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Démission de Gérard  Collomb : "on est dans le même état que Hollande pendant sa dernière année"
©GERARD JULIEN / AFP

Passation de pouvoir

Gérard Collomb quitte donc officiellement son poste ce 3 octobre. Le ministre de l'Intérieur avait remis sa démission lundi soir au président de la République. Edouard Philippe, le premier ministre, va assurer l'intérim en attendant la nomination d'un nouveau ministre. La passation de pouvoir va se dérouler à 9h15.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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"Deux ministres d'état qui démissionnent en un mois"!  La mine dépitée de ce jeune  député d'En Marche en disait long  sur la consternation voire le désarroi qui règne en ce moment dans le camp  macroniste. "On est dans le même état que ce qu'on a connu pendant la dernière année du mandat Hollande", renchérissait un autre tout aussi déboussolé et consterné par la série de couacs et de crises qui secouent l'exécutif au bout de seulement dix huit mois de mandat. L'épisode de ce mardi 2 octobre restera dans les annales de la politique avec un bras de fer entre un Ministre, LE premier à avoir cru au destin d'Emmanuel Macron et ce dernier, Président de la République, dont la gouvernance suscite des doutes dans ses propres rangs et se retrouve sous le feu de la critique de l'opposition. Par delà la dégradation des relations personnelles entre Gérard Collomb et Emmanuel Macron, (- dans laquelle l'affaire Benalla a beaucoup compté), c'est tout le système du fonctionnement de la macronie qui est en question, un peu plus d'an après l'élection du Chef de l'Etat...

Contrairement à François Hollande à qui l'on reprochait son indécision, Emmanuel Macron tranche, impose sa décision, et s'occupe de tout. Mais il a beau être un bourreau de travail, ce système jupitérien ne peut pas fonctionner. Et chaque incident en révèle les failles. Le cas de Gérard Collomb est exemplaire: lorsque le Ministre de l'Intérieur annonce dans l'Express du 18 septembre qu'il compte quitter le gouvernement au lendemain  des européennes pour retrouver sa mairie de Lyon, personne n'avait trouvé à y redire à l'Elysée où l'article avait, parait-il, été relu avant sa publication. Mais on n'avait pas anticipé les effets ravageurs de cette annonce prématurée, signe de la cassure entre Emmanuel Macron et son Ministre de l'Intérieur qui ne ménageait plus ses critiques à l'encontre du chef de l'Etat devant ses interlocuteurs. Et le 30 septembre, Gérard Collomb annonçait dans un entretien au Figaro qu'il avait présenté sa démission à Emmanuel Macron qui l'a refusée, parce qu'il voulait avoir la maitrise du calendrier, alors qu'elle lui avait déjà échappé pour Nicolas Hulot. Personne ne s'attendait à une grande prolongation du bail de Gérard Collomb Place Beauvau, mais on pouvait imaginer un léger sursis. Il n'en a rien été. Gérard Collomb a refusé de laisser le choix de la date à Emmanuel Macron, et déclenché une crise sans précédent . En effet, hier mardi, en pleine séance de questions d'actualité à l'Assemblée Nationale on apprenait que le Ministre de l'Intérieur maintenait sa démission en déclarant au Progrès, le journal de Lyon :" Compte tenu des rumeurs et de la pression qu'il peut y avoir, je ne veux pas qu'une candidature demain puisse troubler la marche du ministère de l'Intérieur. Il faut une clarté vis-à-vis de nos concitoyens et une clarté vis-à-vis à des Lyonnais. Je maintiens donc ma proposition de démission". Et pour que tout le monde comprenne bien sa résolution, le désormais ex-Ministre a donné une nouvelle interview en présence du Maire de Lyon, Georges Képénékian, qui annonce par la même occasion qu'il démissionne afin que Gérard Collomb retrouve son fauteuil. L'impatience s'est transformée en précipitation, voire en envie de déguerpir. Stupeur dans l'hémicycle où Edouard Philippe, interpelé, mais pris au dépourvu, a déclaré :" Je proposerai au Président de la République les décisions qui s'imposent". Le même Edouard Philippe s'est plu à rappeler un plus tard au Sénat :"Le premier ministre dirige l’action du gouvernement, et jamais je ne laisserai le début du commencement d’une hésitation pointer sur ce sujet". Mais oui, on avait presque oublié que le Président de la République nomme le Gouvernement sur proposition du Premier Ministre.  De l'Elysée Emmanuel Macron qui venait de subir un affront, faisait savoir qu'il jugeait "regrettable que Gérard Collomb se soit mis  dans la situation le conduisant à démissionner", et qu'il attendait les propositions du Premier Ministre, pas mécontent de ne pas apparaitre en première ligne après la rebuffade qu'il venait de subir...Il aura fallu attendre minuit pour apprendre que Gérard Collomb est libéré de ses fonctions et qu'Edouard Philippe assurera l'intérim de ce ministère crucial, en attendant la nomination d'un nouveau ministre. Les noms de Gérald Darmanin, Christophe Castaner, Jean-Yves Le Drian, Benjamin Griveaux, sont cités, tout comme celui de Frédéric Péchenard, vice-président de la région Ile de France et ancien directeur de la Police Nationale sous Nicolas Sarkozy. "Je crois qu'il n'ira pas se perdre dans cette maison qui est en train de s'écrouler", a lancé à son propos Eric Ciotti sur RTL. Un commentaire qui ressemblait à un  avertissement...
Par delà le nom du successeur de Gérard Collomb, la question de la gouvernance Macron est posée. Car les turbulences dépassent le gouvernement et sont également perceptibles  chez les quelque 310 députés de la République En Marche. 
Le départ de Richard Ferrand pour la Présidence de l'Assemblée n'a pas seulement donné lieu à un changement de président à la tête du groupe, c'est toute l'équipe qui va être renouvelée autour de  Gilles Le Gendre avec de nouveaux  vice-présidents et porte-paroles. Les élections internes devaient se dérouler ce mardi ; elles ont été reportées d'une semaine en raison de l'affluence de candidatures, preuve qu'il y a de l'ébullition sous le couvercle de la marmite. Dans la série des petits règlements de compte qui ont conduit à une élection étriquée de Richard Ferrand, il a manqué quatre voix aux candidats de La République en Marche pour accéder aux postes de premier et deuxième vice-président de l'Assemblée. Et, pour la  première fois depuis 1968 que l'Assemblée a élu un vice président, en l'occurrence une vice présidente de d'opposition, en la personne d'Annie Genevard (L.R)...Si les députés LR ne s'étaient pas abstenus de voter en commissions, le rapporteur général du Budget aurait perdu son mandat ...Et il s'en est fallu d'une voix pour qu'un député de la France Insoumise devienne Président de la Commission de la Défense, alors que les députés La REM sont largement majoritaires. Mais ils n'avaient pas jugé utile de se déplacer. Ironie de l'histoire : au moment où Manuel Valls faisait ses adieux dans l'Hémicycle, Géarad Collomb démissionnait du gouvernement . Il avait été " vallsiste" pour devenir macroniste ....

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