologie ? Et si finalement, ceux qui travaillent depuis vingt ans sur l'origine génétique et hormonale de l'homosexualité étaient sur le point d'écraser la conjuration des tartuffes ? C'est imminent. Il est probable qu'au Vatican, on le sait déjà. D'où la prudence du Pape devant la question de l'inné. Et la vérité est peut être en train de se dévoiler, comme c'est souvent le cas, à propos d'un aspect jusqu'ici entièrement négligé, inattendu, de la question. Aux Etats-Unis aucune pensée officielle ne se dégage du corps administratif au point d'intimer, aux chercheurs, la consigne de ne pas aller par là. Mais en Europe et singulièrement en France où le corps social, l'enseignement, les grandes écoles, la Recherche sont obsédés par les mêmes tabous idéologiques et ne touchent jamais à ce qui peut ruiner une carrière, la question des gènes concernés par l'homosexualité n'est jamais abordée, ou ne l'a guère été depuis la guerre. Le hiatus entre le monde américain et le nôtre est donc devenu criant. Les découvertes se multiplient dans une indifférence médiatique coupable. La chose est en train de se corser depuis que certains chercheurs ont choisi de ne pas se pencher sur la totalité du problème, sur toutes les couleurs du phénomène arc-en-ciel, mais de s'intéresser à ses aspects les plus criants, c'est à dire de se pencher sur les zones du spectre où il existe, de manière évidente, spectaculaire, un rapport entre génétique, influence hormonale, structure cérébrale, conduite psychologique et orientation sexuelle.

C'est le cas de l'autisme Asperger. Ce trouble d'origine génétique, lié parfois à des facteurs externes, hormonaux etc, altère le développement d'un enfant à naître. Son existence a été mise en lumière par un médecin autrichien nommé Asperger en 1944. Les sujets atteints sont très souvent d'une intelligence normale voire supérieure, ils se concentrent sur les détails, développent une connaissance approfondie, encyclopédique de la réalité qui les intéresse, afin de garder l'équilibre au milieu d'un monde souvent perçu comme hostile. Souvent dépourvus d'affect (souvent "de droite" aussi, c'est à dire soucieux d'ordre, pour apaiser leur crainte de l'anarchie) ils aiment les systèmes, les chiffres, la représentation spatiale, le pilotage. La répartition homme/femme chez les autistes "normaux" est grossièrement de 4 pour 1. Chez les Asperger, elle passe à 9 pour 1. Le syndrome Asperger est suspecté de correspondre à une hyper-masculinité, et d'entretenir un rapport avec le désir du pouvoir, de la manipulation spatiale, des systèmes de pensée totalisants. Les rares femmes qui en sont atteintes présentent des traits mâles et un caractère véhément comme Suzanne Boyle, la gagnante de England got talent. Cette particularité dont l'origine génétique ne fait aucun doute est très fortement corrélée au caractère gaucher et... à l'homosexualité. C'est dans cette catégorie que se recrutent souvent les grands mathématiciens comme Alan Turing, Paul Erdös ou John Nash, prix Nobel, héros du film A beautiful mind, mort cette année d'un accident de voiture à 86 ans, et qui a été pris dans une rafle anti-homo dans sa jeunesse. Tous caractériels, obsédés par les détails, dotés d'une mémoire prodigieuse, et dans le meilleur des cas ambigus sexuellement. On dit parfois aussi asexués, pour faire plaisir à leur famille. Citons aussi le cas spectaculaire du prodige anglais du calcul Daniel Tammett, qui récite les décimales de PI pendant quatre heures, trouve les racines carrées de nombres à six chiffres en quatre secondes, apprend une langue en une semaine, et confesse, avec le sourire, son homosexualité sur tous les plateaux, mais il est vrai que les temps ont changé depuis Mc Carthy. Le psychiatre qui le suit depuis dix ans se nomme Baron Cohen. Il corrèle explicitement homosexualité et cerveau hyper-masculin.

C'est donc par le biais de correspondances aussi étroites que l'iceberg va finir par révéler sa dimension réelle, et toute sa topographie génétique. Un jour prochain, un jour imminent, et l'Eglise cette fois ne pourra plus l'ignorer, les scientifiques trouveront la dizaine, la trentaine de gènes concernés et les labos pourront annoncer à une femme qu'elle est susceptible de mettre au monde un homo ou une lesbienne, avec tout l'eugénisme soft, souriant, commercial, prophylactique, que cela suppose. Hélas! en ce cas, la plupart des mathématiciens de génie seront sacrifiés au Veau d'or de la conformité, pour ne citer qu'eux. Mais il y aura aussi de nombreux pianistes, compositeurs et écrivains qui resteront dans les limbes de la société future, c'est à dire dans les éprouvettes. 

La deuxième conséquence que nous n'avons pas fini de subir, est la lobotomie religieuse qui est loin d'être conjurée puisqu'en France elle est, désormais, protégée par la loi.

Hein? Quoi? Comment ça ? Eh bien visiblement il a échappé à tout le monde (sauf à Marianne) que Najat Vallaud Berkacem a fait distribuer trente pages de recommandations aux professeurs sur la laïcité, où il est dit qu'il faudra éviter la comparaison entre le discours religieux et le savoir scientifique, ce qui signifie clairement que, si les Catholiques tradis et les créationnistes décident une fois pour toutes que les homos ont décidé de l'être, aucun professeur n'aura plus le droit d'affirmer le contraire en citant les travaux du Pr.Baron Cohen.

Enfin quand je dis les Catholiques, c'est une litote évidemment.

Christian Combaz vient de publier l'ouvrage Les âmes douces aux éditions Télémaque, dans lequel il enquête, aux côtés d'un neurobiologiste de renomée internationale, le lien entre l'innée et l'orientation sexuelle.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !