"Parler d’islam ce n’est pas parler des musulmans"<!-- --> | Atlantico.fr
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L'affaire repose la question des limites de la liberté d'expression, notamment vis-à-vis de l'islam.
L'affaire repose la question des limites de la liberté d'expression, notamment vis-à-vis de l'islam.
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Liberté d'expression

Geert Wilders, fondateur du Parti pour la liberté néerlandais, a été relaxé à l'issue de son procès pour incitation à la haine raciale et religieuse. Il était poursuivi pour avoir, entre autres, comparé le Coran à "Mein Kampf" d'Adolf Hitler. L'affaire repose la question des limites de la liberté d'expression, notamment vis-à-vis de l'islam.

Michèle Tribalat

Michèle Tribalat

Michèle Tribalat est démographe, spécialisée dans le domaine de l'immigration. Elle a notamment écrit Assimilation : la fin du modèle français aux éditions du Toucan (2013). Son dernier ouvrage Immigration, idéologie et souci de la vérité vient d'être publié (éditions de l'Artilleur). Son site : www.micheletribalat.fr

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La justice néerlandaise vient d’acquitter Geert Wilders, visé par cinq chefs d’accusation (diffamation d’un groupe au motif de leur religion ; incitation à la haine pour motif religieux ; incitation à la discrimination pour motif religieux ; incitation à la haine raciale ; incitation à la discrimination raciale). L’affaire a commencé en 2008. A ce moment-là, le procureur avait refusé de le poursuivre. Mais, en 2009, la Cour d’appel a introduit une poursuite qui a conduit au procès qui s’est ouvert le 4 octobre 2010. Interrompu au bout de trois semaines, pour défaut d’impartialité des juges, il a donc repris en 2011, avec de nouveaux juges.

Parler d’islam ce n’est pas parler des musulmans. Ainsi en ont décidé les juges. Les critiques les plus acerbes de l’islam sont donc légales aux Pays-Bas et ne sauraient constituer une diffamation de ceux qui s’en réclament. Même les déclarations directes de Geert Wilders du genre « Ces garçons marocains sont vraiment violents » n’ont pas été considérées comme constituant une incitation à la haine religieuse ou à la discrimination des musulmans puisque l’opinion émise ne faisait pas allusion à la religion

D’autres propos de Geert Wilders, passés à la loupe, ont été jugés ne pas franchir la ligne jaune, parce qu’il sont intervenus dans le cadre d’un débat politique sur l’immigration et le multiculturalisme. Certains propos sur les conséquences négatives de l’immigration de musulmans aux Pays-Bas et notamment celui selon lequel « un conflit est en cours et nous devons nous défendre nous-mêmes » ont été déclarés présenter « un caractère subversif ». Toutefois, dans la mesure où Geert Wilders a précisé qu’il n’avait rien contre les musulmans, mais qu’il s’en prenait uniquement à l’islam, les juges n’y ont vu aucun motif de condamnation.

Les juges néerlandais ont donc considéré que le cercle du débat légitime devait être très étendu. Ils font la différence entre des propos qui peuvent être blessants ou humiliants et des propos subversifs incitant à la haine ou à la discrimination. Ils reconnaissent ainsi que la liberté d’expression ne se résume pas à dire ce que l’on souhaite, mais oblige aussi à supporter d’être choqué par les propos des autres.

L’acquittement est une bonne nouvelle pour la liberté d’expression, aux Pays-Bas, en tout cas. Espérons que ce jugement sera confirmé en cas d’appel et viendra ainsi étoffer la jurisprudence néerlandaise sur la liberté d’expression. Eric Zemmour n’aurait probablement pas été condamné aux Pays-Bas.

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