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Fermeture des lieux de culte : l’Etat tente-t-il de substituer la religion de la santé aux confessions traditionnelles ?
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Religion

Ce qui se joue derrière l’interdiction de l’accès des fidèles catholiques à la messe.

Edouard Husson

Edouard Husson

Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle  ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli. 

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La mobilisation toujours plus fortes des laïcs

Pour un catholique, la messe du dimanche est d’obligation. Si le pouvoir d’Etat commet l’arbitraire, sous prétexte d’épidémie, et empêche le fidèle d’y assister, ce dernier est relevé de son obligation mais le devoir des évêques est de tout entreprendre pour que l’interdiction des messes publiques soit levée le plus vite possible. C’est pourquoi bien des fidèles étaient mal à l’aise, au printemps dernier, lorsque la Conférence épiscopale avait accepté, pendant de longues semaines, l’interdiction gouvernementale, privant les fidèles de l’assistance à la messe de Pâques. Et, lors du déconfinement, il a fallu que des laïcs forcent le destin: un recours fut déposé et gagné contre un gouvernement qui déconfinait la plupart des secteurs sauf le culte. Depuis lors, les catholiques ont montré comme ils appliquaient avec discipline des règles de prudence sanitaire. C’est pourquoi le retour de l’interdiction d’accès à la messe publique a été particulièrement mal ressenti. Lorsque des recours ont été à nouveau déposés devant le Conseil d’Etat, ils étaient non seulement plus nombreux mais des évêques s’y sont joints et la Conférence épiscopale n’était pas loin, cette fois. Le recours a été rejeté mais le Conseil d’Etat a demandé au gouvernement de faire évoluer les règles dès que la situation le permettrait. C’est pourquoi l’Eglise se joindra aux négociations du gouvernement avec les cultes, ce lundi 16 novembre 2020. Mais ce n’est pas tout. Depuis une dizaine de jours des fidèles manifestent nombreux devant les cathédrales de leur diocèse. 

Emmanuel Macron a toujours voulu confiner les catholiques

Certains rassemblements ont été déclarés et autorisés; d’autres ont été spontanés, à l’heure de la messe du dimanche. A tel point que, face à ces derniers, le Ministre de l’Intérieur a menacé d’avoir recours à la force publique ! On appréciera au passage le tact de M. Darmanin, quelques jours après le massacre de trois catholiques par un musulman fanatique dans une église de Nice ! Mais ce comportement du ministre est au fond très révélateur des motivations réelles du gouvernement. Faut-il rappeler que Monsieur Macron, lors d’un discours aux évêques, au Collège des Bernardins, avait expliqué aux catholiques que le gouvernement avait besoin d’eux dans le débat public, sans que pour autant les catholiques puissent prétendre mettre en cause le fond des politiques qui leur paraissent inacceptables. C’était poser le cadre d’un dialogue biaisé dès le départ. C’était confiner les catholiques, d’ores et déjà. C’est pourquoi les évêques ne devraient pas se faire d’illusion: le dialogue n’est pas mené de bonne foi par l’interlocuteur. S’il voit qu’il n’a pas de raison de bouger, il ne fait aucun effort. Il est nécessaire d’instaurer un rapport de force. Certains évêques trouvent qu’après le rejet du recours par le Conseil d’Etat, il faudrait limiter les protestations. Cela risquerait de compromettre les négociations à venir. En fait, c’est exactement le contraire: la seule chance de faire aboutir les négociations, c’est de mettre le gouvernement sous pression. Il est nécessaire que les catholiques continuent de manifester pacifiquement, toujours plus nombreux. La manifestation publique ne dispense pas de la prière, de la prise de parole dans les médias et sur les réseaux sociaux. Mais elle est indispensable pour rendre visible l’arbitraire du gouvernement. 

Les catholiques affrontent les tenants d’une « religion de la santé », instrument d’une tyrannie à venir 

Ce faisant, les catholiques ne servent pas qu’eux-mêmes. Ils agissent pour la liberté de culte, la liberté de conscience. Il faudrait d’ailleurs envisager des actions communes avec nos frères orthodoxes, protestants, juifs pour exiger du gouvernement qu’il respectent le droit de l’homme le plus fondamental, celui dans lequel vont s’ancrer tous les autres, la liberté religieuse. Les catholiques doivent montrer la voie pour faire comprendre qu’il se joue quelque chose de fondamental. Depuis le début du confinement, les deux gouvernements qui se sont succédés font preuve d’un grand mépris pour les questions fondamentales de l’existence: on se rappelle le premier réflexe d’Edouard Philippe, qui voulait interdire la participation aux enterrements. Non seulement il a fallu se battre pour que des prêtres puissent apporter un réconfort spirituel à des personnes âgées mais on se rappelle qu’un sédatif a été recommandé pour accélérer la fin de vie de vieillards atteints du COVID 19 et sans chances apparentes de s’en sortir. En ce qui concerne le culte, les représentants du gouvernement parlent de la demande des fidèles d’assister à la messe avec une désinvolture qui ne révèle pas seulement leur ignorance du christianisme mais aussi une hostilité. En fait, tout se passe comme si le gouvernement s’était fait, depuis mars, le prosélyte d’une religion de la santé, impératif qui conduit naturellement à mettrre de côté les religions traditionnelles. 

Nos gouvernants sont eux-mêmes tombés, largement, dans la croyance: ils ont refusé la science médicale du Professeur Raoult ou les expériences de politique de santé publique d’autres pays, qui ont vaincu le virus en quelques semaines, pour lui substituer des incantations qui nous font revenir au temps des médecins de Molière. La seule chose certaine, c’est qu’Edouard Philippe puis Jean Castex, croient, sous les encouragement d’Emmanuel Macron, aux vertus (non prouvées) du confinement généralisé, du masque porté en permanence, de l’arrêt des activités économiques « non essentielles ». Ils attendent le vaccin comme d’autres attendent le Messie. Tout cela sur fond d’incompétence médicale, d’arbitraire technocratique, d’incohérence managériale et, sans aucun doute, de corruption directe ou indirecte par des laboratoires pharmaceutiques. C’est pourquoi il est si important que, face au chamanisme technocratique, face au transhumanisme plus ou moins avoué de dirigeants qui sont fascinés par les gourous de la Silicon Valley, face à la tentation du totalitarisme doux de tous ceux qui sont trop contents de rogner nos libertés, il est important que les catholiques se mobilisent pour réaffirmer les droits du réel et de la raison contre les charlataneries; pour réaffirmer la liberté de religion et de conscience au service de l’individu. 

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